« Bruges ne méritait pas cela! »

Emilio Ferrera commente les compétitions européennes.

Cruelle désillusion pour Bruges. Quelles erreurs ont-elles été commises?

Emilio Ferrera: Bruges n’a pas livré une prestation étincelante, mais lorsqu’on aborde le match retour avec trois buts d’avance, il n’est pas nécessaire de briller et d’enfoncer l’adversaire. Dans ce contexte-là, le club flandrien s’est bien défendu car Lyon ne s’est pas créé énormément d’occasions. Ceux qui affirment que les Français ont joué à un niveau extraordinaire n’ont sans doute pas vu le même match que moi. Lyon s’est créé trois occasions et les a toutes concrétisées. C’était du 100% de réussite.

A force de s’entendre répéter que Lyon inscrivait trois buts par match en moyenne à domicile, les joueurs brugeois n’étaient-ils pas crispés au coup d’envoi?

Je ne l’ai pas remarqué. Si les joueurs brugeois étaient nerveux, Lyon aurait dû hériter d’une dizaine d’occasions franches. On fut loin du compte. Il y a eu une période de flottement de dix minutes, mais entre la 23e et la 94e minute, je n’ai pas vu une seule occasion lyonnaise. Au contraire: la plus belle occasion du match fut pour Andres Mendoza. Je n’ai pas vu davantage une pression lyonnaise. La pression brugeoise, au match aller, était bien plus intense. Là, Bruges s’était réellement créé une dizaine d’occasions franches. Ce que j’appelle exercer une pression, c’est ce qu’a fait le Real Madrid contre Panathinaikos. Pas ce qu’a fait Lyon. L’élimination brugeoise est totalement imméritée.

Sur le premier but, Sonny Anderson est apparu bien esseulé.

Selon moi, Peter Van der Heyden annule le hors-jeu. Tout comme sur le deuxième but. Sur le troisième, il est dépassé à la suite d’une ouverture tranchante en profondeur. Tout résulte au départ d’une mauvaise passe de Jose Duarte. Il aurait pu tirer au but, mais l’idée de la passe était bonne également. Il avait l’espace et le temps pour la réussir. Petite cause, grands effets: sur la contre-attaque, l’arrière garde brugeoise était hors position.

Trond Sollied venait d’introduire José Duarte au jeu.

Lorsqu’on doit préserver un avantage, il est important que l’attaquant de pointe puisse conserver le ballon. Je suppose que c’est dans ce but qu’il a introduit le Brésilien. Le mauvais sort a voulu que ce soit lui qui commette la perte de balle fatale.

Nous n’avons pas, en championnat de Belgique, un attaquant de la classe de Sonny Anderson.

Peut-être. Au match aller en tout cas, on ne l’a pas vu.

Cette élimination est douloureuse pour le football belge tout entier.

Sans aucun doute. Sur ce point-là encore, je voudrais anticiper les commentaires. Tout s’est joué en une minute. Si le match avait duré une minute de moins, on aurait fabulé sur la grandeur du football belge. Maintenant, on va parler de crise. C’est trop simpliste. On n’est pas bon ou mauvais pour une minute de plus ou de moins. Je voudrais surtout retenir la prestation du match aller. Ce 4-1 fera date dans les annales. On n’est pas prêt de l’oublier, y compris en France. Car Lyon, avec son budget de 3 milliards de francs belges, a été très chanceux.

Pour le reste, que retiendrez-vous de la Ligue des Champions?

Une démonstration du Real Madrid: cela devient habituel. Une victoire au petit trot d’un Bayern Munich solide et rigoureux, mais pas génial: du déjà vu également. Un succès d’Arsenal conquis par la grâce de quelques individualités, malgré un collectif déficient. Le semi-échec de Barcelone contre Galatasaray ne m’étonne guère. A force de bouleverser leur équipe chaque saison, les Catalans manquent d’homogénéité et sont capables du meilleur comme du pire. Eux aussi dépendent des coups de patte de quelques individualités. Dans l’ensemble, les clubs espagnols m’ont déçu. La Corogne a reçu une gifle en Ligue des Champions. En Coupe de l’UEFA, Majorque a été éliminé et Valence s’est qualifié aux tirs au but. Mais, dans ce cas-ci également, ne tirons pas de conclusions hâtives. Après avoir écrit que le football espagnol était le meilleur d’Europe, n’en déduisons pas qu’il est entré dans une crise profonde à cause d’une seule mauvaise soirée.

Daniel Devos

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