BRADERIE remise

Pierre Danvoye
Pierre Danvoye Pierre Danvoye est journaliste pour Sport/Foot Magazine.

Le nouveau manager des Loups a des arguments à défaut de poches pleines.

A mis et fidèles supporters,nous constatons que vous vous posez des questions et c’est légitime. Aussi, je me permets de vous fournir quelques éléments sur les récents mouvements de la RAAL. Le départ d’Ogushi Onyewu, malheureusement pour notre club, est lié à son contrat à Metz (…) Georges Arts souhaitait partir, oui mais en D2 (…) Les contrats prenant fin n’ont pas été renouvelés pour des raisons sportives ou bien encore médicales (…) La campagne des transferts prendra fin en août. L’an dernier, Michaël Murcy n’a signé que fin juillet (…) Rien ne sert de courir, il faut prendre son temps (…) Peter, Yannick ou Mike, tous ne partiront pas, rassurez-vous, mais nous réfléchissons pour qu’aux niveaux sportif et financier, la RAAL passe une bonne saison (…) A bientôt.

Stéphane Pauwels

C’est en ces termes que le nouveau manager de La Louvière s’est adressé aux supporters, sur le site Internet du club. Comme s’il avait ressenti le besoin de les rassurer à une période où on évoque surtout des départs de titulaires et des arrivées de joueurs inconnus ou presque. Depuis la fin du championnat, la RAAL est d’ailleurs, et de loin, le moins médiatisé des clubs wallons. Logique à partir du moment où aucun nom ronflant n’est venu grossir ses rangs.

Stéphane Pauwels : On parle peu de nous ? Quelle bonne affaire ! J’ai envie que ça continue comme ça, qu’on nous laisse travailler en paix. Pour vivre heureux, vivons cachés. C’est peut-être justifié qu’on commente plus ce qui se passe à Charleroi ou à Mons, je n’en sais rien. Je peux seulement dire que La Louvière reste un petit club sain et familial qui montera tout doucettement en puissance.

Vous devez comprendre les angoisses de vos supporters par rapport aux départs d’autant de joueurs qui étaient souvent dans l’équipe la saison dernière : Thierry Siquet, Ogushi Onyewu, Maâmar Mamouni, Frédéric Tilmant, Serge Djamba-Shango, Davy Cooreman, Georges Arts…

Je les comprends, mais eux doivent aussi accepter nos raisons. La non-reconduction du contrat de Siquet a fait grand bruit, mais nous n’avons pas voulu prendre le risque de lui offrir un nouveau bail alors qu’il a des problèmes de genou.

Il dit, avec ironie, que ces problèmes de genou lui ont fait rater un match en cinq ans…

Albert Cartier ne connaissait Siquet que par cassettes et n’a donc pas voulu prendre lui-même une décision positive ou négative. Il s’en est remis aux recommandations de notre staff médical. Pour nos médecins, son genou peut lâcher à tout moment. Si je pouvais me permettre d’entretenir 30 joueurs dont quatre ou cinq défenseurs centraux, Siquet serait toujours chez nous. Mais je n’ai pas cette latitude financière. Aujourd’hui, il a pu se recaser à Charleroi et nous sommes heureux pour lui.

Son expérience et sa connaissance du club auraient pu être utiles pour assurer la transition entre le passé et l’avenir.

La plus grande perte au niveau de l’esprit de groupe, c’est l’arrêt de Frédéric Tilmant. Mais il est toujours là, comme adjoint. Siquet n’est pas un grand communicateur alors que Tilmant a cette qualité.

 » La plus grande perte, c’est Mamouni. Il gagnera deux fois plus à Gand  »

Les supporters auraient aussi voulu conserver Onyewu.

Moi aussi. Metz nous proposait de prolonger sa location, mais plus du tout aux mêmes conditions que la saison dernière. Avec ce que nous aurions dû lui donner pour le conserver, je peux payer quatre joueurs au barème de la RAAL. Ne comparons pas ce qui n’est pas comparable : les finances de La Louvière ne sont pas celles du Standard. En tout cas, je n’accepterai plus jamais de conventions de location comme la sienne. Des conventions sans plus-value pour La Louvière en cas de revente. Il faut aussi que ce club s’y retrouve quand un de ses bons joueurs s’en va.

Mamouni, lui aussi, est déjà regretté.

