Boonen comme Mutu ou Pantani ?

Crash dans le ciel du sport belge il y a une semaine : le champion cycliste Tom Boonen a consommé de la cocaïne ! C’est mis en évidence par un contrôle anti-dopage de la Communauté flamande en dehors des compétitions, à quelques jours du Tour de Belgique. La cocaïne n’est considérée comme produit dopant que lors des courses, pas en dehors. Mais bon, comme il s’agissait d’un contrôle étatique officiel, la – mauvaise – nouvelle a été transmise au Parquet. Si la loi belge condamne l’usage de stupéfiants comme la coke, elle est encore plus dure en ce qui concerne sa détention car on peut supposer qu’il s’agit de trafic. Les domiciles des parents de Boonen et de sa copine (Tom est domicilié à Monaco !) ont donc été perquisitionnés dans la foulée mais la police n’a rien trouvé. C’était la bonne nouvelle dans ce cauchemar juridico-sportif.

Résumons-nous : Boonen (qui n’a pas admis l’infraction mais s’est tout de même officiellement excusé auprès du monde entier…) ne peut pas être suspendu par le pouvoir sportif mais le pronostic est délicat en ce qui concerne la volonté du pouvoir judiciaire. Le Parquet va-t-il poursuivre ou pas ? C’est la première infraction de Boonen à la coke, drogue récréative très à la mode. Dans un autre domaine – celui de la conduite automobile -, Boonen est bien un récidiviste. Il a subi deux retraits de permis, à chaque fois pour vitesse excessive et en plus, dans le deuxième cas, pour état d’ivresse…

Boonen est un cow-boy mais c’est un champion. S’il n’avait été qu’un porte-musettes de son équipe, il aurait été viré séance tenante. Mais non. Quick Step, qui a été refusé au Tour de Suisse et le Tour de France, a pris toute l’affaire avec des pincettes, et Boonen est toujours là.

On espère pour lui que la suite de sa carrière ressemblera à celle du footballeur roumain Adrian Mutu et pas à celle de feu Marco Pantani. Mutu avait été suspendu pour usage de cocaïne quand il était sur le banc à Chelsea en 2004. Il se relança à la Juve l’année suivante et devint ensuite un pilier de la Fiorentina. Pantani, le Pirate, avait remporté le Tour d’Italie et le Tour de France en 1998 et fut contrôlé positif à l’EPO l’année suivante. En 2004, il décéda d’une overdose de cocaïne ! Les médecins ont toujours dit que les sportifs dopés trouvaient facilement un refuge dans cette drogue. Il n’empêche : aujourd’hui, quand un footballeur prend de la cocaïne on n’a pas de sueurs froides, par contre quand c’est un cycliste on imagine le pire…

On se souvient – toujours en 2004 ! – que l’attaquant grec du Standard (il venait de Gand), Alexandros Kaklamanos avait été pris pour contrôle anti-dopage positif à la cocaïne. Il a été suspendu et on n’a plus entendu parler de lui. Toujours en Belgique, il y a eu des victimes objectives des paradis artificiels (et donc d’eux-mêmes) : le tennisman des années 80 Bernard Boileau et un autre cycliste de la fin des années 90, Frank Vandenbroucke. Boileau n’avait pas été protégé contre lui-même parce qu’en tennis, le problème du dopage et de la drogue n’a jamais été pris au sérieux ; surtout dans ces années-là. Les tennismen avaient une réputation aussi sauvage que celles des stars du rock. Mais apparemment, ce ne sont jamais les contrôles de dopage ou de drogue qui dissuadent les gens… On sait que les deux catégories de produits se referment facilement comme des pièges sur l’utilisateur.

Boonen, clean par rapport au dopage, ne peut être considéré comme un cocaïnomane jusqu’à preuve du contraire. Reste qu’il sera encore plus attendu au tournant par les autorités de toutes sortes et que pour vraiment repartir, il se devra d’être irréprochablement clean, point barre. Mais c’est Boonen qui doit s’en rendre compte pour lui-même. En attendant, et pour tout le reste, qu’on lui fiche la paix.

PAR JOHN BAETE

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire