Bonnes bases
Il aimerait rester à Feyenoord et ne jouera pas en Asie pour un transfert juteux.
Les statistiques prouvent pourtant le contraire: 66% de ses envois sont cadrés et 34% atterrissent au fond des filets. Mais l’international danois reste très discuté. A tel point qu’à la fin de son bail, le club de Rotterdam lui a proposé un contrat revu à la baisse. Dans son message de Nouvel An, Rob Baan, membre de la commission technique, lui a même reproché son comportement.
« J’étais au Danemark et c’est un ami qui assistait à la réception qui m’a mis au courant », dit Tomasson. « De retour à la maison, j’ai même écouté le discours sur le site internet du club. J’avais rêvé meilleur accueil à mon retour de vacances et cela m’a fait mal ».
Rob Baan: « En fonction de son budget, le club a fait une excellente proposition à Tomasson mais celui-ci ne l’a sans doute pas trouvée à son goût. Alors, je dis qu’on n’achète pas l’amour qu’avec de l’argent. Nous avons tenté de négocier pendant un an mais tout a une fin. Jon Dahl est déjà l’un de nos plus gros salaires et nous ne pouvons pas faire plus ».
Tomasson: « Ce ne sont pas les mots qui me font mal mais l’image qu’on tente de donner de moi. C’est pourquoi j’ai répondu sur mon propre site que tout cela n’était que mensonges: je n’ai jamais rien exigé. Le discours semble faire croire que les négociations ont échoué mais il n’y a pas vraiment eu de négociation. Pendant les vacances, j’ai reçu une proposition à la baisse de Feyenoord. Je l’ai renvoyée en écrivant que, selon moi, il y avait une erreur ».
La différence de salaire était-elle si importante? « Je ne veux pas donner davantage de détails », dit Tomasson. « Deux mois avant la trêve, Feyenoord est revenu à la charge. Nous étions alors fort occupés par la Ligue des Champions et j’ai renvoyé un mail en disant que nous aurions le temps de discuter entre Noël et Nouvel An. Personne n’a jamais répondu. pourtant, le jour du discours, j’ai reçu un fax. Rien de bien concret, même pas de date. Tout cela est très étrange. Quand on veut conserver un joueur, on ne revoit pas son contrat à la baisse. Si le club ne peut plus se permettre un tel salaire, qu’il le dise en face ».
Depuis le premier janvier, il a le droit de discuter avec d’autres clubs: « Jusqu’ici, je ne l’ai pas fait. J’attends Feyenoord, je suis patient et j’espère que la situation va changer. Beaucoup de gens me conseillent de partir, mais je ne suis pas pressé ».
Feyenoord: bien sur le terrain, mauvais à côté
Sur le plan sportif, tout se passe pourtant bien pour lui et il s’entend à merveille avec Van Hooijdonk, qui joue davantage en pointe. Feyenoord est leader aux points perdus et, ensemble, les deux joueurs ont déjà scoré à 29 reprises. « Je ne peux pas expliquer ce qui se passe », dit Tomasson. « J’ai toujours été correct avec Feyenoord, même s’il y a eu des problèmes par le passé ».
Le Danois fait référence au fait que, l’an dernier, alors qu’on discutait de primes pour la Ligue des Champions, son salaire (892.416 euros, soit environ 36 millions de francs) fut rendu public devant un tribunal. « Moi, j’ai oublié cet incident. Manifestement, ce n’est pas le cas de tout le monde. Ce qui m’énerve, c’est que Feyenoord fait de moi un type qui ne joue que pour le fric ».
Après tout, il est quand même en position de force: international en fin de contrat, titulaire dans un grand club… « Le problème, c’est que j’aimerais rester à Rotterdam. Je suis ici depuis longtemps et mon but n’est pas d’empocher un maximum de pognon en peu de temps. Je n’ai que 25 ans, j’ai l’ambition de jouer à Feyenoord, d’être champion avec ce club. Je ne suis pas pressé. Je suis un type calme, il est important que je me sente bien. Feyenoord n’a jamais été aussi fort que maintenant et le noyau est très large ».
Son échec à Newcastle, où il passa un an après trois saisons à Heerenveen, lui a-t-il appris à ne pas prendre trop de risques? « C’est autre chose. J’étais beaucoup plus jeune à l’époque. Je n’ai pas supporté la pression. Deux ou trois attaquants se sont blessés en même temps et, à 21 ans, je me suis retrouvé à la pointe de l’attaque. C’en était trop pour moi ».
Il dit aimer le mode de vie des Hollandais, pratiquement le même qu’au Danemark.
« Combien de Danois ne se sont-ils pas installés en Hollande? Arnesen, Lerby,… Heintze a épousé une Hollandaise et est déjà patron de trois entreprises. Il finira ses jours ici. Andersen est resté en Belgique, Olsen aussi… En bateau, il ne faut qu’un quart d’heure pour se rendre du Danemark en Suède tandis qu’il faut huit heures pour arriver aux Pays-Bas mais nous sommes plus proches des Hollandais que des Suédois. Entre nous, ça marche. Sur le terrain aussi car il y a beaucoup de Danois en Hollande. C’est un football positif. Je regarde de temps en temps la télévision mais quand je vois les matches en Italie… Jésus! Il ne s’y passe rien ».
De plus, les footballeurs sont tranquilles en Hollande.
