‘Brepoels, le nouveau Goethals’

Saint-Trond est qualifié pour les play-offs 1 et les choses changent. Les remous ont fait place à la stabilité et le Staaien se réécrit Stayen… Promenade au sein d’un club qui veut rester dans le sub-top.

Le soleil inonde le complexe des jeunes de Saint-Trond. Les Canaris s’entraînent, sur la pelouse synthétique placée l’année dernière. La séance est intense mais on entend des rires. Benjamin (70 ans) et Erik (66 ans), supporters depuis respectivement 45 et 50 ans, savourent pleinement le succès actuel.

 » Cela me rappelle la plus belle époque du STVV, sous OdilonPolleunis…  »

 » Le club a changé mais il ne reniera jamais son âme hesbignonne. « 

 » Grâce à RolandDuchâtelet, nous avons une infrastructure et un encadrement professionnels.  »

 » Le club sera définitivement lancé s’il confirme la saison prochaine. « 

 » Genk aura toujours plus de sponsors et d’abonnés mais ce n’est pas pour autant qu’il sera le premier club du Limbourg ! Nous sommes une race particulière. « 

Eras apoat, (traduction : une race à part), c’était le slogan de la fête du titre en D2. Une race qui n’est pas menacée d’extinction…

Un agent de joueurs a inscrit à son planning une demi-heure d’entraînement des Canaris. Evidemment, l’incontournable Jef Cleeren, ancien bourgmestre et président d’honneur d’Opperkanarie, passe aussi :  » Ecrivez-le, tout le mérite revient à Duchâtelet et à Guido Brepoels. Au premier pour ses investissements et l’organisation qu’il a mise en place, avec un c£ur grand comme ça pour le club et la ville, au second car il est l’entraîneur parfait pour ce club. Guido est notre nouveau Raymond Goethals.  »

Cerise sur le gâteau

Après l’entraînement, c’est l’heure de la tarte dans le foyer des joueurs, convivial mais éloigné, sis dans l’ancienne tribune Ouest, le dernier reliquat du vieux Staaien. L’année prochaine, une nouvelle tribune y sera érigée.  » Un projet incroyable « , commente Peter Delorge.

 » En l’espace de cinq ans, le club s’est métamorphosé « , confirme le capitaine et figure de proue du STVV, membre du club depuis 14 ans.  » De cette longue période, je n’ai connu qu’une saison sportivement comparable à celle que nous vivons. C’était en 2002-2003 sous la direction de Jacky Mathijssen, avec la finale de la Coupe en guide de couronnement. Le noyau était comparable, très soudé, avec un leader dans chaque ligne, mais le club était instable et avait laissé partir une flopée de joueurs : Marcos Perreira, DésiréMbonabucya, Danny Boffin…. Quelques années plus tard, le club était moribond. Sans le président, il ne s’en serait pas sorti. Saint-Trond restera un club émotionnel mais Duchâtelet, en parfait homme d’affaires, a créé un cadre stable, avec une organisation claire. Il a réalisé des investissements dans le stade. Le club n’a pas perdu son âme : il reste synonyme de football, de foule et de feu, tout en vivant avec son temps. Il a grandi et ce n’est pas terminé. Je pense à un deuxième terrain synthétique, à un meilleur terrain principal, à l’école des jeunes… Aucun joueur n’a émergé après ma génération, qui est aussi celle de Wouter Vrancken, Nicky Hayen et Kris Buvens. Le club avance pas à pas. L’embauche de Boffin comme entraîneur technique constitue aussi un pas dans la bonne direction.  »

Delorge est convaincu que son club va franchir le prochain cap, crucial, de la saison prochaine :  » Il ne commettra pas les mêmes erreurs qu’en 2003. Je sais qu’il ne sera pas évident de conserver tout l’axe SimonMignoletMarioCantaluppiCephasChimedzaIbrahimSidibe mais le président et l’entraîneur m’incitent à la confiance : l’année prochaine, notre équipe sera au moins aussi forte, sans jeter l’argent par les fenêtres. Chacun sait que ce n’est pas à Saint-Trond qu’on gagne des fortunes. Je pense que personne n’atteint les 10.000 euros nets par mois. Même une moyenne de 7.000 euros est énorme, selon moi. Mais au moins, nous sommes sûrs de toucher notre argent. L’essentiel est de conserver notre noyau, si homogène, et d’y adjoindre quelques renforts car nous avons peu d’alternatives. Je pense à Sidibe, si important au sein de notre 4-3-3. Notre entraîneur n’aime certes pas travailler avec un noyau trop étoffé et je le comprends car il fait progresser chacun individuellement. Nous jouons mieux maintenant qu’en début de championnat, même si nous avons débuté par une série de 17 points sur 21.  »

