Boys and girls

La première semaine belge fut une guerre des sexes.

Le temps était pour une fois au beau fixe, pour la première journée des Internationaux de Wimbledon.

Christophe Rochus fut le premier à monter sur le terrain, alors que le thermomètre indiquait près de trente degrés. En face de lui, le quinzième joueur mondial, Roger Federer, un des hommes en forme cette année, qui révélait il y a quelque temps dans ces pages qu’il ambitionnait de devenir un jour numéro un mondial.

Christophe ne s’était pas beaucoup préparé au jeu sur gazon, une surface qu’il n’apprécie guère. Federer le comprit assez rapidement et ne laissa pas l’occasion à son adversaire de rentrer dans la partie. Le score final (6-2 6-3 6-2), sévère, reflétait bien la différence entre les deux joueurs sur cette surface si particulière qu’est le gazon.

Enervé, frustré, Christophe pestait sur l’herbe, après cette déconvenue : « Il ne m’a même pas impressionné. Je croyais que je pourrais au moins jouer un peu, mais il ne m’en a même pas laissé l’occasion. Je ne peux pas m’ennuyer plus que cela sur un court de tennis. Il a tout fait tout seul, ce n’était pas du tennis. C’est un garçon très doué, je le reconnais, mais il n’y a pas eu de match. Il faisait soit des aces, soit des coups gagnants, soit des fautes directes et des doubles fautes. Je n’avais jamais vu ça. A la limite, je crois qu’il préférait rater de temps en temps un point plutôt que de remettre la balle dans le court et ainsi me laisser jouer et trouver mon rythme. Je n’en ai rien à cirer du score, si le match se passe comme ça. Si c’est ça le tennis sur gazon, je préfère ne plus jouer ici. Moi, je fait du tennis pour avoir l’impression de jouer. Ici, il n’y a pas eu de jeu.

Tout ce que je veux maintenant, c’est oublier Wimbledon, rentrer chez moi en Belgique et, après quelques jours de repos, reprendre le tennis sur terre battue. L’année prochaine, je ne me prépare plus pour le gazon, je viendrai ici la veille de mon match et puis c’est tout. Quand je vois les tirages que j’ai eus en plus : à Nottingham, je tombe contre Thomas Johansson, le futur vainqueur, qui avait déjà gagné à Halle la semaine précédente. Et ici, je me prends Federer. Certains joueurs sont impossibles à jouer sur certaines surfaces. C’est le cas de Federer sur gazon. Son jeu, c’est une merveille et il peut espérer terminer numéro un mondial. Enfin, j’aurai au moins essayé : ce n’est pas comme certains Argentins ou autres qui ne viennent même pas sur gazon ».

En Coupe Davis, à Liège, contre le Maroc, la surface sera également rapide, puisque les joueurs belges l’ont décidé ainsi. Cela dérange-t-il Christophe?

« Non, on a choisi cette surface en fonction de l’adversaire, qui préfère la terre battue. En Coupe Davis, il faut surtout trouver la surface qui gêne les autres, plutôt que de prendre celle qui nous convient le mieux. C’est pour cela qu’on a pris du dur pour jouer à Liège au mois de septembre. Mais de toutes façons, je pense que ce sont Olivier et Xavier qui joueront contre le Maroc. Ils sont plus forts que moi sur surface rapide ».

Quant à l’US Open, qui débutera fin août, Christophe ne veut pas encore y penser. Je vais d’abord jouer sur terre : premièrement dans un Challenger à Venise, ensuite à Bastadt, Amsterdam et Poznam. Je n’arriverai à l’US Open que le vendredi avant la compétition. C’est presque aussi rapide que le gazon, mais je pense que c’est quand même un peu plus jouable. La couleur verte, je la préfère pour jouer au golf! »

Malisse doit apprendre à la fermer!

Xavier Malisse monta sur le court peu de temps après l’aîné des Rochus et se qualifia en prenant la mesure de l’Espagnol Jacobo Diaz, 68e à l’ATP-entry system : 6-2, 6-3, 6-3.

