Boys in England

Deux défenseurs belges en Premier League. Ritchie a commencé très bas et est toujours une anti-star à Man U. Thomas, lui, est attendu à Arsenal comme quasi-titulaire !

Ritchie De Laet (20 ans) n’a pas de permis de conduire mais est sous contrat à Manchester United où Sir Alex Ferguson l’a aligné une seule fois en championnat ! Cette titularisation face à Hull lui a aussi permis de se distinguer au Japon (Kirin Cup) avec la légion des volontaires pour les Diables Rouges….

On te dit droitier, rapide et déterminé…

Ritchie De Laet : En Angleterre, on me fait jouer dans l’axe de la défense mais je suis également en mesure d’évoluer comme arrière droit ou gauche. Je suis fort de la tête, je peux sortir balle au pied et ma vitesse est mon atout principal. Il m’arrive souvent de pousser le ballon devant moi pour battre mon homme à la course. Comme Anthony Vanden Borre, j’aime bien donner l’impulsion depuis la ligne arrière. Je me retrouve également un peu en Nemanja Vidic : je ne suis pas un grand technicien mais, quand j’ai le ballon, il faut venir me l’arracher et je sais ce que je veux. Comme Thomas Vermaelen, Vidic se jette sur tout joueur qui entre en possession de balle dans un rayon de cinq mètres autour de lui. Pour le passer, il faut se lever tôt. Je suis un peu comme cela, je ne réfléchis pas à deux fois avant de me lancer dans un tackle.

Mais tu viens de très loin !

J’ai entamé ma carrière à Hoboken, en pointe. L’entraîneur disait : -Dégagez le ballon vers l’avant, Ritchie l’attrapera. A 13 ans, je suis passé au FC Malinois. Je faisais mes devoirs sur le siège arrière de la voiture et avalais une tartine en vitesse. A son retour du boulot, papa n’avait qu’une demi-heure pour faire Hoboken-Malines, dans le trafic. J’arrivais souvent en retard et je suis retourné à Hoboken. A 15 ans, je suis passé à Wilrijk, comme médian. Puis, j’ai sauté un an et, à 16 ans, je suis arrivé en Réserves à l’Antwerp.

Tu es issu d’une famille de footballeurs ?

Mon père a évolué en Promotion. Le week-end, ma s£ur aînée et moi l’accompagnions. Shana a 15 ans et joue avec les Antwerp Girls. En voyant mon père, j’ai compris de qui je tenais : il n’arrêtait pas de rouspéter sur l’arbitre et sur ses équipiers.

Et l’école ?

Ce n’était pas pour moi. Je voulais devenir soudeur subaquatique afin de réparer les trous dans les bateaux mais j’ai laissé tomber. En classe, je faisais des bêtises, mettais le feu aux vêtements des autres élèves pour l’éteindre aussitôt, n’arrêtais pas de rigoler. A l’Antwerp, j’étais toujours avec les Anversois et nous dansions dans le vestiaire.

A 17 ans, le coach anglais Warren Joyce te lance en Première.

Rarement : il ne me faisait pas jouer pendant tout un temps et voulait que je me remette en question et travaille davantage. Le plus difficile, c’est entre 15 et 18 ans. Quand on s’en sort sans dégâts, on est lancé. Mon père ne voulait pas que je sorte. Un jour, j’ai claqué la porte en disant que je n’avais droit à rien. Aujourd’hui, je dois le remercier.

A l’Antwerp, tu as tout de même été suspendu pour cannabis…

J’avais fumé un joint à une fête de Noël. J’ai purgé ma peine. Cela ne m’arrivera plus jamais. J’étais déçu par mon attitude. Heureusement, c’est à cette époque que j’ai rencontré ma copine. Jusqu’ici, elle a fait ma carrière.

Au tour final 2006-2007, tu joues cinq matches !

Mohammed Cissé a dû partir à la Coupe d’Afrique. Il y avait donc une place à prendre derrière. J’ai joué cinq matches. Par la suite, Kirk Hilton, un équipier, m’a demandé si j’aimerais jouer en Angleterre. La vitesse et le fighting-spirit de la Premier League m’avaient toujours attiré. Son manager avait vu le dernier match à domicile et m’avait repéré. Il est à présent mon agent depuis deux ans. C’est lui qui m’a emmené à Stoke City.

De Laet est lancé à 18 ans en Angleterre !

Peur de te lancer dans l’aventure de la D2 anglaise à 18 ans ?

Non. Un jour, il faut se lancer. Ils m’ont placé dans une famille d’accueil, des gens gentils mais je voulais être indépendant. En journée, j’étais heureux, je jouais au football, mais le soir je restais seul dans ma chambre et me demandais si j’avais bien fait de venir. En Belgique, ma copine et moi étions inséparables. Subitement, je me retrouvais loin d’elle. Dès qu’elle est arrivée, je me suis senti mieux à l’entraînement et nous avons trouvé une petite maison. Malheureusement, on a eu un accident. Le côté droit de notre voiture était démoli et nous avons eu très peur. Comme il y a eu un problème avec l’assurance, je jouais moins bien. Pendant l’entraînement, je pensais à appeler la compagnie d’assurance… Au final, ça nous a appris pas mal de choses et autant que cela arrive le plus tôt possible, afin de pouvoir en tirer les leçons.

A partir de quel moment cela a-t-il commencé à aller mieux ?

Stoke a terminé deuxième et est monté en Premier League. Comme j’avais été sur le banc à quelques reprises, j’ai eu droit à une partie de la prime. J’avais également disputé quelques matches de Coupe. Nous avons mis cet argent de côté en cas de coup dur.

Sur le plan sportif, tu n’as pas vraiment réussi à Stoke.

Au début, l’entraîneur me signalait ce que je devais faire et ne pas faire. Puis, il n’a plus rien dit. Quand un défenseur se blessait, il préférait changer un autre joueur de place que me faire jouer. En Belgique, on prétendait que je n’étais pas assez bon. Je doutais et jouais de plus en plus mal. J’ai été prêté à Wrexham, en cinquième division. Mais là non plus, ça n’a pas marché. J’ai eu des problèmes d’ordre physique. Après trois matches, j’ai été opéré d’une hernie. Je me suis retrouvé à Stoke et j’ai demandé à mon manager de me chercher un club en Belgique. Il m’a répondu que je pouvais aller à… Manchester United !

Avais-tu gardé contact avec Warren Joyce, qui entraîne la Réserve de ce club ? Où est-ce que ce sont les scouts de Manchester qui vous ont repéré à Wrexham ?

Un peu des deux. On a cité mon nom, Warren m’a soutenu. Je lui téléphonais souvent quand j’avais des problèmes à Stoke, pour savoir ce que je devais faire. Lorsqu’il joue avec nous à l’entraînement, il nous rentre dedans… C’est mon entraîneur et mon ami.

En Belgique, on a rigolé de ce transfert.

A l’Antwerp, on a dit que j’allais me planter. Mais la moitié des gens qui disaient ça ne m’avaient jamais vu jouer. Moi aussi, je me demandais si j’allais m’en sortir mais j’avais tout à gagner. Même si j’échouais, un passage par Manchester, ça fait toujours bien sur un CV… Quand il manquait un joueur pour un petit match des A, j’étais le premier à qui on faisait appel.

 » Good morning, Tintin ! « , dit Rio à Ritchie

Comment se sent-on parmi toutes ces vedettes ?

Au début, je faisais un détour pour ne pas traverser la salle de fitness où ils étaient, je n’osais pas croiser le regard de Ferguson. Mais si j’avais continué à faire cela, personne ne m’aurait respecté. Aujourd’hui, j’ai l’impression d’y jouer depuis des années. Quand j’entre, Rio Ferdinand lance : – Morning, Ritch ou – Morning Tintin. Après un certain temps, on fait partie des meubles et on fréquente Cristiano Ronaldo, Darren Fletcher ou Wayne Rooney. C’est spécial mais ces gars-là jouent au basket, au tennis de table et racontent des blagues comme les autres.

Le 24 mai, avant la finale de la Ligue des Champions, Ferguson a laissé reposer ses stars et vous a aligné lors du dernier match de championnat contre Hull.

Si j’avais mal joué, tout le monde aurait dit que je n’étais pas capable d’évoluer en Angleterre. Mais comme j’ai bien joué, on me demande ce qui n’a pas été à Stoke. C’est devenu la faute de Stoke, plus la mienne. J’ai concédé un corner stupide mais Fletcher m’a tapé sur l’épaule. Cela m’a mis en confiance, même si je savais que je n’aurais pas dû faire cela. Au repos, Ferguson m’a félicité et demandé de prouver que j’étais capable de faire aussi bien en deuxième mi-temps. Alors, j’ai osé davantage. J’ai été remplacé après 79 minutes. Le coach m’a applaudi et m’a dit que j’aurais difficilement pu faire mieux.

