Bonheur d’ANCIENS

Alors que partout on rajeunit l’effectif, le club campinois s’est constitué une épine dorsale avec des joueurs de 35 et 36 ans. Et ça marche.

Westerlo ne procède pas de la même manière que la plupart des autres équipes. Alors qu’un peu partout, on rajeunit l’équipe et on offre une chance aux jeunes (finances obligent), en Campine, on attire des vétérans. Le gardien RonnyGaspercic (36 ans) et le défenseur NicoVanKerckhoven (34 ans) ont rejoint le médian ChrisJanssens (36 ans).

Et Westerlo, avec sa défense en béton armé, peut viser la première partie du classement. Mieux : le petit club campinois s’érige en exemple pour d’autres formations aux moyens budgétaires limités. Que ce soient Roulers, Zulte Waregem ou d’autres néo-promus avant eux : ils veulent tous devenir des Westerlo, des clubs qui se maintiennent sans soucis, poursuivent leur route sans turbulences et réalisent de temps en temps un exploit.

Ronny Gaspercic, le gardien venu d’Espagne

Ronny Gaspercic est arrivé à Westerlo après sept saisons en Espagne (trois à Extremadura, deux au Betis Séville, une à Alavés et une à Albacete) :  » J’ai vécu une belle expérience au-delà des Pyrénées. Si je l’avais voulu, j’aurais encore pu rester deux ans à Albacete, mais à choisir entre terminer ma carrière là-bas ou revenir chez moi, j’ai opté pour la seconde solution. Dire que je n’ai pas hésité est exagéré. Je savais que j’optais pour un style de vie bien différent. Terminées, les montées d’adrénaline, l’ambiance des grands matches au sommet de la Liga. La manière dont on vit le football là-bas est incroyable. Tactiquement, on ne laisse rien au hasard : vidéo, vidéo, vidéo. Des heures durant. Tout est analysé dans les moindres détails, on répète les phases arrêtées à longueur de journées, on reçoit des consignes jusqu’au moment où le cerveau n’est plus capable d’en ingurgiter davantage. Parfois, on en a marre, mais on a toujours ce sentiment de vivre son métier à fond. Je me sentais encore bien, mais je n’avais pas envie de descendre en D2 avec Albacete et je ne voulais pas attendre l’intérêt d’un hypothétique candidat acquéreur. Westerlo m’a offert la possibilité de rejouer près de chez moi. Je savais que Nico Van Kerckhoven venait également et je me suis dit : – C’estunebelleopportunité ! Le discours du manager Herman Wijnants m’a séduit également. Il sait que les moyens du club sont limités et il ne tente pas de les dépasser, mais il essaie de trouver de temps en temps un joueur capable d’apporter un petit plus. Sur ces bases, il n’a pas été difficile de trouver un terrain d’entente « .

Même s’il n’a pas toujours été titulaire en Espagne, on sent que Gaspercic a progressé : il est aujourd’hui un gardien très sûr, plein d’assurance, avec une prise de balle très ferme :  » On est capable de réaliser une très belle saison. Il y a de bons joueurs, une bonne ambiance, une vraie solidarité. J’ai été fort déçu par la défaite à Mouscron, car j’estime qu’on pouvait faire beaucoup mieux là-bas. Et j’ai également senti mes équipiers fort abattus. Mais, d’une certaine manière, c’est bon signe : cela démontre que le groupe a de l’ambition. Certes, nous n’avons pas une équipe de niveau mondial. On reste le petit Westerlo. On sait ce dont on est capable, mais on connaît aussi nos limites. Dans ce contexte, il est essentiel d’exploiter au mieux nos qualités. J’avais déjà eu l’impression, pendant la période de préparation, qu’on traversait parfois des passages à vide et cela s’est confirmé au Canonnier. J’espère que cela ne se reproduira pas régulièrement. On est peut-être un peu à l’étroit au niveau de l’effectif, mais tant pis : on se débrouillera avec un noyau réduit. Un ou deux renforts n’auraient pas fait de tort, pour accroître la concurrence. C’est aussi une chose que j’ai apprise en Espagne : la concurrence vous tient en éveil, on ne doit pas s’irriter de l’arrivée d’un nouveau joueur « .