Pour moi, c’est incontestablement la plus grande perte sportive. C’était notre guerrier dans l’entrejeu. Mais Gand lui proposait deux fois plus que La Louvière et son départ était donc inévitable. Mais il n’a pas fait son sac de gaieté de c£ur : il est revenu voir ses copains la semaine dernière et il était terriblement ému.

Et Cooreman ? Et Susnjara ? Et Arts ?

Cooreman avait déjà trouvé un accord avec Heusden-Zolder avant que je sois nommé manager. Susnjara ne pouvait plus rester à partir du moment où Silvio Proto décidait de ne pas s’en aller. Nous avons nommé deux jeunes gardiens derrière lui. Si Proto se blesse au premier tour, un des deux montera dans l’arène, et si nous constatons qu’il est encore trop tendre, nous pourrons toujours réagir au mercato. En tout cas, Proto n’est pas le genre de joueur qui a besoin de sentir une vraie concurrence pour prester à son meilleur niveau. Concernant Arts, il ne se sentait plus bien chez nous. Il craignait d’être, la saison prochaine, le seul néerlandophone du noyau. Il aurait été d’accord de rester à condition de pouvoir ajouter deux ans à l’année de contrat qu’il lui restait. Nous ne pouvions pas nous permettre ce risque avec un joueur de cet âge-là qui se remet d’une grave blessure. Sa priorité, c’était Heusden-Zolder, où on lui proposait de rejoindre ses copains. Je ne l’aurais pas laissé renforcer un concurrent en D1, mais je n’avais rien contre sa signature là-bas. Je peux aussi rassurer les supporters en leur rappelant que, la saison dernière, ce club a réalisé son très bon deuxième tour alors qu’Arts était à l’infirmerie.

Serge Djamba-Shango n’a pas été conservé alors qu’il avait été un des meilleurs Loups du premier tour.

OK, il avait crevé l’écran. Mais, pour un salaire comme le sien, il avait l’obligation d’être bon pendant une saison complète. Nous prenions en charge 15 % du salaire d’Onyewu, mais 100 % de celui de Djamba-Shango. Son rapport coût rendement était insuffisant : 18 matches, 1 but et 2 assists ne justifiaient pas une telle dépense. Il retourne donc à Lille. Là-bas aussi, on est déçu de sa progression et Claude Puel vient d’ailleurs de le faire basculer dans le noyau B. Je parlerais de lui comme je parle de Siquet : si j’avais les moyens d’entretenir une trentaine de pros, son contrat aurait été prolongé. Je n’aime pas m’exprimer comme ça parce que ça fait un peu marchand de bétail, mais dans le football moderne, il faut avant tout du rendement.

Savez-vous que Dante Brogno a déjà bien regretté d’avoir arrêté de jouer pour devenir adjoint à Charleroi ? Frédéric Tilmant ne risque-t-il pas de penser la même chose dans quelques mois ?

Je n’ai aucune crainte. Tilmant s’éclate complètement dans son nouveau rôle. Il le dit tous les jours. Passer adjoint dans le club où on vient de finir sa carrière active, c’est la meilleure des choses. Albert Cartier l’a aussi fait à Metz. Il me dit régulièrement qu’il est sous le charme de Tilmant parce qu’il est jovial, volontaire, ne triche pas, passe sa vie au stade, apprend vite et est respecté par tous les joueurs. Il faudrait un Tilmant dans chaque club de D1.

 » La RAAL ne crève pas la dalle  »

Vous ne cachez pas qu’il pourrait y avoir d’autres départs et on cite évidemment les derniers grands noms de l’équipe : Proto, Klukowski et Odemwingie.

Proto ne partira pas : c’est sûr et certain. De toute façon, il ne souhaite pas s’en aller. Etre deuxième gardien ailleurs ne l’intéresse pas. Il partira quand il aura la certitude d’être le numéro un dans un grand club étranger.

Vous êtes moins catégorique en ce qui concerne Klukowski et Odemwingie ?

Une vente permettrait d’assurer la pérennité financière du club. Si un des deux s’en va, nous réfléchirons deux fois plutôt qu’une avant de laisser partir éventuellement le deuxième. Je ne suis pas venu pour décimer l’équipe. Faire quelques millions de bénéfices pour se retrouver tout en fond de classement, non merci. Tous les clubs intéressés doivent en tout cas savoir une chose : nous ne vendrons pas à n’importe quel prix parce que nous ne sommes pas à la rue. Personne ne doit s’attendre à une grande braderie au Tivoli. La RAAL ne crève pas la dalle !

Odemwingie ira-t-il à Bruges ?

Son agent a été contacté par le Club, qui en aurait fait une priorité, mais ça s’arrête là. Il n’y a pas encore eu d’offre concrète.

Charleroi semble toujours intéressé par Klukowski.

Jamais de la vie. Ils l’achèteraient comment ? Ce n’est qu’une tentative de déstabilisation. Pour que Michael Klukowski aille là-bas, il faudrait que le Sporting nous donne tout l’argent du transfert de Grégory Dufer. Et il faudrait encore que le joueur soit d’accord. Nous ne pousserons jamais un de nos garçons vers un club qui nous offrirait le prix demandé. Une équipe russe voulait Peter Odemwingie, mais il n’était pas intéressé et les choses ne sont donc pas allées plus loin.

Combien valent ces deux joueurs ?

Je ne veux pas citer de chiffres. Mais nous restons cohérents : La Louvière ne demandera pas, pour Odemwingie, la somme payée par Anderlecht pour le transfert de Mbo Mpenza. Selon moi, Klukowski vaut plus qu’Odemwingie parce qu’il combine des qualités assez rares dans le foot d’aujourd’hui : il est gaucher, peut jouer back gauche, médian gauche ou dans l’axe. Odemwingie, je le considère seulement comme un bonattaquant. Pour qui le moment est toutefois venu, selon moi, de franchir un palier en signant dans une meilleure équipe.

 » Les supporters veulent Jestrovic ? Désolé, c’est non !  »

Vos renforts sont des inconnus : Toyes, Zambernardi, Brahami, Daniel, Hasni, Baynon, Pinelli, Durieux…

Il y a un an, qui avait déjà entendu parler de Murcy ? Des inconnus qui se sont révélés à La Louvière, je peux vous en citer beaucoup : Klukowski, Odemwingie, Mamouni, Onyewu… Les supporters n’ont pas de garanties aujourd’hui, mais ils n’en avaient pas hier non plus. Ils voudraient Nenad Jestrovic ? Désolé, ce club ne peut pas se le payer…

Filippo Gaone s’était bien payé Nicolas Ouédec !

C’est fini, ce temps-là. Ouédec, c’était un nom, mais surtout un joueur très cher qui ne savait plus mettre un pied devant l’autre…

Le recrutement est-il terminé ?

Nous cherchons encore un récupérateur ayant le profil de Mamouni et un cogneur devant, du style Tilmant.

La Louvière entamera la saison avec un nouveau manager, un nouvel entraîneur et un nouvel adjoint : n’est-ce pas hasardeux ?

Dans un club de foot, c’est le président qui inculque une dynamique et une ligne de conduite. J’ai travaillé pour de très grands présidents : Jean-Pierre Detremmerie à Mouscron, Francis Graille à Lille et le patron de la fédération algérienne. Je peux dire que Filippo Gaone est aussi un très grand président. Je demande aux joueurs d’être à son image, de répondre à sa confiance. Il est très réaliste aussi. Il sait qu’il ne fera jamais un nouvel Anderlecht avec La Louvière. Il raisonne comme Jacques Brel : on ne joue pas les riches quand on n’a pas le sou… Je préfère dire aux supporters que nous allons jouer le maintien. Si l’équipe fait beaucoup mieux, ça ne sera que du bonheur. Annoncer que nous allons viser le Top 5, ce serait prendre les gens du foot et les supporters pour des idiots.

Vous n’avez toujours pas d’entraîneur diplômé…

Je n’ai même pas envie de revenir là-dessus, tellement c’est absurde. Le DEPF d’Albert Cartier aurait moins de valeur qu’un diplôme belge payant qui n’existe que depuis quatre ans. Cette polémique, c’est beaucoup plus une question d’argent que de compétences.

Vous devrez quand même trouver une solution !

Maître Laurent Denis gère le problème. Léon Semmeling fera l’affaire s’il devient entraîneur de nos Espoirs. Mais, si nous le prenons, ce n’est pas parce qu’il est diplômé. C’est d’abord parce qu’il a le bon profil. Tant mieux s’il peut, en plus, apporter une réponse à cette difficulté administrative.

Pierre Danvoye

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