Bouquinez foot !

Le foot/TV somnole encore (à défaut d’avoir opté, estivalement, pour le sommeil profond) et vous êtes en vacances : c’est donc du temps pour lire du foot, l’aimer différemment, avec un peu de ce recul qui si souvent nous manque, tant la pléthore de matches sait nous engloutir… Alors, bibliothèque, Amazon ou votre libraire, faites-moi confiance et ruez-vous, voici du blabla qui m’a plu !

Simon Kuper et Stefan Szymanski, Les attaquants les plus chers ne sont pas ceux qui marquent le plus, De Boeck, 2016.

Travail de recherche enfin traduit de l’anglais, indispensable si le foot vous questionne autant qu’il vous passionne. Ces deux gars ont passé au crible des chiffres et des enquêtes tout ce que la langue de bois et le discours traditionnel font passer pour parole d’évangile : l’influence réelle du coach, les corners efficaces, les types de supporters et l’amour vrai pour le club, le rapport qualité/prix des joueurs achetés, l’influence des pénos accordés, l’importance de la taille du footballeur, les pays qui aiment le plus le foot, la relation entre TV et jeu violent, l’avantage de jouer à domicile, le pourquoi de la corruption qui rôde, courir vite ou courir beaucoup, tout est mis en équation ! On peut ne pas adhérer à toutes les conclusions, mais la lecture électrise : impossible de recommencer ensuite à regarder le foot de la même façon !

Philippe Kerr, Le mercato d’hiver, suivi de La main de Dieu, Le Masque, 2015 et 2016.

Footeux que vous êtes, vous allez dévorer : c’est du polar, par un spécialiste du genre qui connaît le foot et son milieu ! Disons que l’ancien joueur Scott Manson est d’abord T2 de London City en Premier League, puis T1 après l’assassinat du T1… et les meurtres se poursuivent dans le tome 2. Avec cette saga footeuse, ricaneuse face aux Wags, critique envers ces stars immatures, émouvante parfois, l’Anglais Kerr pourrait rivaliser bientôt avec les polars qu’Harlan Coben et son héros Myron Bolitar ont si bien réussi via le monde du basket US.

Luca Masali, Kadhafi, le foot et moi, Métailié noir, 2017.

Le titre italien original étant La Maledetta Vecchia Signora, vous comprendrez qu’il y est question de la Juve… et du Torino rival dont est tifoso le héros, dealer minable de cet autre polar, truffé d’embrouilles politico-footeuses ! Ça se passe dans le Turin des années 80, sur fond de drame du Heysel, de mafias et de l’empire Fiat d’Agnelli ; il y a de l’humour, et Masali arrive à dépasser le polar par ajout d’un émoi un tantinet désespéré.

Hyun-wook Park, Comment ma femme s’est mariée, Ph.Piquier, 2017.

Traduction récente d’un roman de 2006, cela narre sur le ton de la comédie (souvent déjantée) une relation amoureuse à Séoul entre un fan du Real Madrid, une fan du Barça, et un troisième larron car la fille n’est pas monogame ! Le trio rame pour arriver à jouer collectif, et l’auteur compare au foot pour analyser les fâcheries, recourant à la sociologie et aux citations footballistiques pour décrire les egos qui s’opposent. Aussi pour footeuses et femmes de footeux, car la mariée coréenne semble différer de l’occidentale…

Jean Bréhon, Sur mon banc, Les Lumières de Lille, 2013.

Alors coach d’une équipe de district dans le nord de la France, l’auteur a tenu un journal quotidien de sa saison 2011/12, et il travaillait par ailleurs comme sociologue/historien des pratiques sportives. C’est le récit des joies et peines d’un coach amateur, qui note l’immense écart avec le monde pro, et l’importance ici bien supérieure du lien social : ce que les gens arrivent à tisser dépasse les aspects technico-physico-tactiques. De l’avant-saison au sprint final en passant par la Coupe de France et la trève hivernale, y’a du bonheur sans que tout soit rose…

Ludovic Tenèze, 150 ans de football, Raison et Passions, 2015.

Une brique mais une bible pour tous ceux qu’intéresse l’histoire des Lois du Jeu depuis 1863 ! Tenèze y a consacré un doctorat, et l’évolution de chacune des 17 Lois de l’International Board correspond ici à un chapitre. J’avoue être un peu jaloux, c’est un approfondissement du Boardel de foot que j’avais commis en 2010 : mais j’étais moins aride…

PAR BERNARD JEUNEJEAN

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