Bonnes NOTES

Le jeune gardien est un des principaux acteurs du bon début de saison d’un club qu’il a appris à respecter totalement.

Le rendez-vous était fixé dans son pays carolo natal. Non loin de Pont-de-Loup où il a décidé d’emménager avec sa compagne voici quelques mois. Silvio Proto joue à La Louvière car Charleroi n’a jamais pensé à lui… mais il reste fidèle au Pays Noir où il a grandi.

 » On a acheté une maison près de Charleroi car ma compagne doit encore finir ses études et ce n’est qu’à 25 minutes de La Louvière. Mais, on aurait été prêt à s’installer dans une autre région car ici, à Charleroi, la réussite suscite souvent la jalousie. Il n’est pas rare, lorsque je n’ai pas garé ma voiture devant chez moi, que je la retrouve couverte de crachats. La plupart des gens sont contents pour moi, mais certains m’envient « .

Malgré sa défaite anderlechtoise (2-1), La Louvière reste la révélation du championnat. Grâce notamment à son jeune gardien (21 ans) qui affiche déjà près d’une centaine de matches en D1. Contre les champions en titre, les Loups n’ont pas démérité faisant honneur à leur 3e place.

 » Je regrette le résultat et les deux buts qu’on a pris « , explique Proto,  » Sur le premier, j’ai été surpris car au moment de l’impact, j’ai eu l’impression qu’un pétard avait explosé. Il a fallu quelques secondes avant que je me rende compte qu’il s’agissait du ballon. Sur le 2e but, je savais où Pär Zetterberg tirait ses penalties. Et j’avais choisi le bon côté mais, comme il glisse, le ballon file dans la lucarne. Pour le même prix, il aurait pu aller au dessus « .

La Louvière occupait la 3e place. Mérité ou pas ?

Je crois que personne ne s’imaginait que l’on pouvait être 3e après 12 journées de championnat mais on n’a volé aucun point. On a obtenu les victoires que l’on méritait en jouant en groupe. On a très bien débuté le championnat. Cela nous a procuré la confiance nécessaire et les victoires se sont enchaînées. Regardez contre Anderlecht ! Je n’ai jamais vu La Louvière développer un aussi beau football après le 2-1. Et si on avait pu jouer de cette façon une heure durant, on repartait avec les trois points. Il s’agit de notre 4e défaite de la saison. Ce n’est pas dramatique d’autant plus qu’elle est intervenue contre Anderlecht. Mais quand on voit les événements, on aurait pu revendiquer autre chose. On a prouvé qu’on avait le potentiel. Il nous manque maintenant une certaine expérience. La prochaine fois, il faudra mettre la balle du 0-2 au fond.

Mais devra-t-on s’attendre à une baisse de régime de la RAAL ?

Non car nous ne sommes pas en surrégime pour l’instant. On a perdu des points bêtement notamment contre le Brussels qui égalise sur penalty ou lors de la venue du GBA où on aurait dû plier le match après notre premier but. Au lieu de cela, on encaisse en fin de partie et cela nous coûte deux points. L’entraîneur insiste sans cesse pour que l’on évite de perdre deux fois d’affilée. Et jusqu’à présent, cela n’est pas arrivé. Après une moins bonne prestation, on arrive toujours à retrouver notre mordant. Espérons que cela soit le cas contre St-Trond. Il faudra retenir les bons côtés du déplacement à Anderlecht. Contre les Limbourgeois, on verra si on mérite notre 3e place.

Mais quel est donc l’objectif du club ?

Pour le moment, on continue à parler de maintien. Mais ceci dit, si le 30 juin, on termine seulement 16e, on sera terriblement déçu au vu des résultats du début de saison. A l’heure actuelle, il n’y a que Bruges qui s’est montré vraiment supérieur à nous. Même le Standard a été dominé au Tivoli malgré sa victoire. Il y a actuellement sept équipes qui peuvent prétendre à cette 3e place. Et je pense que l’on peut rivaliser avec elles si on continue à jouer en groupe.