« C’est vrai! Henriksen, un international danois, joue à Panathinaikos. Si vous saviez ce qu’il me raconte… La préparation dure un mois. Un mois! Helveg et Laursen, qui évoluent à Milan, me disent que les Italiens passent des semaines à la montagne et tous leurs week-end au vert. Je n’aimerais pas cela. Pour moi, la qualité de vie, ça compte. En Angleterre, c’est le cas aussi: on joue beaucoup de matches et les journaux vous suivent partout. Moi, j’aime ma vie privée, manger un bout. J’aime les mentalités positives et pour cela, rien de tel que la Hollande. L’Angleterre est un beau pays mais j’ai déjà donné ».
Le Danois n’est pas comédien
Bizarre comment une situation que beaucoup trouveraient idéale se révèle plutôt ennuyeuse pour Tomasson. A moins qu’il ne joue la comédie.
« Pas du tout. C’est peut-être très intéressant pour les journalistes mais j’aurais préféré que tout cela ne se sache pas ».
La solution pourrait-elle venir d’autres grands clubs hollandais? Il a déjà refusé deux offres de l’Ajax. Et si le PSV se présentait? « Je n’accepterais pas. Pour l’une ou l’autre raison, ça n’irait pas. C’est du passé mais, après quatre ans passé à Feyenoord, je ne peux pas faire cela. J’ai mon orgueil. Après une défaite, je suis aussi triste qu’un supporter ».
Entre-temps, Feyenoord a déjà dit que notre compatriote Thomas Buffel, qui fait forte impression à l’Excelsior, son club satellite, pourrait remplacer Tomasson. Ce dernier éclate de rire: « Tant mieux pour Buffel, un brave type, doué et doté d’une bonne mentalité. Je lui souhaite de réussir. Mais tout cela fait partie du jeu joué par Feyenoord… »
Qu’attend-il de la Coupe du Monde?
« J’espère que ce sera une belle compétition. Notre tirage est à nouveau très difficile, avec la France, l’Uruguay et le Sénégal. Notre équipe de base est très forte malheureusement notre noyau est très étroit, nous ne possédons pas deux joueurs de même niveau pour chaque place. Dans un tournoi, cela peut poser des problèmes. Notre 11 de départ est formidable. L’an dernier, nous n’avons perdu qu’un match amical ».
C’était face à la France qui, tout doucement, devient la bête noire des Danois. « Nous nous sommes inclinés 1-0. Nous sommes donc en progrès par rapport à l’EURO, où les Français nous avaient battus 3-0. »
Depuis, Peter Schmeichel, le gardien, a fait ses adieux à l’équipe nationale. Le Danemark a perdu son géantqui, pour Tomasson, a été correctement remplacé. » Tomas Sörensen est évidemment très différent mais il n’a que 26 ans et joue déjà depuis quatre ou cinq ans à Sunderland. Il a du talent et est très calme, très sobre. En défense, nous avons quelques problèmes car nous manquons de joueurs. Dans l’entrejeu et en attaque, par contre, nous avons énormément de possibilités. Je m’entends bien avec Ebbe Sand de Schalke qui a marqué neuf buts en phase éliminatoire. Cela fait quatre ans que nous jouons ensemble et cela se passe très bien. Ebbe a déjà eu sa part de problème cette saison en étant blessé deux fois. Heureusement, il est bien revenu dans le parcours ».
Les forces de l’entraîneur danois Olsen
A l’EURO, le Danemark était entraîné par un Suédois, Bo Johansson. Aujourd’hui, c’est Morten Olsen qui dirige. « Un excellent entraîneur, très professionnel. Avec lui, tout est réglé dans les moindres détails. Johansson était très bon aussi mais, après un certain temps, il faut du changement ».
Le Danemark a ainsi terminé premier de son groupe, devant la République Tchèque. « Une bonne équipe, ces Tchèques, comme vous avez pu le constater. Pourtant nous les avons balayés à deux reprises. Cela vous donne peut-être une meilleure image de nos qualités ».
Le Danemark actuel est-il meilleur que celui qui fut éliminé au premier tour de l’EURO 2000, après avoir été versé dans un groupe très fort (République Tchèque, France, Pays-Bas)?
« Oui mais, à l’époque, nous avions des circonstances atténuantes. Six titulaires étaient blessés et ne jouaient qu’à 70% de leurs possibilités. Dans ces conditions, impossible de faire mieux. Nous tenions une heure puis, finito. Si nous avions été en meilleure condition, nous aurions pu offrir davantage de résistance car nous étions très bien préparés. Nous avions gagné 2-3 à Naples, nous avions explosé Israël en matches de barrage (0-5 et 3-0). Nous restions également sur une très bonne Coupe du Monde en France, où le Brésil avait éprouvé les pires difficultés à nous éliminer en quarts de finale… On peut compter sur nous en Corée du Sud. Nous disputerons notre premier match face à l’Uruguay et nous devons l’emporter, même si cette équipe présente une défense très solide. Après, nous affronterons le Sénégal. Avec un peu de chance, nous serons déjà qualifiés pour le deuxième tour avant d’affronter la France ».
Après le retrait de Schmeichel, c’est Jan Heintze qui a hérité du brassard de capitaine, à 38 ans. « Presque 50, vous voulez dire? Il n’est pas normal qu’il soit encore pratiquement chaque fois un des meilleurs ».
Il mange du requin. Et Tomasson? « Non, c’est infect, ce truc. Vous n’imaginez pas ».
Peter T’Kint,
« Je m’attends à un superbe Mondial »
« Je ne chasse pas l’argent »
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