BROOS DIT NON

Le Racing est-il apte à remporter un troisième titre ? Le coach n’est pas d’accord (sans doute pour épargner un surcroît de pression) mais c’est bien le seul à être aussi formel.

Pier Janssen dit oui

Ce Limbourgeois vient d’avoir 50 ans. Ex-défenseur, il a été Diable Rouge à trois reprises. Il avait débuté à Waterschei avant de passer à Anderlecht, Lokeren et Genk.

 » Les chiffres actuels font du Racing un candidat au titre, même s’il essuie quelques revers. Je suis surpris par sa force car il s’est séparé de plusieurs joueurs de calibre comme Jan Moons, Gert Claessens et Seyfo Soley, mais on ne parle plus d’eux. L’enthousiasme de la jeunesse peut le mener loin. On pardonne leurs erreurs aux jeunes. Tous les ingrédients sont réunis, y compris la chance. Genk est passé par le chas de l’aiguille contre le Club, à St-Trond et à Westerlo.

Genk est très content d’ Ivan Bosnjak, pour sa vitesse et sa mentalité. Malheureusement, il s’est occasionné une déchirure aux ligaments croisés du genou droit. N’oubliez pas la percée de Logan Bailly, un gardien qui a une certaine aura, et de Sébastien Pocognoli. Ce sont de futurs internationaux. Jean-Philippe Caillet est un vrai renfort aussi. Il pilote Eric Matoukou, il a un bon jeu de position et est le patron de la défense. C’est un organisateur. Le football de Genk n’est pas toujours pétillant mais il est efficace.

Hugo Broos nage dans le luxe. Il peut même se permettre de laisser Kevin Vandenbergh sur le banc. J’admire surtout la conséquence d’Hugo. Il a une vision claire. La saison passée, on l’incriminait de tous les maux possibles mais il prouve sa connaissance du métier. Quand cela ira moins bien, Genk pâtira peut-être de son inexpérience. Ceux qui évoluent depuis un moment en D1, comme Tom Soetaers et Thomas Chatelle, devront alors se manifester. Une chose est certaine : il est impossible de disputer 34 matches à un niveau semblable, sans contrecoup « .

Wilfried Delbroek dit oui

Ce médian limbourgeois de 36 ans a joué huit années à Genk de 95 à 2003 (il a donc gagné deux titres et deux Coupes) et déroule actuellement à Cobox, un club de P1 limbourgeoise.

 » Je suis agréablement surpris car en début de saison, les rumeurs négatives et les interrogations étaient nombreuses. Le bon début de championnat a insufflé confiance au groupe, qui a poursuivi sa progression. Même quand il joue moins bien, il prend des points, comme à St-Trond ; Genk ne gaspillera pas le bonus accumulé. Il sera impossible à rattraper s’il entame aussi bien le second tour, même s’il ne conservera sans doute pas le même rythme. Le Racing gère bien la pression. On lit rarement le mot champion dans les interviews, même si je suis sûr qu’ils rêvent tous du titre.

Genk développe un tout autre football mais conserve certaines caractéristiques par rapport au titre précédent. Son jeu s’appuie toujours sur la vitesse, le danger surgit de toutes parts. Il impose son jeu, sans jamais miser sur le contre. La défense est très solide. Bailly est brillant. Pourvu qu’il garde les pieds sur terre ! Sa paternité lui a conféré une certaine sérénité. D’ailleurs, l’entraîneur des gardiens, Guy Martens, veille au grain. Caillet est un footballeur intelligent, Matoukou mise plutôt sur sa force dans les duels. Ils forment un duo complémentaire, comme la paire OlivieriKimoni avant. Hans Cornelis et Pocognoli confèrent de la profondeur aux flancs et rappellent Jacky Peeters, un rien plus puissant, et Davy Oyen. Dans l’entrejeu, Wim De Decker et Wouter Vrancken accomplissent le même travail que Besnik Hasi et moi jadis. L’un contrôle, l’autre tente de s’infiltrer. Ils se complètent, travaillent au service de l’équipe et courent sans se ménager. Leur esprit de groupe est très apprécié. De Decker a plus de culot, il ne procède pas par passes latérales. Vrancken n’hésite pas à s’engouffrer dans des espaces réduits. Devant, plusieurs joueurs sont capables de faire la différence : Vandenbergh, Bosnjak et GoranLjubojevic, plus Soetaers et Chatelle des flancs. Quel luxe ! La concurrence les oblige à rester affûtés sans poser de problème, si ce n’est peut-être de la part de Vandenbergh de temps en temps mais Broos sait canaliser ce mécontentement « .

Jos Heyligen dit oui

A la fin de la cinquantaine, cet ancien médian limbourgeois à la technique raffinée (Antwerp, Waterschei, Beringen, Winterslag) devenu coach (il exerça à Genk en ’99 avant d’être remplacé par Jan Boskamp) travaille maintenant à Bourg Léopold en Promotion.

 » On avait proclamé Anderlecht favori pour le titre, sur base de sa campagne de transferts percutante, avec le Club Bruges comme principal concurrent. Mais le football est un drôle de sport. Genk profite de son rôle d’outsider Cette jeune équipe ne déborde peut-être pas de talent mais elle forme un bloc. Elle est très difficile à démanteler. Soetaers et Chatelle éclatent. Ils ne sont plus très jeunes mais évoluent à un niveau international. Ajoutez-y Bailly et Pocognoli, qui saisissent leur chance, et vous avez de vrais candidats à une sélection en équipe nationale.

L’ambiance est au zénith, les joueurs sont en confiance, ils repoussent leurs limites. Ils doivent se rendre à l’entraînement le sourire aux lèvres. Combien de temps tiendront-ils à ce niveau ? La lourdeur des terrains et la pression vont se faire sentir. Même si Genk essaie d’échapper à la pression, il devra la supporter tôt ou tard. Son avance lui confère un statut de favori. Un moment donné, le club devra avouer ses ambitions sans plus se dissimuler derrière son objectif initial, la troisième ou la quatrième place. Le réalisme de Broos sera utile à l’équipe. Il effectue les bons choix, gère bien les suites de la concurrence et maintient ses joueurs en forme. Hugo choisit son duo d’attaque en fonction de l’adversaire. Ljubojevic est un avant fort de la tête et costaud, Bosnjak est mobile et Vandenbergh est un homme de rectangle, un voleur de buts, capable d’en marquer 20 par saison, s’il joue tous les matches. Il faut le prendre comme il est. Les gens viennent au stade pour des joueurs comme Kevin, qui sont souvent en contact avec le ballon. Son sens incroyable du but est sa seule qualité. Il est moins utile quand l’adversaire est plus costaud et repousse Genk loin de son but.

Le duo De Decker-Vrancken comme pare-choc dans l’entrejeu est un choix parfait. Ils ne sont pas très créatifs, ils ne tapent pas dans l’£il. Ce ne sont pas des Josip Skoko, mais ils courent. Leur jeu requiert énormément d’énergie. Aussi longtemps qu’ils en ont, il faut les utiliser. Quoi qu’il advienne, Genk a déjà réussi sa saison. Je ne pense pas qu’il terminera en deçà du top trois. Il est déjà qualifié pour une Coupe d’Europe, potentiellement. Nul ne peut en douter. Le fait que Genk se mêle au débat pour le titre est une bonne chose pour le football belge : cela élargit l’élite. Tout le monde doit être content qu’il brouille la domination d’Anderlecht et du Club Bruges « .

FRéDéRIC VANHEULE

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