Les play-offs 1 constituent la cerise sur le gâteau :  » Il n’y a que de belles affiches et nous serons des outsiders. Quoi qu’il en soit, nous devrons confirmer la saison prochaine. Si nous y parvenons, le club sera vraiment lancé. « 

Sexy STVV

Si cela ne dépend que du nouveau Goethals, Saint-Trond réussira. Brepoels a resigné pour trois ans et prend aussi la tête de l’école des jeunes, dont Luc Bormans devient coordinateur à la place de Poll Peeters. Brepoels a achevé son morceau de tarte. Toujours enthousiaste quand il s’agit de football et de Saint-Trond, il s’immisce dans la conversation. D’emblée, il lance :  » Qui dit que l’année prochaine sera plus difficile ? Je le répète inlassablement : cette cinquième place est un instantané. La seule ambition doit être, la saison prochaine, de progresser de 10 %. Cette année, nous n’ambitionnions que la 14e place. Nous devons donc viser les places huit à treize, ni plus, ni moins. Je sais ce dont j’ai besoin pour accomplir cette mission : il me faut deux bons gardiens et 16 à 17 bons footballeurs, aptes à occuper différents postes dans notre système de jeu – je n’aime pas parler d’un 4-3-3 fixe. Nous sommes déjà en train de composer notre noyau.  »

Il s’en occupe depuis novembre. Après en avoir discuté avec la commission sportive, il a présenté une liste des joueurs sortants et entrants au président fin février. Quasi quotidiennement, il reçoit un joueur pour évoquer ses projets d’avenir. La clarté est devenue la nouvelle devise du Stayen. Brepoels :  » Je veux voir tous les joueurs. Nous disputons une saison superbe, l’équipe est fantastique mais il faut oser dire à certains qu’ils ont atteint leur plafond. Je peux le prouver, sur base des rapports, des images, des matches, des entraînements… Je veux leur dire à temps, pas en mai, qu’un autre va occuper leur place, qu’ils joueront moins, voire pas du tout et qu’il est préférable de chercher une autre équipe. C’est dur mais clair et honnête. Si je ne procède pas ainsi, nous aurons des problèmes en moins de trois semaines la saison prochaine. Combien de joueurs sont concernés ? Même pas dix. Certains sont en fin de contrat, d’autres pourraient être loués un an… « 

Il discute aussi avec les éléments qu’il souhaite conserver, en respectant le budget établi par le président. Celui-ci a déjà glissé que le club devrait lui rembourser, à terme, la somme imposante de neuf millions qu’il y a injectée,  » en réalisant de temps en temps un transfert lucratif « . On pense à Mignolet, suivi par Sunderland et des clubs italiens de D1.

Président et entraîneur veulent en tout cas travailler avec de jeunes Belges possédant une marge de progression. Brepoels :  » Il faut évidemment un équilibre. Cette équipe a besoin d’expérience. Sur ma liste figurent quelques footballeurs avec lesquels j’ai déjà discuté et qui sont enthousiasmés par notre projet. Saint-Trond est à nouveau sexy ! Moi, je dois avant tout aider mes joueurs à progresser, même quand ils sont déjà chevronnés. Quand je vois à quel point Wim Mennes, âgé de 33 ans, a amélioré son jeu de position…  »

A long terme, l’école des jeunes doit fournir plus d’éléments. Ainsi, en -16 ans et -17 ans belges, on ne trouve aucun Trudonnaire. Dès la saison prochaine, Brepoels va donc changer son fusil d’épaule :  » Je sais comment les Pays-Bas travaillent, par exemple le PSV, et je veux transposer ces méthodes ici.  » Pour l’instant, un nouvel entretien attend l’entraîneur, avec Cantaluppi. En fin de contrat, il aura 36 ans en avril. Déjà entraîneur-adjoint des Espoirs, il songe à entamer réellement sa carrière d’entraîneur mais il est un pilier de l’équipe. L’entretien sera positif. Le soleil continue à briller sur Saint-Trond.

