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Comment l’EURO a fait sortir Bucarest de l’ombre

Bucarest est l’une des rares villes organisatrices de l’EURO qui n’accueille pas sa propre équipe nationale. Balade dans une cité qui profite du tournoi pour sortir de l’ombre.

Igor et Grozjan Kocev sont attablés, fatigués mais heureux, au restaurant de l’Hotel Hilton Garden Inn dans le centre historique de la capitale roumaine. Le père et le fils viennent d’arriver à Bucarest pour encourager la Macédoine du Nord, qui dispute ici son premier grand tournoi. Ils sont originaires de la petite ville macédonienne de Struga, mais habitent depuis quelques années à Prague, la capitale de la République tchèque, où Igor travaille comme dentiste.

Ils viennent de se farcir quinze heures de voiture depuis Prague, soit une distance de 1.353 kilomètres. Le lendemain du match contre l’Ukraine, ils referont la même route en sens inverse. Ils prendront ensuite l’avion à Prague pour se rendre à Amsterdam, où la Macédoine du Nord disputera le troisième match de sa poule.

Ils ne sont pas les seuls supporters de la Macédoine du Nord à avoir fait le voyage jusqu’à Bucarest. Le soir, les restaurants, les bars et les clubs privés sont pris d’assaut par des Nord-Macédoniens et des Ukrainiens qui fraternisent. En cette période Covid, c’est presque surréaliste de voir autant de gens déambuler dans les ruelles étroites du centre historique de Bucarest. Et lorsque le DJ diffuse un air de rock slave, tout ce beau monde ne tient plus en place. La distanciation sociale de 1m50 n’est plus qu’une illusion. C’était aussi l’objectif de cet EURO 2020 organisé dans onze villes: réunir le plus de gens possible de différents pays en toute convivialité. Ces moments donnent la chair de poule, mais il semble quand même plus raisonnable de s’éloigner un peu, plutôt que d’essayer de se frayer un chemin dans cette foule. Il y a deux ans, on aurait réagi différemment.

Dans les pays occidentaux, Bucarest est parfois perçue comme une ville de l’ombre. En organisant ce tournoi, nous braquons les projecteurs vers notre capitale. »

Florin Sari, organisateur roumain de l’EURO 2020

La police est présente en masse, mais se fait discrète. Que ce soit dans les rues près du centre, sur la route qui mène au stade, situé dans la partie orientale de la ville, ou même dans le métro qui, après quelques correspondances, nous amène à la Piata Muncii, la station la plus proche du stade: à 1,7 kilomètre quand même. Le retour à pied du stade vers la Piata Universita, le coeur animé de la ville, dure aussi longtemps que le voyage aller en transport en commun. Exactement une heure.

Voyage en avion

Reprendre l’avion, après un an et demi, procure une sensation bizarre. Ce qui était très facile autrefois est subitement devenu très compliqué. Les règles diffèrent dans chacun des onze pays qui organisent l’EURO. Une preuve de vaccination, aussi longtemps que la passeport vaccinal européen n’est pas accepté partout, suffit-elle, ou faut-il présenter un test PCR négatif datant de moins de 72 heures? Le Ministère de la Santé n’a qu’un conseil à donner: « Téléphonez à l’ambassade du pays dans lequel vous souhaitez vous rendre. » Réponse de l’ambassade roumaine: « Si vous avez une preuve de vaccination datant de plus de dix jours, c’est bon. »

Si, à l’aller, l’avion n’est rempli qu’à moitié, tous les sièges sont en revanche occupés pour le vol retour. Surtout par des Roumains qui font partie de la diaspora de 3,5 millions de personnes qui travaillent à l’étranger, entre autres dans le secteur du bâtiment (parfois avec des conséquences dramatiques, comme on l’a vu lors de l’effondrement d’une école en construction à Anvers la semaine dernière). À Bucarest, le salaire moyen varie entre 600 et 800 euros. Dans les campagnes, il est même inférieur.

Le billet d’avion n’est pas cher. Pour tout dire, le ticket de parking à l’aéroport coûte deux fois plus cher que les 39 euros payés pour l’aller-retour vers Bucarest.

La première chose que l’on aperçoit lors de l’atterrissage, c’est un bâtiment érigé près de l’aéroport sur lequel est écrit:  » Ion Tiriac Arena, Welcome in Bucharest » . Dans les années 70, Tiriac était un joueur de tennis spécialiste du double et aussi un membre de l’équipe olympique roumaine de hockey sur glace. Au terme de sa carrière active, il est devenu le manager de grands tennismen comme Guillermo Vilas, Henri Leconte et Boris Becker. Après la chute du communisme, il a créé la première banque privée de son pays, a fondé une entreprise automobile et a érigé en trois mois une arène de hockey sur glace à Otopeni, où est situé l’aéroport. Il était le premier Roumain repris sur la liste Forbes des personnalités les plus riches du monde.

Le centre historique de Bucarest est aussi agréable qu'animé.
Le centre historique de Bucarest est aussi agréable qu’animé.© BELGAIMAGE

L’aéroport a été modernisé dans la perspective de l’EURO 2020. Dans l’ancien terminal des arrivées, les bénévoles se montrent très enthousiastes. Au départ, Bucarest avait prévu 2.000 bénévoles, mais avec le Covid, leur nombre a été limité à 850.

Juste avant le contrôle des passeports, des médecins sont attablés à une longue rangée de tables afin de contrôler attentivement tous les documents liés à la crise sanitaire. Depuis le 1er mai, les mesures ont été assouplies, mais si vous ne pouvez pas présenter les documents attestant que vous êtes négatif (une preuve de vaccination ou un test Covid récent), vous devez respecter une quarantaine de quatorze jours.

La route qui mène à la National Arena, où est établi le quartier général de l’EURO, est encore plus encombrée. La quasi totalité des deux millions d’habitants de Bucarest semble posséder une voiture et avoir pris la route tous en même temps. Les embouteillages sont quotidiens, du matin au soir. Le trop-plein de véhicules et le manque de places de parking font en sorte que la plupart des trottoirs sont encombrés par des voitures. Pour le reste, la ville se modernise de plus en plus. L’architecture date partiellement de l’époque des Habsbourg. Les immeubles ont été construits dans la deuxième moitié du XIXe siècle par des architectes français, ce qui vaut à Bucarest le surnom de « Petit Paris », Les habitants en sont relativement fiers.

Une bonne partie du vieux centre-ville a été détruit par le dictateur Nicolae Ceaucescu, qui voulait ériger de larges boulevards et de grands bâtiments. Le plus bel exemple de ces constructions mégalomanes, l’ancien palais de Ceaucescu, abrite aujourd’hui le Parlement et s’appelle la Maison du Peuple. Tous les Roumains vous expliqueront qu’à l’exception du Pentagone de Washington, c’est le plus grand bâtiment du monde.

Les exploits des nineties

La National Arena, construite dans un immense parc (Bucarest est l’une des capitales les plus vertes d’Europe), a été rénovée en 2011 et héberge depuis lors l’équipe nationale et le FCSB, le club du richissime hommes d’affaires Gigi Becali, qui s’appelait autrefois le Steaua Bucarest. Le nom a dû être modifié en 2017 sur ordre du tribunal ( voir encadré). Becali possède son propre palais sur l’un des boulevards d’accès. Les murs sont couverts d’or et une immense croix est érigée juste à côté, sans doute en signe de contrition pour ses nombreux péchés.

En 2012, les feux des projecteurs européens se sont pour la première fois braqués sur Bucarest, lorsque le premier grand événement continental a été organisé dans le nouveau stade. 52.347 spectateurs ont assisté à la finale de l’Europa League entre l’Atlético de Madrid et l’Athletic Club. Ces dernières années, l’enceinte a souvent été bien remplie pour les grands matches de l’équipe nationale, surnommée les Tricolores, et pour certains concerts. En 2019, Ed Sheeran a attiré 48.000 personnes, Metallica 50.300.

La Nationale Arena vue depuis la tribune de presse.
La Nationale Arena vue depuis la tribune de presse.© BELGAIMAGE

Il y a sept ans, lorsque Bucarest a posé sa candidature pour être l’une des villes hôtes de l’EURO 2020, les Roumains espéraient pouvoir encourager leur propre équipe nationale. Ce n’est donc pas le cas. Les Tricolores n’ont pas réussi à se qualifier. Ils ont terminé troisièmes de leur groupe, derrière l’Espagne et la Suède, et ont été battus au premier tour des barrages par l’Islande.

