Bruges: « Temps d’être champion »

Tjörven De Brul a déjà été champion à deux reprises mais aussi quatre fois deuxième.

Tjörven De Brul: « Vous n’imaginez pas ce qu’implique le fait d’être présenté comme le meilleur défenseur de Belgique par votre entraîneur. Ça fait plaisir mais parfois, je me prends à souhaiter que Trond Sollied s’en soit abstenu. Car on demande à Robert Waseige pourquoi il ne sélectionne pas le meilleur défenseur de Belgique! ( il rit). Ça ne me perturbe pas trop mais je me demande ce qui se passera si je traverse une période moins faste?

Sollied a lui-même été un défenseur central et il sait donc exactement ce dont il a besoin à cette position. Je suis grand, fort, assez rapide, avide d’apprendre et les années m’ont assagi. Je suis moins impulsif, sans doute? Que dire? Jusqu’en Scolaires, à Lokeren, j’ai combiné football et athlétisme. J’étais spécialiste du sprint, du saut en hauteur et en longueur. Or, l’explosivité et la détente, développées par ces disciplines, sont devenues capitales dans le football actuel. Je ne suis pas endurant, je suis un sprinter. C’est déterminé génétiquement. J’ai davantage de fibres musculaires blanches que de rouges, plus d’anaérobiques que d’aérobiques. Evidemment, avec mon 1m90, je ne démarre pas comme un Michael Owen, mais comme Glen De Boeck le rappelle régulièrement, il faut adopter un jeu de position qui permet de ne pas se laisser surprendre sur quelques mètres.

Notre football est basé sur des principes très simples, à condition de bien les comprendre et de les exécuter. Ne jamais jouer le hors-jeu si l’homme en possession du ballon n’est pas sous pression, etc. C’est aussi une question de feeling. Dans la construction, il ne faut jamais entamer d’action dépourvue de sens, mais attirer un adversaire, de telle sorte qu’un coéquipier soit libre et qu’on puisse éliminer l’adversaire d’une simple passe ».

Que des malheurs!

« La saison passée, mon premier tour a été d’excellente facture, comme celui de toute l’équipe. Aligner une telle série de victoires vous insuffle évidemment confiance. Le second tour a été moins bien, en effet. Trois jours après la trêve hivernale, j’ai été victime d’une hernie. Je suis revenu contre le Standard, mais l’équipe tournait moins bien. Individuellement, ça allait moins bien également, nous avons difficilement trouvé le chemin du but et nous avons encaissé des buts. Puis, je me tords la cheville à La Gantoise. C’est le genre de blessure dont vous pensez: je ne suis pas à 100% mais je peux quand même jouer. Vous êtes placé devant un choix. Ou bien vous vous accordez le temps de guérir avant de tenter de retrouver votre place ou bien vous continuez à vous entraîner, même si ce n’est plus à fond, pour rester dans l’équipe. Compte tenu de la rudesse de la concurrence dans l’axe de la défense, vous préférez la dernière solution mais dans ce cas, une inflammation chronique de la cheville ne peut évidemment pas guérir. En plus, vous épargnez inconsciemment la cheville blessée, vous êtes moins agressif dans les duels, vous commencez à raisonner autrement et vos prestations en souffrent. Jusqu’au moment où vous constatez que ça ne peut plus durer.

Quand vous émergez enfin de cette période de poisse, vous êtes supendu pour abus de cartes jaunes contre l’Antwerp et l’entraîneur décide de faire confiance à la même équipe contre Anderlecht. Vous voilà donc sur le banc pour le match le plus important de la saison. C’est très dur.

L’entraîneur dit: -Tu n’es pas encore revenu au niveau du premier tour. Il avait raison mais ne savait-il pas que je dispute toujours mes meilleurs matches contre Jan Koller? ( il rit) D’ailleurs, après ce match, j’ai réintégré l’équipe, nous avons à nouveau bien joué contre le Lierse et Genk et j’ai même marqué.

Savez-vous ce qui jouait un rôle, aussi? L’équipe nationale me trottait en tête. Des garçons comme Peter Van der Heyden et Timmy Simons ont été récompensés de la qualité de leur premier tour par une sélection alors qu’on n’a pas pensé à moi. Ça a quelque peu miné mon courage. Ce problème a eu une influence sur ma motivation et sur mes prestations avec le Club. J’en ai d’ailleurs parlé au staff. Faut-il m’en vouloir de songer à l’équipe nationale? J’ai 27 ans, je compte déjà dix caps, je connais bien l’équipe nationale, même si ma dernière sélection remonte à deux ans, du temps de Georges Leekens. Après coup, je me dis que je me suis sans doute trop focalisé là-dessus. J’ai décidé de ne plus me mettre martel en tête pour l’équipe nationale. Je sais combien il est difficile d’être sélectionné. Quand Joos Valgaeren est blessé, d’autres passent avant moi, même des footballeurs qui évoluent à une autre position dans leur club… »

Pressentiment favorable

« Je me suis réoccasionné une entorse durant le stage de pré-saison à Nuremberg, pendant le match contre Stuttgart. Un bout de ligament était déchiré et j’ai perdu quatre semaines. Toutefois, quand l’entraîneur m’a titularisé, contre Westerlo, j’ai compris qu’il voulait que je retrouve le ryhtme des matches. J’ai senti qu’il avait besoin de moi dans l’axe de la défense. Ça s’est vérifié à Lokeren, le match au terme duquel il s’est fendu de cette fameuse déclaration!( il rit)

J’ai un pressentiment favorable pour cette saison. Bien que l’entraîneur affirme devoir encore trouver un meilleur équilibre dans l’entrejeu, nous ne pouvons que nous bonifier. En outre, plusieurs joueurs reviennent, comme Olivier De Cock. N’oubliez pas que les circonstances nous ont contraints à entamer la saison avec une équipe complètement remodelée. Autre point positif: la forme d’ Andrés Mendoza, qui fait une bonne paire avec Rune Lange. On peut dire ce qu’on veut de Rune mais il marque facilement. Nous le constatons à l’entraînement aussi. Un avant qui marque est un bon avant. Certains s’arrachent les tripes à force de courir ou veulent effectuer de beaux mouvements mais ratent tout devant le but. Or, un attaquant doit marquer. Point.

Il doit être entouré, mais il sent bien le jeu et jamais il ne fera des choses sans avoir conçu de plan. Rune sait quand il doit conserver un ballon et quand il doit jouer en un temps, il décèle les ouvertures et est capable de tromper une défense d’un centre-tir. Mais le laisser isolé en pointe ne marche pas, comme l’entraîneur l’a constaté. Mendoza doit maintenant glisser davantage dans l’axe, et nous jouons avec deux ou trois attaquants dans notre 4-3-3.

Selon moi, il n’y a pas de problème Ceh. C’est un excellent footballeur, même meilleur que Sven Vermant sous certains aspects, mais il a besoin d’un crédit de temps. Il doit surtout s’habituer à notre style de jeu.

Nous avons une chance d’être champions. D’accord, la deuxième place donne accès aux tours préliminaires de la Ligue des Champions mais n’oubliez pas qu’à côté de nos deux titres et d’une troisième place, en sept ans au Club, j’ai été deuxième à quatre reprises. Il est grand temps de terminer en tête ».

Christian Vandenabeele

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