Le niveau de Genk

Depuis l’arrivée de Cantaluppi il y a deux ans, le club a subi une véritable métamorphose. Prenez le secrétariat, sis au huitième étage de la nouvelle tribune, qui comprend un hôtel, le long de la Chaussée de Tirlemont. Il est spacieux, beau, moderne. Le top absolu. L’après-midi, Guy Mangelschots nous reçoit. Il vit au rythme du club depuis 25 ans. Il l’a entraîné pour la première fois en 1986, pour la dernière fois en 2004, quand il a remplacé Marc Wilmots. Il siège désormais à la commission technique et il partage l’avis unanime : être Canari n’a jamais été aussi agréable :  » C’est la plus belle période parce que nous sommes stables. J’ai connu de nombreuses directions, plusieurs présidents. Changer à tout moment de vision et de personnes ne marche pas. Le projet a débuté il y a quatre ou cinq ans, avec quelques heurts, mais ils sont révolus. La structure est professionnelle, nous possédons un encadrement qui doit muer ce club en membre établi du sub-top, voire en formation du niveau de Genk.  »

Selon Mangelschots, le fait que le club dépende d’un seul homme ne pose pas problème :  » Je connais Duchâtelet depuis un certain temps. Il est dur mais extrêmement honnête. Jamais il ne laissera le club en plan. Et nous sommes sur la bonne voie sportive parce que nous avons une vision. Nous regardons ce que nous avons, et ne nous tournons vers l’étranger que si nous ne trouvons pas ce que nous cherchons en Belgique. A terme, nous allons étoffer le noyau des Espoirs, et nous recevons beaucoup de candidatures car les gens savent que nous accordons leur chance aux jeunes : NielsSchouterden, LudovicBuyssens… N’oubliez pas que Mignolet, JeroenAppeltans, Delorge et GielDeferm sont issus de notre école. Les Limbourgeois et les Hesbignons confèrent son caractère à l’équipe. C’est ce que veulent les supporters : les planches en bois qui vibraient sous leurs pieds ont disparu mais pas les fans. Quant à notre football, il allie désormais feu et qualité. Je serais content si nous conservions trois des quatre joueurs axiaux. Mignolet et Sidibe sont toujours sous contrat mais vous savez comment ça va… Aucun bail ne stipule le montant contre lequel ils peuvent partir mais si nous recevons une offre colossale, nous devrons discuter, bien que le président ne soit pas de ceux qui pensent avant tout à réaliser une bonne affaire.  »

La commission technique, dont fait aussi partie Duchâtelet, connaît ses limites :  » Le budget est établi et le président surveille la masse salariale.  » Des limites qui doivent permettre de faire progresser l’équipe de 10 % :  » Mais cela ne signifie pas une nouvelle place dans les play-offs 1 ! Notre ambition est de rester entre les huitième et douzième places. L’argent que rapportent les play-offs 1 est bienvenu, sans plus. Il représente moins d’un million, compte tenu des frais et des primes. « 

1.100 couverts

Walter Boonen est encore meilleur mathématicien. Le jeune manager commercial a vécu des temps moins fastes avec les Canaris : il est en poste depuis dix ans, dont six comme responsable commercial :  » Nous avons plus de possibilités commerciales, sans oublier l’horeca. La rénovation du stade et nos performances sportives nous permettent de compter avec certitude sur 20 à 30 % de recettes en sponsoring supplémentaires la saison prochaine. Nous avons aussi assuré notre maintien en janvier, ce qui n’était pas le cas avant. Nous pouvons donc travailler à plus long terme. C’est pour cela que notre sponsor principal, Belisol, a déjà resigné pour deux ans. En plus, nous pouvons assurer un service de 1.100 couverts et avec la nouvelle tribune, nous allons encore augmenter nos possibilités. Ces investissements sont rentables.  »

A terme, Saint-Trond doit devenir autonome. Boonen précise :  » Le club a évidemment ses rentrées : billetterie, sponsoring, droits TV. Les rentrées de la SA Duchâtelet, comme l’hôtel de 55 chambres, reviennent au club, en principe. Tout est plus facile. Le merchandising, qui est établi dans une belle boutique dans la nouvelle tribune, a doublé son chiffre cette année. On a réalisé un montage qui permet au club de grandir et de devenir un membre stable de la D1. Le changement de nom est tout un symbole : Stayen au lieu de Staaien, c’est le retour au nom authentique mais aussi un outil de marketing du STVV nouveau. « 

par frank buyse – photos: reporters/ gouverneur

« Tout le mérite revient à Roland Duchâtelet et à Guido Brepoels. (Jef Cleeren, ex-bourgmestre) »

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