BONNE médecine

Bruno Govers

Les Bruxellois sont passés de P3 en D3 en cinq ans avec un toubib comme coach !

Il avait fallu autrefois huit saisons, entre 1976 et 83, pour que feu le Germinal Ekeren passe de 3e Provinciale au même niveau en Nationale. Un record battu aujourd’hui par le White Star Woluwé, auteur d’une ascension similaire en l’espace d’un lustre à peine. Le tout, sous la coupe d’un seul et même coach : le Dr CharlyChapelle.

 » Quand nous sommes montés de P2 en P1, en fin de campagne 2000-01, le président Michel Farin avait émis le souhait de rallier la D3 dans les cinq ans « , se souvient-il.  » Finalement, nous avons deux années d’avance sur notre tableau de marche. A présent, l’idée est de poursuivre gentiment notre petit bonhomme de chemin avec l’espoir, qui sait, de rejoindre un beau jour le gratin du football belge, à l’image des banlieusards anversois. Je serais heureux de participer à cet aboutissement, même si je mesure fort bien que les derniers échelons seront les plus difficiles à gravir « .

Diplômé en médecine, Charly Chapelle (53 ans) a toujours combiné ses occupations professionnelles avec sa passion pour le ballon rond. D’abord à Anderlecht (comme membre de l’antenne médicale de 1976 à 1988) puis au Racing Jet Wavre (coach des juniors UEFA au début des années 90) et enfin au RWDM (préparateur physique avant la faillite du club).

 » J’ai eu la chance, durant près de trois décennies, de pouvoir côtoyer à la fois des coaches et des joueurs aussi emblématiques que Raymond Goethals, Tomislav Ivic, Paul Van Himst ou encore Arie Haan  » souligne-t-il.  » Pourtant, je n’hésite pas à affirmer que j’ai retiré le plus d’enseignements au contact de garçons qui, comme Emilio Ferrera chez les Macas ou Ariel Jacobs à Molenbeek , ne s’étaient pas distingués par une grande carrière en tant que joueurs. Ces deux-là m’ont convaincu d’embrasser les cours d’entraîneur de l’Ecole du Heysel où mes camarades de classe avaient pour noms, entre autres, José Riga (coach-adjoint au Standard) et Patrick Thairet (coach à l’Olympic) « .

Performant sur les bancs, puisque reçu avec grande distinction, Charly Chapelle aura réussi la gageure, durant le même temps, de collectionner les honneurs : avec son club, il n’aura fait de surplace qu’une seule et maigre année, en 2002-03, lorsque Woluwé bissa sa 1re Provinciale.

 » Pour demeurer au sommet, il convient de se renforcer chaque saison « , observe-t-il.  » Aussi, de l’effectif que j’avais sous mes ordres à mon arrivée au stade Fallon, il ne reste plus vraiment grand monde, à l’exception de Yayu Baramoto et Mathieu Biot. Cet été, 13 nouvelles têtes ont été accueillies, tandis qu’elles étaient au nombre de 9 la saison passée. Certains soutiennent que ce remodelage incessant nuit à l’expression collective. Ce n’est pas du tout mon avis et les résultats obtenus ces dernières années abondent indéniablement dans ce sens. A mes yeux, ce n’est jamais l’entraîneur qui inculque des automatismes. Davantage que ses propres directives, c’est le feeling des joueurs qui importe. Ce n’est qu’à partir de leurs sensations personnelles qu’un travail en profondeur peut être effectué. Mais jamais auparavant « .

Beau jeu et offensive

De deux séances d’entraînement hebdomadaires en 2000, le White Star Woluwé est passé à trois. Chacune d’entre elles fait l’objet d’une préparation extrêmement minutieuse, axée aussi bien sur les besoins du groupe que sur les spécificités de l’adversaire.

 » Le club a beau n’évoluer qu’en D3, je n’en ai pas moins le très net sentiment qu’il est beaucoup plus professionnel que bon nombre de pensionnaires de l’élite « , remarque Chapelle.  » Sans compter que, chez nous, la notion d’Ecole des Jeunes prend, elle aussi, un relief particulier. Avec près de 480 éléments répartis en 32 équipes d’âge, le White Star Woluwé peut se targuer du plus gros potentiel, à ce niveau, derrière l’ogre anderlechtois. Dans la mesure où cette structure est relativement récente, elle n’a pas encore alimenté le noyau de Première, comme c’est le cas à Anderlecht. Mais dans un avenir relativement proche, c’est sûr que nous pourrons puiser dans cette manne au lieu de devoir transférer des joueurs. Cette année déjà, des Scolaires se joignent d’ailleurs aux A à l’occasion de séquences axées sur la technique. Car le beau jeu et l’offensive sont mes dadas « .

Cette année, nonobstant l’accession en D3, le White Star Woluwé est toujours aux premières loges, malgré la concurrence peu banale de clubs comme Overpelt/Lommel ou Oud-Heverlee/Louvain. Signe de cette parfaite adaptation, les coalisés bruxellois ont étrillé récemment – 4 à 0 – cette même formation de La Calamine qui, la saison passée, en promotion D, s’était encore imposée 1-3 au stade Fallon.

 » Je pense que, d’une division à l’autre, nous avons plutôt bien évolué « , précise Charly Chapelle.  » Mais il serait sot de rêver d’ores et déjà d’une nouvelle promotion, comme quelques-uns se plaisent peut-être à le faire. L’objectif prioritaire est et reste le maintien. Mais comme l’appétit vient en mangeant, il s’agira peut-être de redéfinir nos ambitions à la trêve. Une chose est sûre : il faut viser le plus haut possible. Et si la montée se profile à l’horizon, c’est sûr que je ne la refuserai pas. Même si elle serait synonyme de fameux casse-tête pour moi. Pour le moment, je consacre 50 heures par semaine à mon cabinet et 20 autres au football, tous aspects confondus. Si nous franchissons encore un ou deux paliers, il est évident que je devrai faire un choix de carrière ou, à défaut, mettre mes activités de médecin sensiblement en veilleuse. Certains crieront peut-être au fou devant ces intentions mais quand je me livre, c’est toujours corps et âme. Je n’aime pas faire les choses à moitié « .

Alors, reverra-t-on un jour du football d’élite au stade Fallon, antre du Racing-White de 1963 à 1973 avant que la fusion avec le Daring Club de Bruxelles n’entraîne un déménagement du club de l’autre côté de la capitale, à Molenbeek ? Charly Chapelle n’y est nullement réfractaire.

 » La commune, Georges Désir en tête, veut tout mettre en £uvre pour qu’il en aille un jour ainsi « , conclut-il.  » Les infrastructures ont été rafraîchies étape par étape et il ne faut plus grand-chose, en définitive, pour être opérationnel à l’étage supérieur. Il est très amusant de constater, en tout cas, que les anciens reviennent. Contre La Calamine, le coup d’envoi a été donné par l’ex-international du White Star, CabicheStraetmans. Et Jacques Teugels, l’ancien du Racing-White, a déjà honoré lui aussi de sa présence un de nos matches. Ce sont des signes qui ne trompent pas : le football revit à Woluwé. A présent, il importe d’entretenir cette belle flamme « .

Bruno Govers

 » Nous sommes PLUS PROS que bon nombre de CLUBS DE L’éLITE « 

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