« C’était un premier match idéal pour rentrer dans un tournoi. J’ai livré une bonne prestation et ce fut assez facile, mais je dois bien reconnaître que mon adversaire n’était pas un foudre de guerre sur l’herbe. Et encore moins à la volée. Chaque fois qu’il montait au filet, je le mitraillais et il commettait la faute. Mais bon, c’est une victoire qui est bonne à prendre, notamment pour la confiance ».

Le second match de Xavier contre… Federer allait évidemment être plus difficile: « On verra bien ce qui se passera au seccond tour, mais je crois que j’ai une opportunité de gagner ce match. Si mon service passe bien, je peux espérer aller jusqu’au tie-break et alors, tout devient possible. Mais c’est sûr que c’est un fameux compétiteur : il n’est pas quinzième mondial pour rien. Il est vraiment très difficile à manoeuvrer, surtout quand il est en confiance. Mais il peut aussi commettre des erreurs et, à ce moment, ce sera à moi d’en profiter ».

Xavier avait déjà joué une fois contre Roger Federer en Coupe Davis contre la Suisse. Le Belge s’était imposé, mais cela fut difficile : « C’était sur terre battue. Je me souviens cependant de son jeu. Sa progression depuis vers la quinzième place mondiale m’a quelque peu étonné, mais c’est sa place. Je crois quand même en mes chances car j’éprouve de bonnes sensations sur gazon, c’est une surface qui convient bien à mon jeu en puissance et je suis persuadé que je peux y faire de beaux résultats. De plus, j’ai bien travaillé mon service et j’ai fait de bons progrès : j’ai plus confiance en moi désormais. A Rosmalen, j’éprouvais déjà de bonnes sensations, même si là-bas, c’était plutôt un champ de patate ».

Une des clés de la rencontre contre Federer allait certainement être le retour de service : « Il est toujours délicat de faire face à un joueur comme Roger, qui pratique le service-volée, sur le premier comme sur le second service ».

Le mercredi, Malisse se rendait sur le court numéro 18 du All England Lawn Tennis & Croquet Club pour affronter Federer, avec à la clef, la possibilité de disputer un troisième tour contre Jonas Bjorkman et peut-être, ensuite, un huitième de finale contre Pete Sampras, déjà sept fois vainqueurs à Church Road.

La partie débuta assez péniblement pour notre compatriote, qui ne faisait pas le poids face à la puissance de frappe du Suisse, qui pratiquait le jeu offensif que l’on attendait de lui. Roger Federer remporta d’ailleurs la première manche 6 jeux à 3 avant de se détacher à 5-3 dans le second set. Xavier Malisse parvint à revenir à 5-5, avant que le Suisse ne conclue à 7-5. Par la suite, le Courtraisien allait se montrer plus constant au service et au retour, et redoutable aux passing-shots, de revers comme de coup droit. Il remportait les deux manches suivantes 6-3 et 6-4. Dans le cinquième, il allait même breaker son adversaire pour faire 3-2.

« Mais je n’ai pas bien négocié ce jeu et, au lieu de faire 4-2 en ma faveur, il m’a contre-breaké pour faire 3-3 ». Dommage. D’autant plus que la suite du match allait tourner au cauchemar pour le Courtraisien. A 4-3 pour Federer, sur le service de Xavier Malisse, c’est 15-15. Sur le premier service, un juge de ligne annonce une faute de pied de Xavier. C’est la deuxième fois en peu de temps et Xavier ne contrôle plus ses nerfs.

« J’ai lâché un juron adressé à moi-même, mais quand j’étais tourné vers un autre juge de ligne. Puis, j’ai fait mon second service et, en plein échange, cet autre juge de ligne a traversé le court pour aller signaler à l’arbitre que j’avais juré, ce qui est interdit par le règlement. L’arbitre m’a alors attribué un point de pénalité pour obscénité audible, puisque j’avais déjà eu un avertissement auparavant, quand j’avais frappé ma raquette sur le sol ».

