« BRUGES IRA LOIN »

Pierre Danvoye
Pierre Danvoye Pierre Danvoye est journaliste pour Sport/Foot Magazine.

Selon notre consultant, Anderlecht a besoin de temps et le Standard est beaucoup trop turbulent.

Etes-vous d’accord quand on dit qu’Anderlecht a manqué d’ambition contre le Real?

Emilio Ferrera: Non. Avez-vous vu la composition du Sporting? On n’y retrouvait que quatre titulaires indiscutables de l’équipe de la saison dernière: De Wilde, Vanderhaeghe, Baseggio et Crasson. Et les deux derniers cités ont dû être alignés, la semaine passée, à des postes inhabituels pour eux. Dans ces conditions, il ne fallait pas se faire d’illusions. Tous les autres Anderlechtois étaient soit nouveaux, soit réservistes l’année passée. Ce paramètre est beaucoup trop important pour espérer jouer un rôle en vue dans la Ligue des Champions. Parmi les équipes belges, seul Bruges a fait un bon résultat la semaine dernière. Comme par hasard, c’est le seul club qui n’a pas complètement modifié ses cadres durant l’été.

Avait-on sous-estimé l’importance des changements intervenus dans le noyau d’Anderlecht?

Je ne suis vraiment pas étonné que le Sporting connaisse des difficultés face aux meilleures équipes européennes. Les dirigeants ont choisi de réaliser de bonnes affaires financières et on doit leur donner raison. Maintenant, il faut leur laisser le temps de reconstruire. Cela peut prendre plusieurs années. Tous les clubs sont un jour ou l’autre confrontés à des départs massifs. Le Bayern et le Real ont aussi connu cela il y a quelques années. Aujourd’hui, ils gardent la même base de saison en saison. Les arrivées sont rares au Real, et quand un nouveau joueur débarque, c’est un gars de la trempe de Figo ou de Zidane!

Il est trop tôt pour dire que les nouveaux Anderlechtois n’ont pas le niveau européen. Souvenez-vous de Dheedene: quand il est arrivé, personne n’y croyait et il était d’ailleurs réserviste. Avec le temps, il a su se rendre indispensable et tout le monde a finalement regretté son départ. Genk est aussi un bon exemple: on y retrouve la même équipe que l’année dernière, mais avec des résultats tout à fait différents. Il y a quelques mois, tout le monde doutait de Roumani, de Thijs, de Sonck, etc.

Le Real était-il tout simplement hors d’atteinte, même pour un grand Anderlecht?

Tout à fait. Je rappelle que cette équipe est allée s’imposer en début de saison sur le terrain de la Roma, qui n’était quand même pas devenue championne d’Italie par hasard. Anderlecht ne sera pas la seule équipe à passer à la casserole contre ce Real-là. Dans le football européen actuel, il y a les clubs espagnols, puis les autres. La seule chose à espérer contre le Real, c’est qu’il ne marque pas pendant ses bons moments. S’il exploite ses périodes de génie, il n’y a strictement rien à faire. Les Madrilènes ont scoré deux fois pendant leur bonne demi-heure à Anderlecht, et cela a suffi à faire la différence.

Le Standard s’en est bien tiré en ne prenant que deux buts à Bordeaux.

Je n’ai qu’un mot pour résumer ses problèmes: turbulences. Là-bas, ça bouge sans arrêt et c’est très mauvais. On voit des joueurs évoluer à des places qui ne sont vraiment pas faites pour eux. Et il y a beaucoup de nouveux joueurs dans tous les secteurs. Beaucoup trop pour pouvoir prétendre à des objectifs élevés. Le Standard reste le Standard: de grandes ambitions en début de saison mais un constat d’échec au printemps.

Bruges a sauvé l’honneur.

La stabilité paye, même si le CSKA Kiev n’a rien en commun avec le Real. De ce match, je retiens le retour au premier plan de Gert Verheyen. Il a été fort critiqué depuis quelques mois mais je lui trouve des circonstances atténuantes: il a affronté un programme démentiel avec son club et l’équipe nationale. Il devait connaître un essoufflement, c’était inévitable. Il a été victime de l’absence de rotation à Bruges. Plus globalement, j’estime que ce Bruges-là ne sera pas facile à éliminer de la Coupe de l’UEFA.

Qu’avez-vous retenu parmi les autres résultats?

Le renouveau du football suisse, qui devra toutefois être confirmé lors des matches retour. Les Grasshoppers ont atomisé Twente, St-Gall s’est imposé à Fribourg et le Servette a tenu le nul sur le terrain de Saragosse. Ce sont de sacrées performances.

Pierre Danvoye

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