Bruce the nice

Ce week-end c’est finale de FA Cup. Le  » final cut  » d’un thriller commencé 10 mois plus tôt. Elles étaient 737 au départ, il n’en reste que deux à l’atterrissage. Avec chacune un équipage qui ressemble étrangement à son commandant de bord. Arsenal, c’est Wenger. Hull, c’est Bruce. Costard-cravate d’une part et training-anorak de l’autre. L’esthétique de ces deux équipes est l’expression collective et spirituelle du physique de leur coach.

Y a le grand mince, l’esthète à la tête pleine de belles intentions. Et puis y a le grand rond à la tête pleine des stigmates de ces nombreuses batailles. SteveBruce était un joueur rugueux qui mettait la tête là où d’autres mettraient leur belle-mère. Bruce a le visage marqué par sa carrière de joueur. Maintenant, il commence à marquer par sa carrière d’entraîneur. Les KO, c’est lui qui les inflige à présent. Par ses mots, sa science, ses compétences. Il est rond mais le jeu de son équipe est plein d’angles. Et de subtilité.

La mode est à l’élégance des BrendanRodgers et RobertoMartinez mais Bruce présente aussi de belles mensurations. Exemple avec Wigan où Martinez lui a succédé sans jamais réussir un meilleur bilan que lui. Bruce est un bon. Il est le tonton près de qui on se sent en sécurité. Celui qui a l’air sévère mais qui est le roi de la bonne vanne. Il a le rictus toujours prêt à dégainer.

Il le sortira ce samedi en montant sur cette pelouse qu’il a quittée si souvent coupe à la main. 3 FA Cup, 3 Charity Shield, 1 League Cup. Tout cela avec Manchester United. On ajoutera aussi 3 titres de champion. Bruce faisait partie de la grande équipe des années 90 emmenée par SirAlex.

Steve était stopper mais pas que. Il stoppait bien et beaucoup mais relançait aussi. Vite et bien. Et puis, surtout, il marquait. Beaucoup. Bruce était un éléphant aux fulgurances de félin. Il marquait de la tête, de frappes de loin et il tirait les pénaltys. Un vrai sang-froid de buteur qui lui vaudra le respect d’un certain Canto.

EricCantona ne pouvait qu’aimer ce clubman qui donnait tant de lui pour rendre les autres meilleurs. Et qui, en plus, a planté 51 buts en neuf saisons aux Red Devils. Dont un doublé qui offre la victoire contre Sheffield United et le titre à ManU en 92/93. Ils n’avaient plus été champions depuis 1967 ! C’est le début d’une grande aventure. La classe.

Stevie les bons tuyaux quoi. Normal, en 1977 alors qu’il a 17 ans, aucun club ne veut de lui. Il décide donc de devenir plombier. Les fuites, il les comblera sur les pelouses car le miracle se produit. Gillingham (club de D3) le repère pendant un match avec son école. Ils sont même deux à se voir proposer un test. Lui et PeterBeardsley. Comble, celui qui allait devenir un génial attaquant pour, entre autres, Newcastle et Liverpool, n’est pas retenu.

Bruce est lancé. Il s’arrêtera de jouer à Sheffield United pour y devenir, le lendemain, l’entraîneur. Nous sommes en 1998. Ce sera le premier de ses huit clubs. Hasard de l’histoire, c’est ce club qu’il élimine en 1/2 finale. Grâce à des changements tactiques décisifs à la mi-temps. Ce club s’en souviendra comme il se souvient que quelques semaines après ses débuts de coach, Steve a obligé ses joueurs à quitter le terrain pendant un match de FA Cup contre… Arsenal. Les Gunners n’ont pas rendu un ballon. On ne badine pas avec le-fair play chez les Bruce.

Et la correction. Bruce a toujours été supporter du club-phare de sa région, Newcastle. En 2004 alors qu’il vient de resigner pour cinq ans à Birmingham, les Macpies le veulent pour succéder à BobbyRobson. La tentation est belle d’autant plus que Newcastle offre 3,5M£ de dédommagement.  » J’en rêve mais je ferais des cauchemars si je renie mon contrat.  »

Ce samedi, le colosse au coeur d’agneau se souviendra qu’à l’âge de 14 ans il était à Wembley comme ramasseur de balles pour une finale de coupe. Ce week-end, il veut ramasser la Cup et ne pas la rendre. Histoire d’offrir un épisode de plus à sa saga : Le Bon, le Bruce et le Gagnant.

 » Il est peut-être rond mais le jeu de son équipe est plein d’angles et de subtilité.  »

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