 » Derrière, on est solides « , confirme Gaspercic.  » Nico Van Kerckhoven, que l’on connaissait surtout comme un joueur de flanc, apporte beaucoup de calme comme défenseur central. Cela rejaillit sur ses partenaires. Chris Janssens, on le connaît… A nous trois, on forme une colonne vertébrale. Autour, on a des joueurs un peu plus jeunes, qui manquent un peu d’expérience, mais cela confère un bon équilibre. On doit tabler sur le caractère et une bonne organisation. Lorsque tout le monde accomplit sa tâche, on est capable de récolter beaucoup de points. Mais on ne doit pas trop compter sur des exploits individuels, ce n’est pas notre force « .

Les vétérans bénéficient d’un programme d’entraînement allégé : le jeudi, Ronny, Nico et Chris peuvent rentrer chez eux à midi, alors que leurs coéquipiers ont un deuxième entraînement l’après-midi.  » Il faut laisser reposer les organismes « , sourit Gaspercic.  » L’important est d’être frais pour le match. Mais c’est le seul jour où l’on se relâche un peu. Les autres jours, on suit les mêmes entraînements que les autres, et on n’est pas les moins entreprenants. On s’entraîne d’ailleurs très sérieusement à Westerlo. Ce n’était pas beaucoup plus exigeant en Espagne. A part, peut-être, lors de la période de préparation, lorsqu’on partait en stage pendant 15 jours « .

L’âge ne semble pas avoir de prise sur Chris et Nico.  » Chris a toujours un gros abattage « , poursuit Gaspercic.  » S’il le faut, il peut courir 120 minutes sans problèmes. Il n’accélère plus beaucoup et ne désarçonne pas son adversaire par ses changements de rythme mais c’est un véritable marathonien. Nico est loin d’être usé, lui aussi. On en rigole parfois, mais il est encore très affûté physiquement. Même en vitesse, il ne se laisse pas facilement déborder. Et il est encore capable de réaliser de beaux mouvements. Il n’a rien à envier à beaucoup de jeunes joueurs qu’il croise sur les pelouses « .

Gaspercic n’a pas encore eu l’occasion de regretter son choix :  » Westerlo me paraît être une équipe idéale pour des joueurs qui nourrissent une ambition saine et raisonnable. On prend du plaisir et on essaie de prendre des points. Ce qui est agréable avec le coach HermanHelleputte, c’est qu’il se mêle au groupe tout en sachant faire comprendre qu’il est le patron. Il prend ses responsabilités lorsque cela se révèle nécessaire. J’ai un bon pressentiment pour la suite. J’ai signé un contrat de deux ans. Peut-être réussirai-je encore à décrocher un trophée  » ?

Nico Van Kerckhoven, le calme personnifié

Van Kerckhoven a passé, lui, sept saisons en Allemagne (six à Schalke 04 et une au Borussia Mönchengladbach) :  » C’est ma troisième saison comme défenseur central. Je ne dis pas que je ne pourrais plus me débrouiller à gauche, mais cela devient chaque année plus difficile. Je ne pourrais plus supporter trois matches par semaine pendant des mois. Parfois, je souffre à l’entraînement. Mais il faut passer outre, et avec l’expérience, on apprend comment il faut se préparer pour le match. Le match, c’est le plus important. Jadis, chaque entraînement était une compétition. Aujourd’hui, j’ai appris à gérer ça. Depuis la Coupe du Monde 2002, c’est mon genou qui me cause le plus de soucis. J’ai subi une blessure au ménisque et je le sens. Mais, pour l’instant, je tiens le coup. Je sais que je n’ai plus besoin d’encore y aller à fond pour être en forme le jour du match « .