Dans les années 90, l’équipe nationale roumaine était encore l’une des meilleures d’Europe, lorsqu’elle était emmenée par Gheorghe Hagi, le Maradona des Carpates. Hagi et Co ont résisté à l’Argentine de Maradona lors de la Coupe du monde 1990, en arrachant le partage 1-1. Quatre ans plus tard, ils ont battu l’ Albiceleste (3-2) en huitièmes et ne se sont inclinés qu’aux tirs au but face à la Suède en quart. À la Coupe du monde 1998, ils ont à nouveau atteint les huitièmes de finale. Le dernier exploit de cette brillante génération fut un quart de finale à l’EURO 2000. En 2008 et 2016, la Roumanie n’a par contre pas réussi à s’extraire de sa poule.

Sur les cinq matches internationaux disputés en 2021, elle n’en a gagné qu’un: contre la Macédoine du Nord. Elle a perdu les quatre autres, notamment contre l’Arménie et la Géorgie. Dans l’équipe qui a disputé les deux dernières rencontres, on ne trouvait que deux joueurs qui évoluaient dans l’un des cinq grands championnats: le capitaine Vlad Chiriches à Sassuolo et Razvan Marin (ex-Standard), prêté par l’Ajax à Cagliari.

Lors de cet EURO 2020, le public roumain doit donc se contenter de trois matches de poule, avec la Macédoine du Nord, l’Ukraine et l’Autriche, et d’un huitième de finale. Conséquence? En cette période Covid, la jauge maximale de ce stade de 55.000 places, qui avait été fixée à 13.000 spectateurs, n’a jamais été atteinte. Pour Autriche-Macédoine du Nord, 9.082 personnes avaient acheté un billet: 2.500 supporters de l’ancienne république d’ex-Yougoslavie et un peu plus de 1.000 Autrichiens, le reste étant complété par des Roumains. Pour le deuxième match, le stade a accueilli 10.001 personnes, grâce aux supporters ukrainiens qui avaient rallié Bucarest en aussi grand nombre que les Nord-Macédoniens (un peu plus de 3.000 dans chaque camp).

C’est presque surréaliste de voir autant de monde déambuler dans les ruelles étroites du centre historique du Bucarest en cette période Covid.

Bucarest et Skopje sont distants de 634 kilomètres, soit huit heures et demie de route en voiture. Pour parcourir les 920 kilomètres qui séparent Kiev et Bucarest, il faut compter douze heures et demie, et pour les 1.000 kilomètres depuis Vienne, un peu plus de onze heures. Le réseau routier roumain n’est pas encore très moderne, et les autoroutes sont rares dès que l’on quitte les environs de Bucarest. Ça a sans doute découragé certains amateurs.

Nouveaux stades

L’organisation à Bucarest est impeccable, il faut le souligner. Le travail est efficace et tous les stewards vous accueillent avec un grand sourire et un  » Welcome in Romania« .

Si vous souhaitez discuter de l’EURO à Bucarest, vous êtes les bienvenu chez le responsable du comité d’organisation local: Florin Sari, un haut fonctionnaire de la Fédération roumaine de football, n’a aucun mal à combiner ses deux casquettes puisque son bureau à la Fédé est situé au deuxième étage du stade et celui de l’EURO au rez-de-chaussée. Le téléphone n’arrête pas de sonner chez cet ancien journaliste qui travaille pour la Fédération roumaine depuis 2015 et qui, après un nouveau coup de fil, admet: « Ne croyez pas que je suis très populaire. En fait, je ne le suis que parce que je distribue des tickets et des cartes de parking. »

Les supporters ukrainiens et nord-macédoniens fraternisent en terrasses à Bucarest.
Les supporters ukrainiens et nord-macédoniens fraternisent en terrasses à Bucarest.© BELGAIMAGE

Peut-il expliquer pourquoi Bucarest voulait absolument participer à cette édition-anniversaire de l’EURO et ce qu’il ressent alors que le tournoi se déroule sans sa propre équipe? La réponse à la deuxième question est simple: « Lorsque nous avons posé notre candidature, nous partions du principe que nous parviendrions à nous qualifier. Mais nous avons échoué. Pourquoi? ( Il soupire) Parce que nous n’avons pas gagné assez de matches. »

La capitale roumaine avait déjà démontré qu’elle était capable d’organiser un événement de cette envergure, puisque Bucarest avait été le théâtre de la finale de l’Europa League en 2012: « L’EURO 2020 a permis de moderniser les quatre grands stades de la capitale et de les rendre conformes aux normes de l’UEFA (le stade du Steaua, la National Arena, le stade du Rapid et bientôt aussi celui du Dinamo). En plus de cela, le gouvernement a fait construire 150 nouveaux complexes de football dans tout le pays et cent petits terrains de football. Les infrastructures de la ville ont également été modernisées: l’aéroport a été rénové et il y a une nouvelle liaison ferroviaire entre l’aéroport et la ville. Ça a coûté beaucoup d’argent, mais les générations futures en profiteront. » Le coût pour la rénovation des stades et la construction de nouveaux terrains de football? Plus de 400 millions d’euros. Il faut y ajouter cent millions pour les travaux à l’aéroport et pour la liaison ferroviaire.