Manchester a gagné 0-1 et les journaux t’ont encensé.

Et je savais que des gens de Stoke lisaient le journal. J’espère qu’ils vont demander des comptes à cet entraîneur…

Deux jours plus tard, tu es sélectionné pour la Kirin Cup, où tu as fait forte impression.

Face au Chili, j’ai joué au back gauche et osé davantage que face à Hull car ce match m’avait donné confiance. J’espère que Frankie Vercauteren me sélectionnera encore pour le match amical contre la Tchéquie, le 12 août. Car pour moi, l’équipe nationale, c’est mieux que Manchester où je dois attendre ma chance. Si je ne deviens pas titulaire, j’espère être prêté rapidement. Si je peux jouer 40 matches de D2 anglaise, ma saison sera réussie.

Tu penses pouvoir être titulaire à Manchester ?

Je préfère me dire que ce ne sera pas possible et y arriver. Manchester n’est pas une £uvre de bienfaisance et Warren ne m’a pas fait venir pour mes beaux yeux. Si je ne m’étais pas bien débrouillé, le club l’aurait regardé de travers. Enfin, tout le monde a besoin d’un petit coup de pouce de la chance. Il suffit parfois de faire la bonne passe au bon moment devant la bonne personne pour faire carrière…

Arsenal a visionné Vermaelen plus de 30 fois

A 23 ans, Thomas Vermaelen est très fier de son passage de l’Ajax à Arsenal. Le défenseur a signé un contrat de quatre ans chez les Londoniens. Son nouveau coéquipier Robin van Persie l’affirme :  » Nous avions vraiment besoin d’un joueur comme Thomas. Nous devons renforcer plusieurs positions, parce que certains vieillissent et avons encaissé trop de buts la saison dernière. « 

Arsène Wenger est clair aussi :  » Je suis convaincu que Thomas nous conférera une réelle valeur ajoutée. « 

Comment s’est passé ce fameux vendredi 19 juin ?

Thomas Vermaelen : C’était le plus beau jour de ma vie, en tout cas sur le plan sportif. Qu’est-ce que je suis heureux et fier ! J’ai parfois encore du mal à réaliser ce qui m’arrive et j’ai dû me pincer pour m’assurer que je ne rêvais pas : eh oui, je fais désormais partie des cadres d’Arsenal. Le jour de la signature était dément. J’avais eu quelques semaines de vacances auparavant et je n’étais pas encore passé à Londres. Mon agent avait réglé tout pour moi. Le vendredi, j’ai d’abord été soumis aux tests médicaux, qui se sont bien déroulés. Ensuite, j’ai signé mon contrat et on m’a présenté aux supporters par le biais d’une interview sur Arsenal TV. J’ai bénéficié d’une visite guidée du stade : l’Emirates Stadium est tellement impressionnant, c’est un écrin dans lequel, il sera magnifique d’évoluer. A présent je dois encore régler certains détails pratiques comme mon logement. Je vais appeler van Persie pour obtenir quelques conseils, bien qu’Arsenal soit un club très professionnel où tout est réglé pour vous jusque dans les moindres détails.

As-tu déjà eu l’occasion de t’entretenir avec Wenger ?

Seulement au téléphone, étant donné que j’étais en vacances. Il m’a fait comprendre durant la conversation qu’il me voulait vraiment et qu’il espérait que le transfert se fasse. Les Gunners m’ont acheté pour occuper le poste d’arrière central, ce qui est à la fois ma meilleure place et celle que je préfère occuper. Mais Wenger sait que je fais mieux que me débrouiller au back gauche.

Arsenal a rapidement accepté les exigences de l’Ajax, soit 13 millions, mais par contre cela a pris plus de temps avant que tu te mettes d’accord avec les Anglais, notamment concernant ton salaire…

L’argent n’avait rien à voir là-dedans. Lorsqu’Arsenal vient vous chercher, vous y allez, tout simplement. On ne dit pas non à un club pareil. Reste que les négociations concernant un contrat ne se finalisent jamais en un jour. De plus c’était ma période de vacances, ce qui fait que l’accord a peut-être semblé long à aboutir pour certains. Mais j’ai immédiatement su que tout rentrerait dans l’ordre.

Voulais-tu absolument quitter l’Ajax ?

Non, certainement pas. L’Ajax demeure à mes yeux un club génial qui dispose d’un staff très sympathique. Je remercie tout le monde là-bas, tous ceux qui m’ont donné la chance d’arriver à un niveau tel qu’un club du top européen me voit comme un renfort. Nous avons vécu une saison très décevante mais je n’aurais pas été opposé à jouer un an ou deux de plus à Amsterdam. Il y a de belles perspectives, surtout avec l’arrivée de Martin Jol comme nouvel entraîneur.

A Amsterdam, on prétend cela chaque fois qu’un nouveau coach arrive…

Je n’avais absolument aucun problème avec Marco van Basten, je m’entendais même plutôt bien avec lui. Je n’ai rien de négatif à dire à son propos. Avec ce staff technique-là chapeauté par Jol, je m’attends à beaucoup de la part de mon ancien club. Lorsque je regarde les noms qui figurent dans le noyau, leur expérience, la composition de l’équipe qui entoure les joueurs, le club a fait de très bonnes affaires. Ils participeront certainement à la distribution des prix en fin de saison.

Jaap Stam lui a beaucoup appris

Revenons à Arsenal. Comment Wenger t’as-t-il débusqué ?

Les scouts d’Arsenal ainsi que Wenger m’ont vu à l’£uvre entre 30 et 40 fois lors des matches de l’Ajax et de l’équipe nationale. Même pendant les entraînements, il y avait parfois des émissaires du club londonien au bord du terrain pour m’évaluer. Bien évidemment que je le savais, mais cela ne m’a jamais distrait. Après le dernier match de championnat avec l’Ajax, à domicile contre Twente, les premiers contacts ont été noués entre Wenger et la personne qui représente mes intérêts. Je lui ai fait savoir que j’étais prêt à discuter avec Arsenal et ensuite tout a été relativement vite.

Prêt pour le grand saut ?

Je vais bien sûr devoir m’adapter à l’Angleterre et ensuite montrer ce dont je suis capable. Je sais que je recommence quasi de zéro et qu’il n’y a aucune garantie que je joue. Il me revient donc de me développer et de prouver ce que je vaux. Je ne me déroberai pas à cette ambition car je veux progresser par palier dans ma carrière. Ce défi à Londres constitue évidemment un pas de géant et je vais saisir ma chance à pleines dents. Oui, je suis prêt pour Arsenal.

Dans une interview il y a peu, tu affirmais encore :  » Ce ne serait pas une erreur de rester encore quelques années à l’Ajax. « 

J’ai en effet dit cela, mais lorsqu’on reçoit une occasion pareille, on ne peut décemment la laisser passer. Bien sûr, la question est de savoir quand un joueur est vraiment prêt pour le top. Wesley Sneijder l’était assurément : il était au meilleur de sa forme à l’Ajax et l’intérêt du Real Madrid est venu au moment opportun et logique. On vit le même scénario avec John Heitinga : il a lentement mais sûrement mûri dans son football, est devenu encore meilleur et a choisi de façon rationnelle l’Atlético Madrid.

Y a-t-il des parallèles entre le développement de Sneijder et d’Heitinga et le tien ?

Moi aussi, j’ai lentement grandi. Au beau milieu de la saison 04-05, j’ai été prêté au RKC Waalwijk, ce qui s’est avéré très bon pour le développement de mon jeu et de mon mental. A l’Ajax, je suis d’abord devenu titulaire, puis une valeur sûre et ensuite un pion important au sein de l’équipe. J’ai également beaucoup appris l’année où j’ai pu côtoyer Jaap Stam à Amsterdam. A présent, je dois continuer sur ma lancée.

Dernière question : Dick Advocaat est-il le sauveur des Diables Rouges ?

Avec lui comme entraîneur fédéral, on a fait le choix de la qualité et c’était nécessaire. C’est de toute façon une bonne chose que ce soit un Néerlandais qui ait été choisi, étant donné la vision et la conception du jeu qu’ils ont. Notre équipe nationale est jeune et talentueuse. Advocaat n’a pas son pareil pour former un noyau très soudé et conférer aux joueurs une mentalité de gagneurs. La Coupe du Monde en 2010 s’annonce difficile, donc autant se concentrer à fond sur les qualifications pour l’EURO 2012.

par kristof de ryck et anton lippold

J’avais tout à gagner en signant à Manchester. Ronaldo, Fletcher et Rooney shootent dans le même ballon que moi. (De Laet)

Pendant les entraînements à l’Ajax, il y avait des scouts d’Arsenal le long du terrain. (Vermaelen)

Il suffit parfois de faire la bonne passe au bon moment devant la bonne personne pour faire carrière… (De Laet)

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire