Bruges-Standard, cadeau sous l’arbre de Noël d’Anderlecht ?

 » Ce n’est pas l’abondance mais l’excellence qui fait la richesse  » : cette magnifique citation de Joseph Joubert, un essayiste et moraliste français oublié (1754-1824), anime la campagne de pub d’une marque de champagne. A Sclessin, le public adore les bulles que son équipe ajoute de temps en temps à son football. Et cela a donné des grands crus contre Liverpool, Everton, Séville, le Partizan Belgrade et la Sampdoria en attendant Stuttgart. Cette excellence, pour paraphraser Joubert, a fait la nouvelle richesse du Standard où se pressent désormais tous les grands et les riches du foot européen. Ils veulent voir, toucher et acheter des merveilles plus chères que les musts de Cartier ou les rivières de diamants de Bulgari. Marouane Fellaini a déjà été emporté en échange d’une montagne d’euros. Cette effervescence européenne, qui fait plaisir à tout le monde, a caché des évidences plus nationales alors que les clubs de D1 obtiendront bientôt leur bulletin de Noël, à la mi-parcours du championnat.

Sur la scène nationale, et c’est paradoxal, la campagne du Standard n’est ni excellente ni abondante, donc pas spécialement riche. Les Liégeois auraient-ils la dimension Ligue des Champions (même s’ils militent en Coupe de l’UEFA) et pas celle de la D1 ? Ici, il faut mettre sa salopette, pas son smoking et ses chaussures laquées. A la longue, deux impressions contradictoires se dégagent. Les stars rouches choisissent-elles leurs matches, préférant les tournées internationales aux bals de quartier ? Si c’est le cas, les Liégeois ont oublié que l’humilité fut un des secrets de leur réussite la saison passée. Leur titre avait aussi été acquis à la force du poignet. Sont-ils désormais poussés par une vraie culture du succès ou par le désir de rentabiliser leurs talents ? Les réponses ne tarderont pas à tomber.

Pour le moment, les Standardmen choisissent leurs matches, présentent une équipe à deux vitesses, brillante devant l’Europe, hésitante et pas assez efficace en D1, et c’est un constat qui leur coûte cher au classement général. La question principale est de savoir, au-delà d’une certaine maigreur de l’effectif, si les pièces maîtresses de l’édifice sont à la hauteur mentale et physique de leurs ambitions clairement affirmées. Elles rêvent des championnats huppés mais sont incapables pour le moment de jouer aussi bien en D1 qu’en Coupe d’Europe. Les compliments européens ont-ils embourgeoisé les stars liégeoises ? Sont-elles susceptibles de décrocher un deuxième titre national ? La couronne belge ne leur tombera pas automatiquement dans l’escarcelle parce qu’elles ont la taille continentale. Les clubs qui débourseront des fortunes pour ces stars leur proposeront des programmes ultra lourds.

Les leaders rouches n’ont pas encore proposé de point de référence à leur entraîneur, Laszlo Bölöni, dans le cadre du championnat. Leur coach était dépité après la défaite essuyée face à un Zulte-Waregem (1-2) bien organisé, sans plus. Il mesure mieux que personne l’importance pour son équipe de la 16e journée du championnat. Lui qui affirme ne pas trop regarder le classement de la D1 l’auscultera certainement avant et après le voyage au Club Bruges. En cas de défaite, les Liégeois pourront tirer un trait sur leurs chances de remettre le couvert en fin d’exercice. Est-ce envisageable avec cet effectif ?

Club Bruges-Standard sera le duel de deux coaches de caractère. S’il a plus été question dans les médias de Bölöni (qui assure la difficile succession de Michel Preud’homme), il serait injuste de ne pas vanter les mérites de Jacky Mathijssen. Le technicien limbourgeois a un avantage : il connaît mieux le football belge que Roumain (ce n’est pas négligeable) et il a aussi relancé son équipe en Europe. Il a rendu à Bruges un style britannique et son équipe compte bien expédier le Standard au tapis. Ce sera un choc digne de la Coupe de l’UEFA… qu’Anderlecht pourrait gagner. En cas de défaite d’un de ces ogres ou même de match nul, Bruges-Standard serait le premier cadeau sous le sapin de Noël d’un Anderlecht qui a retrouvé l’abondance – donc la richesse – en championnat : champagne, Monsieur Jacobs ?

PAR PIERRE BILIC

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