Ces résultats t’ont permis de te mettre en évidence et d’encore accélérer ta progression…

J’ai progressé énormément depuis mes débuts en D1. Mais cela ne s’est pas fait naturellement. Par le travail, j’ai pu apporter certaines corrections techniques à mon jeu. A force de persévérance, j’ai pu assimiler des gestes plus compliqués. Ma position dans le but s’est améliorée. J’ai apporté une fluidité à ma façon d’effectuer les petits pas. Je suis également plus présent sur les ballons aériens. Cela provient du changement de ma physionomie. Au début de ma carrière, je pesais 68-70 kg. Maintenant la balance affiche 78 kg. J’ai suivi un programme de musculation pour m’imposer plus aisément dans mon petit rectangle. Lors de ma première saison, je n’arrêtais pas de prendre des coups. Désormais, mon corps absorbe plus facilement les chocs.

Encore plus explosif qu’avant. Et gueulard !

Mais est-ce que ce changement ne s’est pas fait au détriment de la vivacité ?

Le programme de musculation était étudié pour que je conserve mes qualités propres. Non seulement, je n’ai pas perdu de vivacité mais au contraire j’ai amélioré ce point. On travaille beaucoup à l’entraînement mon explosivité sur les quinze premiers mètres.

On voit aussi que tu aimes donner de la voix pendant la rencontre…

J’essaie de commander ma défense. C’est aussi ma manière à moi de vivre le match. Ainsi je parle beaucoup dans les rencontres où je ne vois pas le ballon. Cela me permet de rester concentré et de ne pas m’ennuyer dans les buts. Auparavant, j’étais fort stressé avant le coup de sifflet initial Maintenant, il s’agit d’une pression positive que je gère beaucoup plus facilement. S’il me reste une appréhension, ce serait de commettre une erreur fatale. Je dois sans cesse rester concentré même quand je n’ai pas beaucoup de travail car il se peut que je doive sauver une occasion à la 94e minute de jeu sur mon premier ballon difficile. Le match contre Mons en est le parfait exemple. Je n’ai pas eu grand-chose à effectuer. Mais je dois quand même sortir un ballon chaud du pied en début de match. Sur l’action qui suit, on inscrit notre premier but. Mon arrêt a donc été prépondérant. Je sors de ces rencontres vidé car j’ai dû sans cesse maintenir mon esprit aux aguets.

Quel est le rôle de tes défenseurs actuels ?

Je n’ai jamais vu de défenseurs relax. Ce sont des chiens qui ne lâchent pas leur prise. Ils sont hargneux. C’est le rôle du gardien de gueuler pour mettre la pression sur ses défenseurs et les maintenir concentrés s’il le faut. A La Louvière, j’ai de la chance de jouer avec des défenseurs expérimentés comme Geoffray Toyes ou Yannick Zambernardi. Toyes me dit que je fais bien de parler. Zambernardi m’a quant à lui expliqué qu’en Ecosse, les gardiens jouaient très haut en sortant souvent de leur rectangle. Ils me conseillent tous les deux.

Le style de jeu actuel de La Louvière te convient-il mieux ?

On possède une meilleure équipe mais je suis plus souvent sollicité que la saison passée. C’est normal car on joue de façon plus offensive. On arrive à prendre le jeu à notre compte ce qui n’était pas souvent le cas par le passé. On s’expose donc plus facilement à des contres.

Et toi aussi, tu as dû t’adapter au nouveau système et aux nouveaux joueurs ?

Oui. Je suis obligé de varier mes dégagements. Ainsi, les défenseurs et les extérieurs demandent que je dégage à la main car c’est plus précis. Comme notre entrejeu joue assez bas, il préfère les longues chandelles pour pouvoir récupérer et se replacer. Quant aux attaquants, grâce à leur rapidité, ils arrivent toujours à se débrouiller sur les longs dégagements.

Les attaquants louviérois sont donc habitués à tes dégagements ?

Oui et non. A l’entraînement, lors des petits matches, je ne dégage jamais. J’essaie de relancer de l’arrière pour construire le jeu. Lors des matches, ce genre de situation est moins fréquent. Les défenseurs jouent très peu avec moi car l’entraîneur veut que l’on évolue vers l’avant. Ils ne me sollicitent que si vraiment ils n’ont pas d’autres solutions.

La concurrence n’est pas vraiment vive au poste de gardien. Ne manque-t-il pas quelqu’un pour te pousser dans le dos ?

Même si ce sont des jeunes, il y a quelqu’un derrière moi. La Louvière a décidé de ne pas acheter de gardiens venus d’ailleurs. Le club fait confiance aux jeunes. Je vois mes substituts progresser de jour en jour. Quand j’ai débuté, Ola Tidman était plus âgé que moi. Cela ne m’a pas empêché de m’imposer.

