Brio crache son venin

Sergio Brio n’a pas voulu donner ses impressions à une presse belge  » manipulée  » par on ne sait trop qui : le président de Mons, son staff, le conseil d’administration ? Peu importe, l’ex-entraîneur a livré sa version des faits au journal turinois Tuttosport, qui doit sans aucun doute être plus libre puisque l’histoire est présentée comme… les mésaventures vécues par un homme de sport possédant deux grandes qualités : savoir être une personne bien en toutes circonstances et afficher une grande volonté permettant d’abattre les lieux communs (sic !).

 » Lorsque je suis arrivé à Mons, à mon grand désappointement, j’ai trouvé un football privé du moindre professionnalisme « , explique Brio.  » Je me suis dit que j’aurais beaucoup de travail. Je me suis préparé à l’assumer, à ma façon évidemment. Double entraînement seulement le mardi et le jeudi. Pas de mise au vert avant les matches. Pour nous, ce serait du laxisme ; pour eux, c’était une torture de travailler autrement. Et pas tant pour les joueurs que pour leur entourage, amis et supporters. Le plus étonnant reste que, en grande partie, cet entourage est composé d’Italiens ou de personnes d’origine italienne. C’étaient eux qui montaient la tête à mes joueurs et qui, derrière mon dos, disaient les pires méchancetés à mes dépens. En somme, j’ai été trahi par les gens de la même race que moi « .

Comme si les dirigeants et autres intervenants d’origine italienne auraient dû le soutenir contre vents et marées, au nom d’un certain nationalisme. Brio s’en prend aussi aux supporters.  » A la reprise de la compétition, c’était encore pire qu’avant. Des groupes de supporters m’insultaient tout le temps. Certains joueurs commençaient à me rire au nez. Et le président Leone me demandait de tenir bon. Tiens donc, mais comment fait-on ? »

Et la fameuse affaire Suray ?  » Est alors arrivé le jour du chocolat. Un chocolat dont tous, en Belgique, sont très friands. J’ai imposé une diététique de professionnel mais je ne suis pas parvenu à abolir le chocolat. Cela aurait provoqué une révolution. Quand une espèce d’épidémie de dysenterie a explosé un samedi, j’ai ordonné à tout le monde de se tenir éloigné de ce gâteau. Suray, le capitaine qui devrait me remercier de l’avoir fait sortir des oubliettes, s’est mis à manger du chocolat avec les doigts, les pieds sur la table, en lisant le journal. Je lui ai demandé d’arrêter. Sa réponse a été vulgaire. Je l’ai suspendu et la presse s’est déchaînée. Non pas contre lui mais contre moi ! Le lendemain, tous les gradins m’insultaient, en italien. Nous avons perdu le match. Je suis allé trouver le président et j’ai démissionné. Voici la chronique de mon aventure à Mons. La Belgique est un pays qui, footballistiquement, n’ira jamais loin. Peut-être est-ce d’ailleurs son souhait de vivre ainsi, repliée dans son microcosme où règnent superficialité et hypocrisie. J’ai aussi commis une faute : celle d’avoir voulu travailler comme Trapattoni me l’avait appris. Probablement qu’il n’est pas temps ou vraisemblablement qu’il ne l’a jamais été dans ce pays où quand elles mettent le nez hors des frontières, les équipes se font massacrer sportivement. Je remercie ilsignor Leone mais je ne pourrai jamais oublier tous les pièges et toutes ces insultes de la part de ceux qui, par leurs racines et par le sang, auraient dû m’être des frères « .

Il est facile, pour Brio, de donner sa version à des lecteurs italiens qui ignorent évidemment tout des réalités montoises. Il affirme qu’il a fait sortir Suray des oubliettes : ah bon ? Quelles oubliettes ? Il dit que le chocogate a éclaté la veille d’un match : faux, c’était l’après-midi du derby contre Charleroi. Il fait référence à une démission : s’il avait décidé lui-même de partir, on ne l’en aurait jamais empêché et cela aurait permis au club d’épargner une fortune en prime de licenciement. Quant aux insultes en italien provenant des gradins, nous ne les avons jamais entendues. Mais elles auraient sans doute été justifiées…

(N. Ribaudo/P. Danvoye)

 » En somme, j’ai été trahi par les gens de la même race que moi « .

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