Biologie moléculaire

Il a le choix entre deux carrières mais le falnc gauche molenbeekois a opté pour le football, pour l’instant.

Dirk Van Oekelen : « En fait, je suis biologiste, spécialisé dans les molécules, donc les cellules. Je réalise mon doctorat sur la sérotonine, pour étudier comment le cerveau déclenche des maladies comme la schizophrénie. Mon doctorat est basé sur le développement des médicaments efficaces dans ces affections cérébrales. J’ai ainsi étudié la dépression sur les rats. Un exemple: on peut voir que certains animaux utilisés comme cobayes sont dépressifs. On les place par exemple dans un bocal rempli d’eau. Ils passent trois des cinq minutes à gigoter. Mais un rat qui a reçu des substances dépressives ne barbotera qu’une minute, par exemple, avant de se laisser aller, pendant les quatre minutes restantes. On peut réaliser une extrapolation sur les humains et tester sur les rats des substances qui combattent la dépression.

Sur dix projets de recherche, neuf échouent. C’est ainsi. On ne peut rien y faire. On a travaillé pour rien pendant des semaines et on a parfois mal à la tête mais c’est chouette de trouver un exutoire dans le football, de parler avec les autres. Que j’entre chez Janssen Pharmaceutica et que j’y discute avec tous les professeurs ou que je sois avec les autres joueurs dans le vestiaire, je me sens chez moi. Ces deux mondes me sont également familiers. J’ai l’avantage de m’intégrer aisément dans tous les milieux. Mais le football est devenu mon travail et on attendra encore davantage de moi que dans le passé. Je vais donc m’y impliquer beaucoup plus.

La recherche et le sport sont deux domaines où on exige beaucoup de vous. Vous traversez parfois des moments très difficiles. Je dois admettre que mes huit années d’études ont été extrêmement pénibles. Toutefois, football et études sont complémentaires dans la mesure où ce sont deux domaines radicalement opposés. L’un des deux peut toujours compenser un problème rencontré de l’autre côté.

Si je suis parvenu à combiner les deux aussi longtemps, je le dois à mon ambition. J’aurais pu abandonner l’un des deux si souvent… Quand vous avez seize ans et que vos copains commencent à sortir, quand, à dix-huit ans, vous entrez à l’université ou que vous rencontrez votre compagne: à ces moments, vous réfléchissez au sens de la vie (il sourit). J’ai toujours estimé ces deux carrières trop passionnantes pour en abandonner une. Selon moi, si vous en avez du talent ou des aptitudes, ne pas les exploiter est un scandale. En plus, lorsqu’on est jeune, on peut tirer profit d’une période dure, bien remplie. Je sais très bien qu’on ne peut vivre pendant trente ans au même rythme, de huit heures du matin à dix heures du soir. Je ne vois pas ma vie comme ça non plus. Mais à vingt ans, il faut assurer son avenir, prévoir certaines choses ».

« Le foot se joue beaucoup dans la tête »

« En fin de compte, j’ai exploré les deux voies. Au début, mes études étaient prioritaires, et c’est pour cela que je suis arrivé en D1 sur le tard. Maintenant, j’ai quelque peu changé mon fusil d’épaule. Le football est devenu mon occupation principale. J’adapte mon doctorat au programme du football. Quand j’aurai 35 ans, je devrai emprunter une troisième voie, mais je laisse faire le temps. D’ici là, j’aurai obtenu mes diplômes d’ingénieur en biologie et de docteur en sciences. J’aurai donc quelque chose en poche. Mais on ne sait jamais quelles possibilités le football peut vous offrir. Je connais ce milieu comme ma poche. J’ai acquis une certaine expérience de vie en devant jongler avec les horaires, en donnant des conférences, en travaillant sur des structures. Peut-être ces atouts me seront-ils précieux en football aussi, plus tard.

Saint-Trond est vraiment en bonne voie. Avant d’y débarquer, j’avais entendu des histoires incroyables. Ce passé folklorique fait sans doute son charme mais l’introduction de la licence l’a contraint à se professionnaliser. St-Trond ne veut pas rater le train qui se met en marche dans le monde du football.

On dit que le football se joue aussi dans la tête et c’est vrai. Jouer contre la relégation vous endurcit mais est quand même très pénible. Knaepen et Mangelschots sont parvenus à insuffler positivisme et confiance au groupe quand il luttait pour ne pas descendre. Lorsqu’un groupe se bat, il a parfois besoin que quelqu’un lui dise : -Vous en êtes capables, vous allez y arriver aujourd’hui. Guy Mangelschots est un homme extrêmement honnête. Il sent le football, il le connaît si bien. C’est un homme de parole, ce qui n’est pas si courant en football. Je le respecte beaucoup, comme les autres entraîneurs avec lesquels j’ai travaillé.

J’ai pratiquement joué tous les matches. Je n’ai été opéré qu’une fois, du ménisque et j’ai fait banquette pendant trois matches.

Plusieurs clubs souhaitaient m’enrôler. J’étais en fin de contrat et j’avais disputé 90 matches à St-Trond: quatre clubs belges de D1, deux néerlandais et un anglais se sont manifestés. Les quatre belges avaient des propositions très concrètes. Pourquoi le RWDM? J’avais envie de relever un nouveau défi, justement parce que je suis ambitieux. Deuxièmement, j’habite à Willebroek, et je me rapproche de mon domicile. L’aspect financier est important aussi. Enfin, le club était très motivé. Il voulait vraiment bâtir une bonne équipe, capable de faire honneur à sa promotion. Dès le premier contact, ça a marché. L’étranger me plaisait également mais je partais en vacances début juin et je voulais que tout soit conclu avant mon départ. Ces clubs belges avaient déjà des offres concrètes, les autres s’intéressaient à moi. Il y a une fameuse différence. Je n’avais pas envie d’attendre que la pomme tombe de l’arbre ».

« A mon niveau, je suis ambitieux »

Quand j’étais à St-Trond, Genk et le Club Brugeois, ainsi qu’un autre grand club, se sont intéressés à moi, en coulisses. St-Trond n’a pas voulu me laisser partir car il m’estimait trop important pour sa progression. Il faut s’incliner, quand votre contrat ne comporte pas de clause de départ. Je suis très content de mon existence, de ce que j’ai. Je n’ai pas le droit de monter en épingle la seule chose qui me soit impossible, à savoir évoluer dans un tout grand club. Ne me comprenez pas mal: je suis très ambitieux mais il faut également rester optimiste dans la vie.

Si je débarque dans une équipe qui va marcher? S’il faut en croire les statistiques, la plupart des équipes connaissent une première année assez facile lorsqu’elles montent et n’ont de problèmes que lors de la deuxième saison. Le RWDM est une équipe de tradition. J’ai l’impression que la direction travaille d’arrache-pied à faire progresser le club. Parfois, les francophones parlent néerlandais et les néerlandophones répondent en français: c’est un exemple parmi d’autres, qui prouve que le groupe est vraiment décidé à vivre une velle aventure ».

Raoul De Groote

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