Van Kerckhoven organise la défense de Westerlo :  » J’ai eu l’honneur de travailler, jadis au Lierse, avec StanleyMenzo derrière moi. On a été champions et il se chargeait constamment de réveiller tout le monde et veillait à ce que la défense soit bien organisée. Avec Ronny, c’est pareil. Après un match, il est quasiment aphone. Même s’il a peu de travail, il tient tout le monde en alerte « .

Van Kerckhoven avait déjà travaillé avec Helleputte au Lierse :  » Il est resté tel que je le connaissais, mais il a acquis du bagage et de l’expérience. Il est devenu plus sûr de lui. Jadis, il arrêtait moins le jeu pour corriger les joueurs à l’entraînement et pour mettre le doigt sur des erreurs individuelles. C’est un excellent transfert pour Westerlo, peut-être le meilleur de tous « .

Le retour au pays n’est pas innocent :  » J’ai toujours eu besoin de voir ma famille et mes amis. Même lorsque je jouais à l’étranger, c’était important, pour moi, de savoir que je pouvais prendre ma voiture et me retrouver quelques heures plus tard parmi les miens, pour décompresser. A Mönchengladbach, j’ai côtoyé FilipDaems, qui a joué trois ans à Gençlerbirligi. Très peu pour moi ! Demain, on peut venir avec une offre faramineuse du Qatar : non, merci !  »

L’ambition est toujours présente, chez lui aussi :  » J’ai eu la chance de remporter deux coupes en Allemagne. Je suis curieux de voir ce que l’avenir me réserve. Je ne connais pas encore bien mes adversaires en Belgique, car j’ai été longtemps parti, mais j’espère pouvoir terminer ma carrière en beauté. A Westerlo, le potentiel existe, en tout cas « .

Chris Janssens, le marathonien

L’âge n’a pas de prise sur Chris Janssens, jugé par nos consultants comme le joueur le plus sous-estimé du championnat de Belgique la saison dernière :  » Je crois que, conditionnellement, je m’améliore avec l’âge. Lors d’une journée libre, je ne reste pas inactif. Je sais que, si je passe la période de préparation sans blessure, je suis en forme. Cette saison, à un entraînement près, je n’ai rien manqué. Physiquement, je soutiens encore la comparaison avec tout le monde. Parfois, il faut même me tempérer dans mes ardeurs « . (Il rit).

Janssens joue déjà à Westerlo depuis 2003, après deux saisons à Willem II Tilburg, juste de l’autre côté de la frontière. Il constate un changement notable :  » La saison dernière, nous avions, avec le Cercle de Bruges, la défense la plus perméable de D1. Nous manquions de stabilité et cela se ressentait au niveau de toute l’équipe. On concédait trop de buts stupides. JanCeulemans disait toujours : – Ungardiennedoitpasnécessairementprendredespoints, maisilnedoitsurtoutpasenperdre ! Sans jeter la pierre à quiconque : perdre des points, c’est arrivé trop souvent la saison dernière. C’est moins le cas cette saison. On voit que les sept années passées en Espagne ont procuré beaucoup d’expérience à Ronny. Pour notre équipe, il était important d’avoir un homme d’expérience dans chaque ligne, et c’est désormais le cas. Les attaquants sont plus jeunes, mais c’est normal : on peut diriger les attaquants depuis l’arrière, mais on a aussi besoin de créativité aux avant-postes « .

