Bruxelles, une des capitales de l’Euro 2020 de Michel Platini ?

 » L’austérité ne résoudra rien. « , avancent des économistes distingués alors que la crise financière enchaîne les ravages à travers toute l’Europe : en Espagne, entre autres, plus de la moitié des jeunes en âge de travailler se retrouvent au chômage, des dizaines de milliers de familles privées de revenus sont expulsées de leurs maisons par des banquiers sans foi ni loi. De plus en plus de footballeurs quittent ces zones sinistrées pour venir chez nous, comme vient d’ailleurs de le faire un jeune entraîneur espagnol pétri de talent, Juan Carlos Garrido, en signant un contrat au Club Bruges. Ce dernier exemple prouve que le marasme ronge lentement mais sûrement le football de haut niveau, qui s’est longtemps cru à l’abri dans la bulle des droits audiovisuels. C’est peut-être en songeant à cela, aux dérives financières des clubs, des joueurs et des fédérations, que Michel Platini, président de l’UEFA, a lancé une idée parfois envisagée par la presse : organiser une phase finale de l’Euro à l’échelle de tout le Vieux Continent.

Ce grand tournoi est né en 1960, au début des golden sixties, magnifiées par une exposition qui se déroule jusqu’en avril 2013 à la Gare TGV de Liège-Guillemins. L’Euro a grandi en écoutant les Beatles, en admirant les solos de guitare de Jimmy Hendrix à Woodstock, en suivant Eddy Merckx sur les routes de France et les premiers pas de Neil Armstrong sur la Lune, en constatant la hausse du pouvoir d’achat et la naissance de la société de consommation. En 1972, l’Euro débarque une première fois en Belgique avec la présence de quatre équipes : l’Allemagne, l’URSS, la Hongrie et les Diables Rouges. L’organisation n’est pas compliquée et tout se passe avec, moment suprême, le succès de la Mannschaft contre les Soviétiques à Bruxelles. Bien plus tard, en 2000, la donne a changé quand la Belgique et les Pays-Bas organisent cet événement de concert. Ce duo est une première intéressante. Des esprits observateurs notent déjà que les factures s’alourdissent car les participants sont plus nombreux, les stades doivent être adaptés aux exigences modernes (transmissions, confort, moyens de transport, etc.) : cette tâche est énorme, déjà presque insupportable pour les petits pays.

Quatre ans plus tard et sur cette lancée, Victor Matheson, un économiste américain spécialisé dans les retombées économiques des grands événements sportifs, constate que  » les malheurs de la Grèce ont commencé avec les Jeux Olympiques de 2004 « . La dépense globale, une dizaine de milliards, était trop importante pour Athènes. Et il en fut de même pour le Portugal qui mit sur pied l’Euro 2004 avec la construction de grands stades dans des villes de 60.000 habitants (Faro ou Leiria) : une folie qui aggrave les énormes soucis financiers de ce pays. L’Euro 2016 coûtera 1,7 milliard d’euros aux contribuables français alors que les clubs payent des salaires indécents à leurs stars, ce qui les empêche souvent de financer eux-mêmes la construction de nouveaux stades. Platini a perçu les dangers que cela représente. En dénationalisant l’Euro 2020 (la décision finale sera prise en janvier), il signerait plusieurs bons coups : fêter les 60 ans de l’Euro, alléger les finances publiques, promouvoir l’idée européenne, etc…

Il y a assez de grands stades modernes disséminés à travers le continent pour recevoir un ou plusieurs matches. Les 24 équipes devraient se mesurer dans 13 stades et, en cas de qualification, Bruxelles pourrait être une des capitales de l’Euro 2020. Steven Martens, CEO de l’Union Belge, a compris l’importance du défi et il sera plus facile de bâtir un nouveau stade Roi Baudouin que d’organiser toute la phase finale d’un Euro. Le projet de Platini ne concerne que l’Euro 2020. Mais il y a gros à parier qu’il sera maintenu en cas de succès. Et, à cette échelle, contrairement à ce qui s’est passé en Pologne et en Ukraine, il n’y aura plus de casse-tête pour se loger et se déplacer. Au c£ur de nos problèmes actuels, l’initiative de Platini rappelle l’optimisme et la folie des années 60 :  » cette idée n’est pas austère « , diraient les grands économes qui veulent vaincre la crise en misant sur le dynamisme et les innovations.

PAR PIERRE BILIC

Cette idée n’est pas austère : elle rappelle la folie et l’optimisme des années 60 !

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