Bruges bis ?

Le championnat de D1 va démarrer, et j’hésite une nouvelle fois à vous refiler mon pronostic final. D’un côté, j’ai envie d’être blasé : à quoi bon tenter d’évaluer des forces sportives qui ne vont pas arrêter de changer d’ici au dénouement ? Arrivées incessantes, départs continus, limogeages évidemment, licences en balance, dépôts de bilan plausibles, points attribués-retirés-réattribués : l’ébullition est comme jamais autour des terrains plutôt que dessus, tout ça ne sera pas le foot comme je l’aime !

D’un autre côté, je sais que je vais quand même me comporter en gros accro bêta, et suivre cette compète à la con : les dés ont beau être pipés, ils demeurent excitants, c’est idiot mais c’est comme ça.

Rien d’original, je place Bruges en premier : je veux continuer de croire que le long terme est efficace, et que c’est en faisant le moins de vagues qu’on obtient le plus de résultats. Chaque année ou presque, là où maints noyaux ont été chamboulés, on a seulement l’impression que Bruges a peaufiné le sien, et c’est une bonne impression.

Voici trois semaines dans ce magazine, Claude Henrot fournissait le nombre de joueurs  » consommés  » par chaque club en 29 saisons de foot pro : 180 à Bruges contre 258 au Standard,… la statistique était lumineuse ! Sollied, qui a conservé tous ses titulaires, m’apparaît comme le Pape de la Force Tranquille. Il garde intacte sa machine pour chaque année la huiler mieux, je le vois champion à deux conditions : que tout le petit monde brugeois digère l’éventuelle élimination face à Dortmund (qui n’aurait en soi rien de déshonorante), et que Sollied soit suffisamment  » attractif  » pour conserver la confiance de sa vieille garde ( Clement, Simons, Verheyen, Englebert…), que ceux-ci soient titulaires ou pas.

En deux, je vois les Mauves ou les Rouches, et vice-versa en trois, rien d’original, je vous l’avais dit. C’est précisément à cause des vagues que ma boule de cristal ne voit Anderlecht que deuxième,… et même que le Standard en profitera si les vagues deviennent lames de fond ! Côté Parc Astrid, c’est en tout cas bien parti pour cancaner sec toute l’année sur base de deux thèmes structurellement conflictuels : d’un côté Broos, qui a juré devant Dieu qu’il resterait cette fois fidèle au 4-4-2 ; de l’autre la faible probabilité, au sein de ce système, de voir Baseggio et Zetterberg se côtoyer régulièrement,… les esthètes hurleurs risquent de hurler !

Côté Sclessin, ça m’a enfin l’air de bosser sereinement… même si ce n’est pas le premier mois de juillet où ça en a enfin l’air ! J’avoue qu’ Enakharire dans un rôle de stoppeur titulaire ne me donne pas a priori tous mes apaisements, et je prie pour que les lubies de gloriole ne fassent pas débarquer un Boksic sénescent. Mais je me dis aussi que, quand on a raté vingt fois sa mayonnaise alors qu’on avait les ingrédients pour, il y a chaque année de plus fortes chances statistiques pour qu’enfin la mayo prenne !

Derrière ce trio, grosse bouteille à encre. J’ose à peine un sextuor composé de Genk, Lierse, St-Trond, et trois Hennuyers si possible : Mons et La Louvière parce qu’on y sent les ambitions mesurées et la continuité de coaching, Mouscron parce que Long Couteau bosse toujours vite et bien… avant de se laisser allécher par le débauchage suivant !

Reste une seconde moitié à 9 clubs, certains épateront et d’autres pas,… et je serais épaté que Charleroi épate ! Concernant le Sporting carolo, j’avoue commencer à fatiguer. Là où j’essayais encore, voici quelques mois, de calculer et disséquer les dettes, emprunts, liquidités, procès, cautions, actions, cadavres et chances de survie, je perds aujourd’hui l’envie de comprendre… Plus je vois les titres de tout ça en gros et les comptes rendus de la préparation sportive en petit, plus je sens là-bas un combat sur le fil du rasoir : entre pulsions euthanasiques et acharnement thérapeutique. Comme un Titanic à propos duquel on te répète chaque semaine, depuis presque une éternité, qu’il va arrêter de couler…

par Bernard Jeunejean

Sollied doit être suffisamment  » attractif  » pour conserver la confiance de sa vieille garde

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