La transition entre Ceulemans et Helleputte s’est aussi opérée en douceur :  » Lorsque Jan est parti, il y a eu comme un mouvement de panique. Mais ce fut très court. Je me trouvais en vacances en Grèce lorsque j’ai appris que TrondSollied quittait Bruges. Je n’ignorais pas que Ceulemans serait le principal candidat à sa succession, et je me suis posé des questions. J’ai apprécié que la direction ait contacté certains joueurs pour leur demander leur avis. Helleputte était, comme pour Nico, mon premier choix. Son engagement s’inscrivait dans une forme de continuité. Le manager Herman Wijnants avait envie de prendre une autre voie, mais il s’est ravisé. Peut-être suite à l’avis des joueurs. Personnellement, je n’avais pas envie d’un entraîneur qui édictait dix ou quinze règles. Il y a suffisamment d’autodiscipline dans le groupe. Je constate tout de même certains changements. Par exemple, Helleputte interrompt davantage le jeu pour corriger nos erreurs. Je me souviens encore de cet entraînement où il a arrêté le jeu pour corriger mon positionnement. A mon âge, vous imaginez ! (Il rit). Helleputte effectue ses corrections devant tout le groupe, et pendant l’entraînement. Alors que Ceulemans avait plus tendance à observer, et à faire part de ses remarques individuellement après coup « .

Janssens n’a jamais été un grand aventurier et se plaît à Westerlo :  » L’étranger, les pays exotiques ? On y va pour l’argent. Je suis content avec ce que j’ai. Je mène une belle vie et je n’ai pas abandonné toute ambition. J’ai disputé trois demi-finales de coupe, toutes perdues, et j’aimerais en gagner une, mais je sais que ce sera difficile. Pour y parvenir, il faut soit jouer dans un club du Top 4, soit se préparer spécialement pour la coupe, comme l’a fait le Germinal Beerschot la saison dernière. En championnat, les Anversois se satisfaisaient du maintien. Par contre, chaque match de coupe était considéré comme un événement. Mais si l’on veut à la fois terminer parmi les cinq ou six premiers et réaliser un beau parcours en coupe, comme cela semble être le cas de Westerlo, il faut soit avoir beaucoup de chance, soit avoir un noyau plus étoffé « .

L’entraîneur HermanHelleputte n’était pas encore présent au Kuipje lorsque RonnyGaspercic et NicoVanKerckhoven ont été engagés. Ce choix n’est donc pas le sien, mais il l’approuve totalement. D’autant que cette colonne vertébrale composée de joueurs expérimentés lui rappelle l’époque du Germinal Ekeren.  » Là-bas aussi, je pouvais m’appuyer sur quelques routiniers « , se souvient-il.  » Il y avait PhilippeVandeWalle au but, MikeVerstraeten derrière (bien qu’il était un peu plus jeune), CvijanMilosevic dans l’entrejeu, GuntherHofmans devant. Ces joueurs encadraient des éléments plus jeunes, comme actuellement à Westerlo. L’avantage d’avoir des anciens dans l’équipe, c’est qu’on conserve une certaine sérénité en toutes circonstances. L’équipe ne panique pas et parvient à contrôler le match. J’avais déclaré à l’époque qu’avec des vieux, on ne descendait jamais. Et je le maintiens, même si, à Westerlo, je possède une équipe qui vaut bien mieux que la lutte contre la relégation. On doit être capable de viser la 6e ou 7e place « .

 » Il y a d’autres points communs entre l’ancien Germinal Ekeren et l’actuel Westerlo. Le public, par exemple. Ici aussi, c’est une équipe qui est montée très rapidement de plusieurs divisions et qui, faute de pouvoir s’appuyer sur une longue tradition, attire peu de spectateurs. C’est logique : il y a 20 ans, personne n’était supporter de Westerlo, à part les habitants du village qui suivaient l’équipe en Promotion ou en Provinciale. A Ekeren, c’était pareil. Créer un public prend du temps, même si les résultats suivent « .

Daniel Devos et Raoul De Groote

 » MISER SUR LE CHAMPIONNAT ET LA COUPE ? Difficile pour Westerlo  » (Janssens)

 » LE MEILLEUR TRANSFERT, c’est Helleputte  » (Van Kerckhoven)

 » A notre âge, on gère l’entraînement AVEC INTELLIGENCE  » (Gaspercic)

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