John McEnroe, célèbre pour ses terribles colères sur le court, fut interrogé au sujet de cette pénalité infligée à Xavier Malisse. Sa réponse fusa : « C’est la chose la plus stupide que l’on ait jamais faite à Wimbledon. C’est ridicule ». Ridicule ou pas, Xavier Malisse se retrouvait ainsi mené 15-30 mais, surtout, il était totalement déconcentré. Enervé, il ne parvint plus à se focaliser sur la rencontre et se fit breaker une dernière fois par Federer, qui conclut facilement la rencontre sur son service (6-3). Le Suisse pouvait serrer le point, tandis que le Belge frappait sa raquette sur le gazon, avant d’aller serrer la main de son adversaire, mais pas celle de l’arbitre : « C’est vraiment frustrant de perdre un match comme ça, sur un seul point, même si j’aurais peut-être dû le breaker avant. Je crois que c’est la défaite la plus difficile à avaler de toute ma carrière. J’avais un tour jouable après, j’espérais secrètement jouer contre Sampras et tout s’envole pour une bêtise sur un seul point. C’est d’autant plus dommage que je jouais vraiment bien, que mon tennis était bien en place; ce qui m’a permis de revenir à deux sets partout après avoir été mené deux-zéro. Mais il faut encore que j’apprenne à maîtriser mes émotions. Je vais en parler avec mon coach, David Felgate« .

Mais avant de se remettre au travail, Xavier allait évidemment prendre un peu de repos, en Belgique, en famille : « Je reprendrai la compétition à Los Angeles, fin juillet ».

Olivier prépare mal la Coupe Davis

Le mercredi de la première semaine, il ne restait donc plus qu’un Belge engagé dans le tableau masculin. Olivier Rochus, qui débutait son tournoi le mardi, avait en effet pris la mesure de l’Argentin Agustin Calleri, 80e joueur mondial, sur le score de 6-7 (5), 6-3, 6-3, 6-3.

Légèrement enrhumé, Olivier avouait qu’il revenait de loin dans ce match : « Il menait 7-6 3-1 et 0-30 sur mon service. Puis, il a commencé à jouer moins bien, surtout à servir moins de premiers services, ce qui m’a permis de le faire jouer plus. Ce n’était pas un spécialiste du gazon, mais ce fut quand même difficile. C’est une victoire importante, étant donné mon parcours ici l’an dernier (3e tour). Ce serait fabuleux de pouvoir à nouveau me qualifier pour les seizièmes de finale contre Patrick Rafter, mais avant ça, il faut encore jouer Hicham Arazi, qui a un bras extraordinaire et qui pourrait me gêner avec ses services de gaucher ».

C’est de fait ce qui s’est passé jeudi dernier, quand le Marocain s’imposa en trois manches, à chaque fois au tie-break, dans une partie qui fut interrompue longuement par la pluie.

« En fait, il a mieux négocié que moi les points importants », explique Olivier. »Comme à 5-3 pour moi dans le second set, ou dans les trois tie-breaks, que j’ai chaque fois mal commencés. C’est dommage car j’ai fait une bonne partie et j’avais profité de la pause pour me calmer. Cela m’avait fait du bien. Mais bon, il a très bien joué, surtout en revers. Je n’ai jamais vu un passing de revers comme le sien. C’est extraordinaire! Je crois cependant que je pourrai prendre ma revanche au mois de septembre, en Coupe Davis ».

Les mauvaises nuits de Henin

Nanties d’un parcours remarquable à Roland Garros, suivi d’une finale 100% belge à Rosmalen, où elles avaient choisi de faire leur retour pour préparer Wimbledon, Kim Clijsters et Justine Henin sont arrivées à Londres dans la peau de deux dangereuses outsiders, que personne ne voulait trouver sur son chemin. Comme à Paris, les deux jeunes filles étaient les seules représentantes de notre pays dans la tableau féminin.

Pour Justine, le tirage au sort avait désigné comme adversaire Sarah Pitkowski, classée 106e joueuse mondiale, mais ancienne pensionnaire du Top 50 qui avait notamment atteint le troisième tour lors des deux dernières éditions de Wimbledon.

