Boss ? Gnaque ?

Non, durant 180′ face à la Bosnie, jamais nos Diables n’ont eu la gnaque, petit collectif de gamins paumés qu’ils étaient… Non, René Vandereycken ne fut pas le boss qu’on espérait, un vrai big chief est à la fois craint et respecté par tous, c’est-à-dire par toutes les composantes de son peuple footeux : gageons pour lui que VDE ait parfois réussi ce mix dans l’intimité des relations avec son groupe de joueurs, il l’a en tout cas complètement foiré avec le peuple et sa presse. Que le règne se soit terminé un premier avril est symbole parfait d’une farce qui prend fin : poisson énorme avalé par les naïfs que nous fûmes, ça fait trois ans qu’on s’imaginait que Vandereycken était l’entraîneur national !

Je ne crois nullement que nous disposons d’une génération particulièrement talentueuse, que VDE n’aurait pas su faire éclore. Je ne suis pas de ceux qui nous martèlent « Il y a du talent chez nous », à finir par croire que la Belgique est un Eldorado négligé. Nous sommes seulement un petit pays un peu mal foutu, qui eut jadis son tour – et tant mieux – au carrousel de la baraka footeuse, et qui peine à retrouver la floche. Un seul de nos joueurs fréquente, un peu laborieusement, le Gotha des clubs européens ; quelques autres tentent leur bonhomme de chemin dans le sub-top anglais, allemand ou italien. C’est trop peu pour se pousser du col. Mais c’est assez pour n’avoir jamais imaginé que des Bosniaques allaient nous planter six buts ! C’est assez pour avoir pensé en 2006 qu’avec René-le-madré, nous allions régulièrement tenir le zéro derrière, y compris contre un caïd à l’occasion ! Au plan strict des résultats, c’est cela la grande déception par rapport à nos petits moyens : VDE n’a jamais su être un entraîneur défensif performant.

Que le coach national soit sans cesse contraint à la traditionnelle langue de bois pour cause de secret-défense ou pour, selon la formule, préserver ses joueurs, j’admets. Mais préserver les uns a équivalu à se foutre des autres, des supporters, du peuple : la presse est un vecteur de communication à exploiter, pas un ennemi à bouder, René ! Un vecteur pour exprimer une tristesse quand ça foirait, un vecteur pour sourire les rares fois où ça marchait,… le foot est une communion, oui ou merde ? Remember Miroslav Blazevic et sa foule ! Plus que par ses résultats, VDE s’est brûlé en se drapant sans cesse dans son grand pardessus, pour nous la jouer prétentieuse, du genre je-comprends-le-foot-si-fort-si-fort-que-je-ne-trouve-plus-personne-à-qui-l’expliquer !

Mises en parallèle, deux des phrases lâchées par Vandereycken après le 2-4 de Genk me laisseront longtemps gros Jeunejean comme devant ! D’une part, j’ai lu -La tactique n’était pas mal, mais son exécution a laissé à désirer ; ce qui revient à se la péter, René révélant qu’il avait tout prévu, sauf que ses joueurs soient des branques ! Et d’autre part, notre penseur a lâché : -Je suis content que si peu de gens me comprennent, ce qui amène deux remarques. Primo, que VDE a été de plus en plus content de 2006 à 2009, et qu’il est aujourd’hui fort proche de l’extase. Secundo, que les Diables sont des gens comme les autres et que dès lors peu d’entre eux comprenaient le coach… pas étonnant que ses consignes n’aient pas été respectées !

Allez, je termine par deux remarques qui nous éloigneront de cette pathologie. Un, c’est toujours la merde en foot quand tu es mené, aussi le premier but ramassé à Genk revêt-il grande importance dans la débâcle finale. C’est pourquoi je râle à gogo sur Gil Swerts, qui fut sur cette phase un cas d’école de ce qu’il ne faut pas faire : rester tout seul cinq secondes au moins à contempler le ballon disputé devant toi, sans regarder dans ton dos pour voir s’il n’y aurait pas par hasard un adversaire qu’il conviendrait de garde-chiourmer,… je croyais que ça ne pouvait arriver qu’à Anthony Vanden Borre, j’avais tort. Deux, à l’aller comme au retour, les Bosniaques se sont jetés comme des grosses brutes dans les pieds belges, sous les yeux d’arbitres cette fois pleins de compréhension interprétative. Cela me fait me demander si la prise de risques ne se déplace pas dans le foot moderne : hier, elle consistait en un jeu fort offensif en priant pour ne pas prendre de but ; consisterait-elle aujourd’hui en un jeu fort viril en priant pour ne pas ramasser de cartons ? Qu’en pense René et consentira-t-il à me livrer cette pensée ?

par bernard jeunejean

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