BOZZI COACH DE L’ANNéE

Pour sa première saison complète à la tête de Liège, GiovanniBozzi réussit l’exploit de remporter la Coupe de Belgique et de pousser le grandissime favori à la belle en finale des playoffs. A titre individuel, Giova est élu Coach de l’Année, récompense on ne peut plus méritée pour quelqu’un qui a toujours réalisé de grands résultats partout où il est passé. Certains avaient tendance à faire la fine bouche par rapport à ses performances avec Charleroi car il disposait soi-disant du plus important budget et de la meilleure équipe et ses succès étaient donc logiques. Il est en train de prouver avec un club aux moyens nettement inférieurs que ses compétences en matière de coaching sont tout simplement énormes. Je lui souhaitais de tout c£ur de s’être imposé lors de la cinquième manche au Spiroudome et ainsi de réaliser le doublé Coupe-Championnat.

Avant cette finale, beaucoup d’observateurs neutres estimaient que gagner une manche était pour Liège une réussite ; pousser Charleroi à la belle relevait tout simplement de l’exploit eu égard aux moyens déployés par les deux clubs. Après la deuxième manche, j’ai eu l’occasion de discuter avec Giovanni à propos du coaching et de comparer ensemble la différence entre nos deux sports : le basket et le football.

L’influence du coach sur le jeu et surtout sur le déroulement du match est beaucoup plus importante au basket qu’au football pour différentes raisons. Les dimensions réduites du terrain et le nombre inférieur de joueurs font évidemment que le coach en basket possède une plus grande proximité pour donner ses directives et corriger le positionnement de son équipe. Le fait de pouvoir remplacer un joueur momentanément, offre également une plus grande latitude à l’entraîneur dans la gestion de son groupe. Un avantage que possède aussi le coach au jeu à cinq est de pouvoir bénéficier de temps morts alors qu’en football, il doit attendre la mi-temps avant de pouvoir parler calmement à son équipe. Le mentor en basket gère son groupe en égalité numérique constante ; ce qui n’est pas le cas en football avec les sorties temporaires des joueurs qui nécessitent l’intervention du kiné en cas de blessures bénignes, les exclusions voire les éléments qui se blessent après le troisième remplacement.

Je pense sincèrement que deux petites modifications pourraient améliorer le travail de coaching dans le football. La première consisterait à surélever la position de l’entraîneur afin de lui permettre d’avoir une vue plus panoramique du terrain. Quand on voit la position dans le sol de certains bancs, je me demande comment le coach peut effectuer un travail efficace avec les yeux à hauteur des pieds des joueurs. Il doit alors compter sur l’intelligence des joueurs et sur l’autocoaching car son degré d’analyse en est plus que réduit.

La deuxième serait de permettre à l’entraîneur de bénéficier d’un temps mort par mi-temps afin de repositionner le groupe en cas de problème ou de donner certaines consignes défensives ou offensives en rapport direct avec les évènements du jour qui ne correspondent pas toujours à ce qu’on avait prévu. Pour toutes ces raisons, je pense qu’il ne faut pas exagérer la portée du coaching en football. Certes, réaliser les bons changements soit dans les positions, soit dans le dispositif tactique ou dans les substitutions est évidemment capital.

Mais, quand j’entends parler de génie tactique à propos de Didier Deschamps lors du match aller en demi-finales contre Chelsea, je ne peux que sourire. Qu’on ne vienne pas me dire que dans ce cas précis, ce n’est pas Dame Chance qui a donné un petit coup de pouce aux Monégasques pour permettre à ShabaniNonda de marquer à sa première touche de balle, 40 secondes à peine après son entrée au jeu ! Il est clair, cependant, que les mentors tactiquement très forts feront naturellement beaucoup moins d’erreurs que les autres, et certainement sur le long terme. Sur un match, le hasard intervient et c’est d’ailleurs ce qui fait l’incertitude et donc la beauté du football. Au niveau du basket belge, où le coaching intervient encore de manière plus poussée, Giovanni Bozzi a prouvé sur le long terme qu’il faisait partie de la race des tout grands.

éTIENNE DELANGRE

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