Cotée à 25 contre 1 au bureau de paris William Hill, Justine fit une très belle entrée dans le tournoi en balayant littéralement la Française sur le score sans appel de 6-0 6-1. Une victoire nette et sans bavure, idéale pour commencer une compétition.

« Il s’agit d’un bon début, évidemment. Pourtant, c’était un match difficile à la base, parce que Sarah n’avait rien à perdre contre une tête de série et que je n’avais pas eu le temps de m’habituer à la surface de Wimbledon, plus rapide, plus glissante et qui fait rebondir la balle beaucoup plus haut. Je dois d’ailleurs encore m’entraîner pour parfaire mon adaptation à cette herbe. Cette partie pouvait donc se révéler un match piège mais, après des débuts un peu hésitants, j’ai bien négocié la suite de la partie ».

C’est d’ailleurs l’une des principales différences par rapport à Roland Garros, où Justine avait mis du temps à trouver ses marques dans le tournoi, sans doute à cause de la pression qui pesait sur ses épaules et de sa blessure à la cheville. Ici, rien de tout cela. Justine est tout de suite bien rentrée dans le tournoi. « Je crois que Rosmalen a constitué une préparation idéale : j’ai chassé mes vieux démons et bien réagi après Roland Garros. J’avais envie de tout de suite rejouer, de me remettre dans le bain, sans pression et pour cela, le tournoi de Rosmalen était idéal. Ici, à Wimbledon, il y a bien sûr un peu plus de pression à nouveau : il y a plus d’ambiance, plus d’obligations et c’est donc plus fatigant, mais je dois apprendre à relativiser les choses, comme je l’ai fait à Rosmalen ».

Le même jour que la première victoire de Justine, Martina Hingis avait été éliminée : « Mais je ne ferai pas de commentaires par rapport à mon tableau. Je sais que je suis dans la même moitié, mais on n’est encore trop loin des demi-finales. Je veux d’abord me concentrer sur mon prochain match, contre Kristie Boogert, qui est une spécialiste du gazon. Ceci dit, si je suis surprise de cette défaite de Hingis au premier tour, je peux la comprendre : Martina joue beaucoup de tournois tout au long de l’année et elle se fait rarement éliminer avant les demi-finales. Cela fait beaucoup de temps passé sur les courts et la fatigue, physique et mentale, s’accumule. Ce genre de défaite prématurée peut dès lors arriver ».

Qualifiée pour le second tour, Justine Henin retrouvait face à elle Boogert, anciennement classée 35e à la WTA, mais qui avait depuis chuté à la 125e place, ce qui l’avait contrainte à passer par les qualifications pour avoir droit à son ticket pour le tableau final. Néanmoins, il fallait se méfier de cette fille qui avait réalisé quelques-uns de ses plus beaux résultats dans des tournois sur gazon, comme à Rosmalen justement, où elle avait atteint trois fois les quarts de finale, ou à Wimbledon, où elle s’était par trois fois -de 1994 à 1996- hissée au troisième tour de la compétition.

Le déroulement de la partie allait confirmer ces craintes, puisque la Néerlandaise remporta la première manche 7 jeux à 5, avant de se détacher à 4-1 et 30-40 sur le service de la Rochefortoise. Boogert était manifestement plus à l’aise que son adversaire sur gazon, usant à merveille son service puissant, de ses coups droits frappés à plat et de ses volées tranchantes. « J’ai eu peur », expliquait Justine après son match. « On n’aime jamais se retrouver dans ce genre de situation. Mais j’ai gardé l’espoir. Je n’ai pas paniqué et je ne me suis pas mis trop de pressions sur les épaules ».

Jusque-là, Henin n’avait pas livré un grand match: « Je n’étais pas dans un grand jour sinon, cela aurait été plus facile. Mais je me suis battue contre moi-même pour renverser une situation compromise et finalement m’imposer 5-7 7-5 6-2 ». Mais pourquoi donc Justine n’était-elle pas en forme? « Je ne sais pas. Peut-être est-ce parce que j’ai mal dormi? Je n’ai pas l’air climatisé dans ma chambre et j’ai dû garder la fenêtre ouverte, alors qu’il y avait une soufflerie bruyante juste à côté. C’est une explication possible »

Par la suite, Justine expliquera qu’il s’agissait sans doute d’une certaine forme de décompression. « Après la finale à Rosmalen, je ne suis arrivée à Londres que le dimanche et je jouais déjà le lundi. Je n’avais pas eu le temps de décompresser, ce que j’ai fait après mon match contre Pitkowski. Sans doute que je n’étais pas encore tout à fait reconcentrée sur mon tennis avant de jouer contre Boogert ».