 » Je ne regarde pas trop les erreurs de mes collègues  »

Les gardiens ne sont pas à la fête ces derniers temps en Belgique. Que ce soit en Ligue des champions ou en sélection nationale…

Je préfère ne pas trop regarder les erreurs de mes collègues. Par contre, je m’inspire des grands gardiens. On a toujours quelque chose à en retirer.

Pourtant, tu as quand même dû penser à l’équipe nationale. Ton nom est cité depuis quelques mois maintenant…

Bien sûr que j’y ai pensé mais c’est l’entraîneur qui fait ses choix. La Fédération a eu tout le loisir de me juger puisque je joue en équipe Espoirs. J’ai 21 ans et j’ai encore tout l’avenir devant moi. Mais c’est délicat pour moi de parler de l’équipe A car le football est un drôle de monde.

Tu te sens quand même prêt à relever le défi international ?

Oui. C’est une chance inouïe que tu ne peux pas refuser. Je reste sur trois grandes prestations avec les Espoirs et je me sens prêt pour le niveau supérieur. D’autant plus que je me sens bien dans les buts.

Ne crains-tu pas que ton expulsion contre l’Espagne avec les Diablotins joue en ta défaveur ?

Non car je maintiens que ma carte rouge était injustifiable. S’il s’était s’agi d’un gag, tout le monde aurait rigolé. Je maintiens que l’arbitre s’est trompé. Je dois juste admettre que l’erreur est humaine.

Mais après ta rupture de contrat il y a deux ans, voilà un autre coup dur pour ton image…

Le public ne m’en a jamais voulu. Je me suis senti soutenu même après mon retour à La Louvière. Le seul moment délicat que j’ai connu est intervenu quand j’ai rejoué après ma blessure et que le public a scandé le nom de Jan Van Steenberghe.

Et ce genre de réaction peut-il affecter ton moral ?

Non. J’arrive à faire abstraction de tout cela. Quand je réalise une mauvaise rencontre, je m’en veux mais je serais prêt à rejouer le lendemain pour remettre les pendules à l’heure.

Il y a également beaucoup de bruits de transfert te concernant…

Je n’y pense pas encore maintenant. Je dois me focaliser sur mon jeu. Je possède encore un contrat jusque juin 2006. En fin de saison, j’analyserai les opportunités qui s’offrent à moi. Mais pour le moment, je préfère jouer mes matches sans trop penser à l’avenir. Le club sait que je veux finir la saison à La Louvière. Je ne partirai donc pas durant le mercato. On s’est fixé des objectifs et je ne trouve pas correct de partir en pleine saison. Janvier, c’est la continuité d’une saison déjà largement commencée. Je préfère débuter une saison avec un groupe. J’espère simplement que, quand il faudra prendre une décision, les deux parties trouveront un arrangement. Car je ne voudrais pas partir sur une fausse note comme cela avait failli être le cas il y a deux ans. Avec le recul, je me dis que je n’avais pas pris la bonne décision. La Louvière m’avait formé et lancé et moi, je lui faisais un sale coup. Cela m’a fait réfléchir car je ne suis pas ce type de joueur.

Tu as passé des tests à Portsmouth en juin passé. Pourquoi n’ont-ils pas été concluants ?

D’abord, je trouvais que ce n’était pas nécessaire de partir absolument. Ma compagne avait encore des études à finir jusqu’en juin 2005. Il ne s’agissait donc pas de la meilleure solution. Cependant, je garde de bons souvenirs de ces deux jours. J’avais même disputé une rencontre avec les Anglais. J’opterais plus facilement pour ce championnat que pour celui d’Italie. Les attaquants ont plus d’occasions et je préfère être canardé que de jouer mon match sur une action.

Et en Belgique, tu as des contacts ?

Il y a quelques saisons, Anderlecht m’avait proposé un poste de 3e gardien mais j’ai opté pour La Louvière qui me choisissait comme doublure. Cependant, je peux comprendre les personnes qui signent à Anderlecht pour un poste de 3e gardien. Ainsi, à l’âge de Van Steenberghe, je l’aurais fait aussi. Mais désormais, je crains que les clubs belges reculent devant mon prix…

Stéphane Van De Velde

 » Je crains que les clubs belges RECULENT DEVANT MON PRIX…  »

 » C’est délicat pour moi de PARLER DES DIABLES. Le foot est un drôle de monde  »

 » J’ai pris 8 KILOS DE MUSCLES car j’encaissais trop de coups  »

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