Boonen a un problème d’image

Il ne parvient pas à se défaire de l’étiquette de drogué.

La Belgique continue à associer le meilleur coureur de classiques de la saison au dopage, comme le révèle une enquête menée entre septembre et avril auprès de 1.950 personnes dans un sondage concernant le dopage dans le cyclisme.

Les personnes interrogées devaient notamment indiquer, dans une liste de dix coureurs, cinq sportifs ayant déjà été suspendus pour dopage par leur fédération. Le nom de Tom Boonen a été fréquemment coché. Entre décembre 2007 et mai 2009, le Campinois a été contrôlé positif à la cocaïne à trois reprises mais sans être suspendu, les contrôles ayant toujours eu lieu en dehors des compétitions. 36 % des personnes sondées sont pourtant persuadées du contraire. Des cinq coureurs qui n’ont jamais été suspendus, c’est le nom de Boonen qui revient le plus souvent, davantage que Damiano Cunego, Christophe Brandt, Lance Armstrong et Michael Boogerd.

Le leader d’Omega Pharma-Quick-Step a surtout un problème d’image auprès de ceux qui ne s’intéressent pas beaucoup au cyclisme. Plus de la moitié de ce groupe a cité son nom. L’ancien champion du monde a ainsi obtenu autant de voix, ou plus, qu’ Ivan Basso, Danilo Di Luca, Tyler Hamilton et Davide Rebellin, qui ont tous quatre été suspendus pour dopage sanguin. Même parmi les amateurs de cyclisme, une personne sur dix pense quand même que Boonen a été officiellement suspendu.

 » Quand un coureur est étiqueté dopé une seule fois, il ne parvient pratiquement plus à se débarrasser de cette tache « , conclut Daam Van Reeth, professeur d’économie à l’université de Bruxelles.  » Il semble que cette étiquette soit irrémédiablement collée au statut de cycliste pro.  »

Selon Van Reeth, qui a présenté les premiers résultats de l’enquête en Suisse, le cyclisme continue à traîner le poids de son passé.  » En ce sens, il est lui-même responsable de son problème de perception. Sur base du pourcentage de cas positifs, le cyclisme n’est pourtant que 23e au classement des disciplinées les plus accablées par le dopage en Belgique mais il ne parvient pas à faire comprendre à l’opinion publique l’ampleur de la lutte qu’il a entreprise contre le dopage. « 

La presse joue un rôle crucial.  » En 2011, on a trouvé dans la presse quotidienne cinq fois plus d’articles sur le dopage en cyclisme que dans les autres sports « , a calculé Van Reeth.  » On médiatise beaucoup les histoires de dopage et en général, l’attention portée à une crise en cyclisme ne correspond pas à l’ampleur du problème. J’en veux pour preuve les récentes accusations du journal De Volkskrant à l’adresse de Rabobank : ce dossier ne comporte même pas de faits nouveaux. La parution de tels articles empêche le public de faire la différence entre les vrais coupables, les faux positifs et les victimes de compléments alimentaires contaminés.  »

BENEDICT VANCLOOSTER

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