Toujours est-il que la Belge renversa la vapeur dans le second set. « Au premier set, j’étais surprise par son niveau de jeu. Elle mettait constamment la pression sur moi. Puis, il y a eu un tournant dans cette rencontre lorsque je l’ai breakée pour faire 4-3. Après, je l’ai fait plus jouer. Elle a alors commis plus de fautes directes. Mais cela fait longtemps que je n’avais plus été malmenée comme cela. Je suis donc très contente d’avoir pu renverser la situation. J’étais très près de la porte de sortie. Je crois que je devrai être plus vigilante par la suite ».

Outre la prestation moyenne de Justine, il faut aussi souligner la belle prestation de Boogert. « Je pense que j’ai évolué au-dessus de mon niveau pendant près d’un set et demi, confirme la Néerlandaise, ce qui a sans doute un peu surpris Justine. Mais moi, je savais qu’elle allait augmenter son niveau de jeu tandis que dans mon cas, je savais que ça ne pouvait qu’empirer ».

Justine Henin était qualifiée pour les seizièmes de finale, où elle allait rencontrer une autre spécialiste des surfaces rapides en la personne de Lisa Raymond, tête de série numéro 28 du tournoi, qui avait réussi un superbe parcours à Londres l’année dernière, ne tombant qu’en quart de finale. S’il y a un mot qui peut résumer la prestation de Justine Henin face à l’Américaine, c’est « irrégularité ». La Rochefortoise délivra neuf aces, mais quatre double-fautes et moins de 50% de premiers services, elle multiplia les coups gagnants et les fautes directes.

Son coach, Carlos Rodriguez partageait cet avis : « Justine n’a pas joué son meilleur tennis, même si, par moment, ce fut vraiment très bon. Mais elle a manqué d’agressivité, surtout dans le second set. Je crois qu’elle redoutait un peu son adversaire, réputée dangereuse sur gazon, et qu’elle n’avait sans doute parfois peur d’attaquer. Elle a manqué de lucidité et commis des erreurs tactiques. Elle aurait dû utiliser beaucoup plus son revers slicé et le suivre à la volée. Quand elle l’a fait au second set, elle remportait presque chaque fois le point. Bilan: cinq montées gagnantes sur six. Mais le contrat est rempli : elle est en huitièmes de finale, en ayant gagné son match en deux manches et en ayant évité les frayeurs qu’elle avait connues contre Kristie Boogert. De plus, dans le second set, elle a fait preuve de caractère en revenant de 5-2 à 5-5 : c’est très bon pour la confiance ».

Justine elle-même se montrait également satisfaite de ce résultat. « Me voilà maintenant en deuxième semaine. Un autre tournoi commence : les matches ont une autre importance. Il y a plus d’attention qui se focalise sur nous… Mais d’autre part, je n’aime pas dire que c’est une autre compétition qui débute, parce qu’il y a déjà des matches difficiles dans les premiers tours ». Vu que le dimanche entre les deux semaines de Wimbledon est consacré au repos, c’est seulement lundi que Justine affronterait sa prochaine adversaire. Il s’agissait d’ Anke Huber, qui avait remporté son duel contre Elena Dementieva en deux manches 6-0 6-2.

« Le match s’est passé trop vite pour que je puisse analyser le jeu de Huber », témoignait Carlos Rodriguez. « J’ai toutefois des informateurs et je sais que ce sera un tout autre match. L’Allemande préfère frapper ses balles du fond du court. Ce sera tout à fait différent par rapport à Boogert et Raymond. Il faudra donc varier beaucoup plus les coups et monter plus souvent au filet ».

Samedi dernier, Kim Clijsters avait rejoint Justine Henin en huitièmess de finale. Mais son parcours pour se hisser parmi les seize dernières joueuses fut beaucoup moins difficile que celui de la Rochefortoise.

Clijsters en famille

Pour son premier match à Church Road, Kim Clijsters avait hérité de Giulia Casoni, une Italienne qui en était à son deuxième Wimbledon et qui n’avait pas réussi à passer le premier tour l’an dernier. A l’instar de Justine, Kim remporta facilement ce premier match, en deux sets 6-0 6-2. Pas grand-chose à dire sur la prestation de Clijsters, qui avait bien effectué le passage de l’herbe de Rosmalen, plutôt destinée au football, comme le disait Olivier Rochus, vers le billard londonien, malgré le peu de temps qu’elle avait eu pour s’entraîner à Wimbledon.

« Je me sens vraiment bien ici », s’était-elle contentée de dire à sa sortie des prestigieux vestiaires de Wimbledon réservés aux têtes de série. « Je loge en famille dans une maison située à cinq minutes du club et c’est très calme, très plaisant ».

Deux jours plus tard, jeudi donc, Kim voyait Maureen Drake se dresser sur sa route. Une Canadienne, issue des qualifications, qui fait partie du circuit WTA depuis de nombreuses années -elle est professionnelle depuis 1991- mais dont le seul fait-d’armes est un quatrième tour à l’Australian Open en 1999. A nouveau, Clijsters ne fit pas dans le détail et s’imposa 6-3 6-1.

« Le score est certes sévère mais il fallait se méfier de Drake, car elle est capable de jouer très vite. Je dois reconnaître que mon tableau aurait pu être beaucoup plus difficile. Ma première semaine est tout à fait abordable et je ne peux pas me plaindre ».

Il semble en tous cas que Kim n’a pas changé depuis sa finale à Paris: « Je suis toujours la même jeune fille, qui joue au tennis pour se faire plaisir. Je ne ressens pas plus de tension. Même l’idée de jouer contre Martina Navratilova en double mixte avec Lleyton ne m’effraie pas. Quand j’avais joué contre Graf ici il y a deux ans, c’était en simple et j’étais quand même un peu nerveuse. Cette fois, ce n’est pas la même chose. J’ai beaucoup de respect pour Navratilova, mais je ne l’ai jamais vue jouer en live. Seulement à la télévision. Ce sera chouette ».

Mais deux jours plus tard, on apprenait que Kim et Lleyton avaient décidé de déclarer forfait pour le double mixte, préférant se consacrer chacun à leur simple. Sage décision, car le tableau de Kim allait tout doucement se corser avec, au troisième tour, une rencontre face à la tête de série numéro 27 du tournoi, l’Espagnole Angeles Montolio. Sur le court 18, où elle avait déjà battu Maureen Drake, Kim remit le couvert, s’imposant en deux manches 7-5 6-2. Sa prestation fut nettement moins convaincante. Commettant un grand nombre de fautes directes, la Limbourgeoise parut quelque peu tétanisée. Carl Maes, son coach, tenait une explication à ce match moyen : « Kim a très mal débuté la rencontre. Dans le deuxième jeu, alors que Montolio avait pris son service, elle a commis deux doubles fautes et deux fautes directes pour se faire breaker d’emblée. Si elle n’avait pas commis ces erreurs et si elle avait transformé ses occasions de faire 4-2, je crois qu’elle aurait gagné 6-2 6-0. On a d’ailleurs vu par la suite la différence qui existe entre les deux joueuses. Mais à cause de ces fautes, elle a douté d’elle-même, elle a hésité à attaquer et ce fut plus difficile ».

En huitièmess de finale, Kim Clijsters devait retrouver Meghann Shaughnessy (WTA 18), vainqueur d’ Amanda Coetzer au tour précédent. « J’ai déjà joué deux fois contre elle, à Scottsdale et à Stanfforf, et j’ai chaque fois perdu. Mais cela fait longtemps et c’était sur une autre surface. Ce sera difficile, mais j’ai mes chances ».

Laurent Gérard, à Wimbledon.

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