« Si l’on s’en tient aux chiffres purs, il est clair qu’on ne récupérera jamais tout ce que l’on a dépensé. Mais sur le plan social, le retour sur investissement est beaucoup plus grand, environ 800 millions d’euros par an. Nous considérons donc cet EURO comme un investissement à long terme. Nous constatons que d’autres villes roumaines envisagent désormais de bâtir de nouveaux stades, comme l’a fait Bucarest. »

Lorsqu’on lui demande ce que cet EURO peut lui apporter, il répond qu’il ne voudrait pas qu’on se souvienne de lui comme de « l’homme qui a organisé le plus grand événement qu’ait connu le pays », mais comme « celui qui a organisé le premier d’une longue série de grands événements ». Après cet EURO, la Roumanie organisera – conjointement avec la Géorgie – l’EURO U21 en 2023 et – toute seule – l’EURO U19 en 2025.

Déficit d’image

Mais cet événement est aussi une manière pour la Roumanie de délivrer sa carte de visite, dit Sari. « Dans les pays occidentaux membres de l’UE, Bucarest est parfois perçue comme une ville de l’ombre. Avec l’organisation de ce tournoi, nous braquons les projecteurs vers notre capitale. »

Lorsqu’on lui demande si Bucarest et la Roumanie souffrent d’un problème d’image, l’organisateur, qui parle parfaitement l’allemand et l’anglais, nous retourne la question. « En tant que représentant d’un média occidental, que savez-vous de notre pays et de notre capitale? »

Pas grand-chose, il faut bien le reconnaître. Finalement, la Roumanie, qui s’appelait la Dacie dans l’Antiquité, n’est née sous sa forme et son nom actuels qu’en 1859, de l’union des anciennes principautés de Valachie et de Moldavie, et Bucarest n’existe que depuis la deuxième moitié du XVe siècle.

Détail intéressant: lorsque le nouveau pays a décidé de se chercher un roi, le premier candidat a refusé. Il s’agissait du prince Philippe, troisième fils du premier roi des Belges Leopold Ier. Le poste est donc revenu au prince allemand Karl, de la maison de Hohenzollern-Sigmaringen, qui est devenu roi de Roumanie en 1881 sous le nom de Carol Ier. Sa statue en face du palais royal a été fondue par les communistes et transformée en une statue de Lénine, qui a à son tour, disparu après la chute du communisme et été remplacée par une nouvelle statue de Carol Ier à cheval.

Mais les images qui sont restées sur le net sont celles de la sanglante révolution qui a suivi la chute du Mur en 1989. Ailleurs, la révolution s’est déroulée sans effusion de sang, mais en Roumanie, on a dénombré plus d’un millier de morts en décembre 1989. Sur la place de la révolution, entre les grands bâtiments qui hébergent les différents ministères, on trouve un monument avec un mur sur lequel sont écrits les noms de toutes les victimes. Les Roumains appellent ce monument « notre pomme de terre », et jusqu’il y a peu, il était rempli de graffitis et ses contours en marbre étaient abîmés par les skaters.

Florin Sari, qui avait quinze ans lorsque la révolution a éclaté, a oeuvré dans une autre vie à la réalisation d’un documentaire suisse consacré aux dernières heures de Nicolae et Elena Ceaucescu, le couple de dictateurs mégalos qui a dirigé le pays d’une main de fer pendant 25 ans. Lorsque le documentaire a été réalisé, la famille de Ceaucescu s’est rendue au tribunal pour demander qu’on en interdise la diffusion. « Ils avaient officiellement déposé le nom Ceaucescu et estimaient qu’il ne pouvait être utilisé nulle part sans leur consentement. Nous avons combattu cette idée devant le tribunal. Et nous avons obtenu gain de cause. Que serait un pays s’il ne pouvait pas montrer sa propre histoire? »

Le Nord-Macédonien Ezgjan Alioski a inscrit son tout premier but en championnat d'Europe sur la pelouse de Bucarest.
Le Nord-Macédonien Ezgjan Alioski a inscrit son tout premier but en championnat d’Europe sur la pelouse de Bucarest.© BELGAIMAGE

Corruption

Avec cet EURO, la Roumanie veut démontrer qu’elle est devenue un pays européen moderne, même si le chemin à parcourir est encore long, admet Sari. « Savez-vous quel est le musée le plus visité par les touristes étrangers à Bucarest? La maison des Ceaucescu. Nous devons l’accepter, mais en même temps insister sur nos autres atouts. » Aujourd’hui, les étrangers considèrent davantage Bucarest comme une destination d’affaires que comme un but d’excursion pour un city-trip. Sari aimerait que sa ville se spécialise dans l’organisation de grands événements, et aussi, qu’elle redirige les visiteurs vers d’autres sites: les montagnes des Carpates, à une heure et demie de route de la capitale, les plages de la Mer Noire et les stations de sports d’hiver.

La Roumanie est membre de l’UE depuis 2007. Depuis lors, le produit national brut a triplé. « Durant son histoire, ce pays a toujours regardé vers l’ouest, jamais vers l’est. Nous nous sommes toujours sentis Européens et nous aspirons aux mêmes valeurs. »

Même si, avant son indépendance, la Roumanie était assimilée à l’Empire ottoman, elle n’a jamais été occupée par les Turcs. Elle est toujours restée un pays chrétien, où l’on parlait une langue romane écrite avec l’alphabet latin au milieu de nations slaves qui utilisaient l’alphabet cyrillique.

Le football n’a cependant pas suivi l’évolution économique du pays. « En Roumanie, le football n’a pas progressé autant que dans d’autres pays. Il y a différentes raisons à cela: un manque d’argent, un manque d’intérêt et… la corruption. Dans les années 90, il y avait beaucoup de corruption dans le football roumain. Et lorsqu’il y a beaucoup de corruption, il n’y a pas beaucoup d’investissements. Lorsqu’on n’investit pas, on hypothèque son propre avenir. Au lieu d’investir dans la formation des jeunes, on a acheté des étrangers bon marché. »

L’ancien footballeur-star Gheorghe Hagi a montré le bon exemple en investissant dans les jeunes avec son club du Viitorul Constanta. Son exemple commence à être suivi ailleurs, dans un championnat où les équipes sont composées à 70% de Roumains et à 30% d’étrangers. « Aujourd’hui, tous les clubs de D1 doivent posséder une académie de jeunes, et à chaque match, deux joueurs de moins de 21 ans doivent être actifs sur le terrain. » Après à peine un an, les conséquences de cette mesure sont déjà perceptibles. L’équipe roumaine U21 a atteint les demi-finales de l’EURO U21 et s’est qualifiée pour les Jeux Olympiques de Tokyo.

Deux Steaua et deux Universitatea Craiova

La saison dernière, le championnat de Roumanie a couronné, pour la quatrième fois d’affilée, le CFR Cluj. Dans les play-offs, disputés à six équipes, le FCSB a terminé deuxième et l’Universitatea Craiova quatrième. FCSB, ce sont les initiales de FC Steaua Bucarest, un nom qui ne peut plus être utilisé aussi longtemps que la dispute entre l’armée, qui gérait le club autrefois, et Gigi Becali, qui a racheté la majorité des actions en 2003, n’a pas été réglée. Illicite, estime l’armée. En 2011, une requête a été déposée au tribunal. En 2017, l’armée a obtenu gain de cause et l’homme d’affaires-propriétaire a dû modifier le nom du club. Depuis lors, le club de Becali s’appelle FCSB et l’armée a fondé un nouveau club, le CSA Steaua, qui évolue en quatrième division dans le stade rénové du Steaua, devant de nombreux supporters. Ils sont bien plus nombreux que les quelques milliers de supporters qui assistaient aux matches du FCSB dans la National Arena avant la période Covid.

Pour ne rien arranger, une deuxième Universitatea Craiova verra le jour l’année prochaine, homonyme du célèbre club qui évolue dans une ville folle de football. Le Rapid Bucarest, Timisoara et Petrolul Ploiesti évoluent désormais en deuxième division. Quant au Dinamo Bucarest, il a échappé de peu à la relégation et a évité la faillite grâce au soutien des supporters, qui ont encore acheté leurs tickets pendant la pandémie même s’ils n’étaient pas autorisés à se rendre au stade.

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