« BLONDEL, C’EST UN PEU DEGRYSE »

Pierre Danvoye
Pierre Danvoye Pierre Danvoye est journaliste pour Sport/Foot Magazine.

Pour notre consultant, c’est la seule éclaircie dans la grisaille mouscronnoise.

Genk a de nouveau fait forte impression à Mouscron.

Georges Heylens: J’ai assisté à ce match et je suis effectivement sous le charme de l’équipe de Genk. Pour le même prix, les Limbourgeois auraient pu marquer six buts. Il n’y avait pas photo entre les deux équipes. J’ai vu une défense mouscronnoise qui battait le beurre. A un moment, Casto s’est fait prendre dix mètres, sur une distance totale d’une vingtaine de mètres, par Beslija. Quant à Martic, je comprends mieux maintenant pourquoi il n’était pas dans l’équipe en début de saison. Je ne vois pas, à l’Excel, de gens qui ont envie de se dépasser. Sauf Blondel. Celui-là, c’est de la graine de très grand joueur.

Vous n’êtes pas étonné que de grands clubs étrangers le suivent?

Pas du tout. Sur plusieurs plans, il me fait penser à Marc Degryse. Il a la même facilité de déplacement et le même dribble court. Blondel est capable d’éliminer deux hommes sur 50 cm. Mais Blondel n’a pas les qualités de buteur de Degryse.

Le succès de Vergoossen avec Genk vous surprend?

Non. Je suis abonné depuis longtemps à la revue réalisée par les entraîneurs néerlandais. J’ai lu beaucoup de choses sur Vergoossen et je retrouve aujourd’hui l’entraîneur décrit dans ce périodique: sobre, calme, serein, équilibré, capable de concevoir un système en fonction des joueurs mis à sa disposition. Il aligne quatre attaquants, mais ce sont tous des gars qui participent au jeu défensif. Et tout le groupe effectue un pressing constant qui m’impressionne.

Charleroi a pris une nouvelle claque, contre La Gantoise.

Là-bas, c’est la désintégration complète! Je ne comprends pas que les patrons du club osent encore déclarer que le Sporting n’est pas malade. Ce qui me frappe surtout, c’est qu’il n’y a plus de patron dans cette équipe depuis le départ de Dante Brogno. Je crains le pire quand je vois comment les clubs de bas de classement se rebiffent. Si les Zèbres font le même deuxième tour que les dernières années, on peut avoir très peur. Heureusement qu’il y a un homme fort à la tête du Sporting: s’il n’y avait pas Abbas Bayat, je me demande où serait ce club aujourd’hui.

Comment voyez-vous le premier point pris en déplacement par La Louvière, à Lokeren?

Ce nul inattendu fait du bien. Le travail réalisé par Ariel Jacobs est en train de porter ses fruits. Il allie calme et intelligence, et cela se reflète sur les résultats. Ses connaissances rassurent le groupe. Ce qu’il fait pour le moment me fait penser à ce qu’avait réussi Daniel Leclercq en début d’année.

Le Standard a prolongé sa série de victoires et en est maintenant à 12 sur 12.

Ce n’était pas à la portée du premier venu, avec un programme aussi corsé. Michel Preud’homme a trouvé les bonnes solutions. Devant, il aligne un duo d’emmerdeurs: Aarst et Lukunku courent et provoquent sans arrêt à gauche et à droite. Quant à Moreira, je me demande s’il restera encore longtemps chez nous. Preud’homme a encore prouvé son autorité, samedi, en écartant Fouhami qui était arrivé en retard. C’est important de pouvoir prendre des décisions pareilles, qui impressionnent tout un groupe.

Anderlecht sort du trou.

De la victoire à Westerlo, je retiens le tout bon match de Filip De Wilde.

Une chose frappe dans le classement: il n’y a pas encore de ventre mou.

Il y a effectivement le groupe qui joue l’Europe, et toutes les autres équipes qui sont concernées par le maintien. Parmi elles, on trouve des surprises comme Mouscron, le Lierse et Charleroi. J’y vois surtout la preuve d’un nivellement par le bas. D’accord, il faut rester optimiste, mais on doit aussi voir les choses en face. Notre football me fait penser à notre enseignement! Dans les deux domaines, la Belgique est l’un des pays d’Europe qui a le moins évolué au cours des dernières années. A l’école, on apprend à nos enfants à être de moins en moins intelligents ou réceptifs, et on ne développe pas leurs facultés d’analyse. Ces manquements se répercutent sur nos clubs de foot.

Pierre Danvoye

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