Black blonde

Quelles sont les chances de notre compatriote de devenir championne d’Europe ce week-end?

Notre compatriote, déjà élue MVP du Final Four l’an passé et récemment désignée comme Joueuse Européenne de l’Année 2001, pourrait donc remporter la Ligue des Champions du basket!

Plus vu un talent pareil en France depuis dix ans

Marc Silvert, coach de Saint-Servais et ex-coach de Valenciennes: « J’ai fait venir Ann Wauters à Valenciennes en 1998. Elle avait 17 ans et demi. En tant que frontalier, j’avais un oeil sur elle depuis deux ans et décelé une grande motricité pour une joueuse de sa taille; ainsi qu’un mental hors du commun. Je l’ai convaincue d’abandonner son projet de formation dans une université américaine et de poursuivre son écolage en France. Elle a très vite compris ce que l’on attendait d’elle et a réalisé d’énormes progrès en très peu de temps. Prise par son enthousiasme, elle a encore tendance à commettre trop de fautes évitables, mais c’est l’un de ses rares défauts. Physiquement, elle doit encore acquérir un peu de volume, mais elle est en train d’atteindre sa plénitude. Aujourd’hui, elle a déjà un vécu très important. Elle a beaucoup travaillé à l’entraînement et disputé de nombreux matches de très haut niveau, que ce soit en Euroligue ou en WNBA où elle s’est adaptée immédiatement. Elle a une très grande maturité. Des joueuses de son talent, je n’en ai plus vu en France depuis dix ans. Elle a une envergure importante et une vitesse gestuelle qui, en général, n’appartiennent qu’aux athlètes de couleur ».

Toujours à Valenciennes la saison prochaine?

Laurent Buffard, coach actuel de Valenciennes: « En trois ans, Ann a énormément progressé. Elle a un bon mental et un fonds de jeu très intéressant. Au départ, je lui ai fait beaucoup travailler les fondamentaux individuels. La première saison, elle ne jouait que 12 minutes par match. Puis, son temps de jeu est passé à 25 minutes. Il est désormais de 30 minutes. Maintenant, j’espère qu’elle continuera à travailler, car quand on est la meilleure, il faut vouloir poursuivre ses efforts et repousser sans cesse ses limites. Ce qu’elle a appris en WNBA? Surtout le un-contre-un, très pratiqué outre-Atlantique. En France, c’est plus difficile car il y a beaucoup d’aides défensives. Malheureusement, ses expériences américaines l’ont beaucoup fatiguée également, ce qui lui a causé des petites blessures à son retour. J’espère qu’elle aura l’occasion de mieux se reposer cet été. Elle pourrait alors réaliser une très grande saison 2002-2003. Notre objectif est de bâtir la future équipe de Valenciennes autour d’elle ».

Suivie par le champion de Corée

Roland Groignet, manager d’Ann Wauters: « Je suis son conseiller depuis quatre ans. Depuis deux ans, elle est suivie par l’équipe championne de Corée. Voici deux semaines, un émissaire est encore venu de Séoul pour la voir. Une ligue professionnelle s’est créée au Pays du Matin Calme. Il s’agit d’une ligue d’été qui, cette année, commencera début juillet, après la Coupe du Monde de football. La proposition est de celles qui ne se refusent pas. Si Ann Wauters l’accepte, elle ne retournerait donc pas en WNBA. Outre l’aspect financier, le challenge asiatique l’intéresse dans la mesure où il lui permettrait également de goûter à quelques jours de repos après la fin du championnat de France, qui se termine aux environs du 20 mai. Elle n’a pratiquement plus eu de vacances depuis deux ans. En outre, sur les huit équipes de la ligue coréenne, cinq sont établies à Séoul et les trois autres sont distantes d’au maximum 400 kilomètres de la capitale. Cela change des incessants voyages de la WNBA, où l’on passe de Miami à Los Angeles et de Seattle à New York. Si Ann veut faire une longue carrière, elle doit un peu ménager son organisme. La WNBA, c’était bien mais éreintant. Ann avait été premier choix de la draft. C’était le pari d’un coach qui voulait miser sur une jeune joueuse européenne. Elle a beaucoup appris là-bas: elle a progressé sur le plan physique et chassé ce complexe d’infériorité qui semble propre à la Belgique. Mais, à chaque fois qu’elle était revenue des Etats-Unis, elle avait dû passer chez l’ostéopathe. Et la saison prochaine? Sportivement, Valenciennes, c’est le top en Europe: le club participe au Final Four de l’Euroligue depuis deux ans, et cette année à Liévin devant 7.000 spectateurs acquis à la cause française, les chances de victoire sont grandes. Financièrement, il y a moyen de mieux gagner sa vie en Espagne et en Italie. En France, les joueuses sont taxées à raison de 40 à 45% du salaire. C’est un gros handicap par rapport à d’autres pays. Valenciennes fait le forcing pour qu’Ann reste. Mais j’ai l’impression qu’elle a besoin de relever d’autres défis. Rien n’est décidé à l’heure actuelle. Nous en discuterons après le Final Four. Ann sait ce qu’elle doit à Valenciennes. Elle a eu la chance, au départ, d’atterrir dans une équipe désargentée qui n’avait pu s’offrir qu’un seul pivot. Son temps de jeu fut donc d’emblée très important. Si elle était partie à Bourges, par exemple, son talent ne se serait sans doute pas exprimé aussi rapidement. Aujourd’hui, Valenciennes a pris de l’envergure, mais elle-même a pris du volume également. A Valenciennes, l’entraînement collectif obligatoire a lieu en fin d’après-midi. Le matin, les joueuses peuvent se soumettre à un entraînement individuel ou de musculation. Ann ne rate jamais une séance. Et elle ne se contente pas du programme léger: elle exécute les exercices qu’on lui a enseigné à Cleveland. Elle commence aussi à travailler son tir à trois points, afin de devenir encore plus complète. Ses parents l’empêchent d’attraper la grosse tête. Et elle est devenue marraine du premier enfant de sa soeur aînée, ce qui contribue aussi à son équilibre ».

Daniel Devos, ,

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