Brise-lames

Découverte de l’ex-Courtraisien, qui porta le brassard de capitaine pour son premier match à Charleroi.

Apprenez aux supporters le nom du capitaine de Charleroi au Cercle Bruges et vous obtiendrez un :  » Qui ? ». Car pour tous les observateurs, le choix d’ Adlène Guédioura, fraîchement arrivé, pour porter le brassard de capitaine, fut une surprise totale. Même le principal intéressé ne s’y attendait pas :  » On me l’a appris dix minutes avant le début du match. J’ai vu cela comme une marque de confiance et j’ai accepté cette responsabilité. Je l’ai pris sans plus d’explications. Il fallait que je me concentre sur mon match avant tout. On n’a pas le temps de réfléchir et ce n’est pas cela qui va me mettre la pression.  »

Seul finalement John Collins savait pourquoi il confiait le capitanat à cet élément de 23 ans :  » Il m’a montré à l’entraînement qu’il le méritait « , expliqua l’entraîneur écossais.

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le joueur n’est pas ingrat. Sur le terrain, il s’est montré à la hauteur de la confiance que le staff lui avait témoignée, se démenant pour ses couleurs et tapant dans l’£il de ceux qui ne l’avaient pas vu jouer à Courtrai.  » Je suis arrivé sur la pointe des pieds à Charleroi. Mais j’ai été bien accueilli ici. Comment ? Cela passe par des choses simples. Il n’a pas fallu dérouler le tapis rouge… « 

Pourtant, hériter du brassard pour une première peut s’avérer une arme à double tranchant et rendre jaloux un vestiaire.  » Dans le vestiaire, il y a une hiérarchie que je respecte, avec notamment des anciens comme Frank Defays, Bertrand Laquait ou Badou Kere mais je ne crois pas que ces joueurs aient mal pris la décision de l’entraîneur. Ils sont assez intelligents pour ne pas rentrer dans ce genre de commentaires.  »

Des débuts dans la région parisienne

Né d’un père international algérien (une légende de l’USM Alger) et d’une mère hispano-algérienne, Guédioura est Français. Il a d’abord vécu à la Roche-sur-Yon en Vendée avant d’émigrer en région parisienne. C’est là que le virus du football le rattrape. Le Red Star, le Racing Paris avant une fin de formation à Sedan et un retour à Noisy-le-sec (CFA).  » Sans doute la meilleure année ! A Noisy, avec l’entraîneur, Nasser Sandjak, le frère de l’ancien joueur du PSG, il y avait une ambiance particulière dans les vestiaires.  »

C’est ensuite le départ pour l’Entente Sannois Saint-Gratien (National), un échelon plus haut :  » Une saison intéressante. A la fin, j’avais la possibilité de signer à Dijon en Ligue 2 mais deux jours après la visite des installations, l’entraîneur Rudi Garcia, aujourd’hui à Lille, est parti pour Le Mans. Cela m’a fait changer d’avis.  »

Ce sera donc Créteil (National) :  » C’est là que j’ai signé mon premier contrat professionnel. En France, certains clubs de National, dont Créteil, sont en effet pros. Quand on est jeune et qu’on joue au foot dans la cour, on rêve tous de devenir pro. Depuis tout petit, j’étais convaincu que je pouvais y parvenir. A Créteil, j’ai notamment vécu le 1/32e de finale contre Lyon. Quand vous rencontrez la meilleure formation de France, ça ne s’oublie pas. Le stade était rempli et le club avait réalisé la plus grosse affluence de son histoire. « 

Un an et le voilà de nouveau pris par la bougeotte. Plusieurs clubs lui font les yeux doux mais c’est la D1 belge et le petit promu courtraisien qui l’accueille :  » Ce club m’a suivi et a montré un réel intérêt. Ensuite, avec mon entourage, on a pesé le pour et le contre et on s’est laissé convaincre. Je ne considère pas mon passage là-bas comme un échec. Au premier tour, j’ai disputé neuf matches comme titulaire et un comme remplaçant. J’ai toujours fait partie de l’équipe sauf quand j’ai été blessé. Pour une équipe promue, on a fait un parcours honorable. On se donnait à fond. On avait du c£ur. J’aurais aimé finir la saison à Courtrai mais ce sont les aléas de la vie de footballeur. Aujourd’hui, tu es ici mais dans six mois, tu peux être là-bas. Ce fut une bonne expérience mais cela fait partie du passé. J’ai tiré un trait. Je tourne la page et je garde les bons souvenirs. Un peu comme quand vous vous séparez de votre copine : vous devez tirer un trait. « 

Son parcours à Courtrai s’est terminé sur un malentendu.  » Des circonstances ont fait que nous nous sommes séparés de commun accord « , explique un membre de la direction courtraisienne, Patrick Turcq.  » On s’est séparé à l’amiable « , renchérit le joueur.  » Et à partir de ce moment-là, il ne fallait pas que je me retrouve sans club. Et Charleroi est venu. Pour moi, Charleroi fait partie des clubs structurés qui ont de l’ambition et un beau stade malgré ce que CNN en dit ( NDLR : le stade du Pays de Charleroi s’est retrouvé, en compagnie de Wembley et de l’Allianz Arena, dans la liste des stades les plus laids choisi par les rédacteurs du site du média américain). Cela me permet, ou plutôt devrais-je dire cela m’a permis de franchir un nouveau palier.  »

 » Je me donne à fond « 

Arrivé dans l’anonymat (au même titre notamment que Torben Joneleit), il a donc crevé l’écran lors de sa première rencontre sous le maillot zébré (en l’occurrence, il était rose cette fois-là) :  » Je n’ai pas senti un vestiaire malade quand je suis arrivé. L’ambiance était saine mais les résultats ne collaient pas à l’image de Charleroi. Le mental, cette équipe en a et quand on voit l’osmose entre jeunes joueurs et éléments d’expérience, cela devrait marcher. Moi, ce que je remarque, c’est que tous les joueurs ont à c£ur de corriger leur première partie de saison ratée.  »

Les rares supporters carolos présents au Jan Breydelstadion ont découvert un joueur combatif, un arracheur de ballons.  » Le gars, même avec des crampes, il est resté sur le terrain et on n’avait plus vu ça depuis longtemps « , peut-on lire sur le forum des supporters.  » Je me donne à fond « , reconnaît le Capi d’un soir.  » Et je suis prêt à faire beaucoup d’efforts. Au Cercle, je suis rentré sur le terrain sans pression en me disant que je devais réaliser un bon match et en voulant aider l’équipe à prendre un ou trois points. Partout où je suis passé, j’ai été titulaire. Je m’adapte facilement à toute situation.  »

par stéphane vande velde – photo: reporters / guerdin

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire