BIG Brothers

Bruno Govers

Face aux champions d’Europe, les frères Mpenza ont séduit.

Malgré des totaux respectifs de 47 sélections nationales pour Emile Mpenza et 46 pour Mbo, les deux frérots nous avaient rarement fait vibrer de concert dans le cadre de notre équipe représentative. La faute à  » pas de chance  » davantage qu’à leurs qualités intrinsèques car on ne compte plus les matches où, par suite de l’une ou l’autre blessure, voire même bouderie, le cadet de la famille ou son frangin ont fait défaut. Le calcul de leur présence commune chez les Diables Rouges s’avère beaucoup plus facile, puisque avant ce rendez-vous de mercredi passé, le duo n’excipait que de trois titularisations ensemble. La première avait pour cadre Chypre-Belgique, sous l’ère Leekens, en 1999. Un one-shot puisque, sous la coupe de Long Couteau, il n’allait plus £uvrer tous deux que l’espace de 174 minutes en 7 matches. Avec Robert Waseige à la tête de nos représentants, ce fut pire encore : pas une seule fois dans le onze de base simultanément et un temps de jeu limité à 44 minutes, en tout et pour tout, en un laps de trois rencontres. Finalement, c’est le fédé actuel, Aimé Anthuenis, qui peut s’estimer de loin le plus verni, lui qui a pu compter à deux reprises sur eux dès le début de la partie : en Egypte, à l’occasion d’une défaite de sinistre mémoire (4 à 0) et face aux Hellènes.

Entre ces deux dates, les Diables Rouges avaient repris des couleurs. Ils restaient même sur un 7 sur 9. Le nul ramené de la Serbie & Monténégro, surtout, ouvrait de nouvelles perspectives dans l’optique d’une participation à la Coupe du Monde en Allemagne. Pour ce faire, un sans faute s’impose toutefois au cours des quatre parties que l’équipe nationale doit encore livrer, ce qui ne sera pas une sinécure puisque des déplacements nous attendent encore en Lituanie et, début septembre déjà, en Bosnie-Herzégovine. Le match Belgique-Grèce aurait dû, dans cette optique, faire office de répétition générale mais, une fois n’est pas coutume, les plans du coach fédéral furent sabordés par des défections de dernière minute : celle de son joueur fétiche Thomas Buffel d’abord, à laquelle s’est ajoutée celle de Koen Daerden, élément moins emblématique qui n’aurait dû sa place qu’à la suspension de Bart Goor, absolument incontournable au poste de milieu gauche, même si le troisième larron à ce poste, Jelle Van Damme, a plus qu’étalé des qualités intéressantes devant la Grèce.

Un Mbo but

Puisqu’une démarche attentiste est absolument interdite, Anthuenis avait bien dû se résoudre à une inclination plus offensive dès ce premier galop de préparation devant les derniers champions d’Europe. Face à une défense qui avait fait ses preuves à l’EURO 2004, le sélectionneur s’était prononcé en faveur d’un véritable trident offensif constitué des deux frères et de Luigi Pieroni. A l’analyse, ce fut essentiellement un coup dans le mille pour les Mpenza, mais un peu moins dans le chef de l’attaquant d’Auxerre. Contrairement aux frérots, auteurs d’un but chacun et d’un total appréciable de 32 bonnes passes (15 pour Mbo et 17 pour Emile) pour 6 mauvais services seulement (5 et 1), l’ancien joueur de Mouscron, lui, a été nettement moins sollicité par ses partenaires (7 actions précises, 3 envois avortés et, surtout, 11 duels perdus pour 7 et 6 chez les autres). On peut se demander si ce système à trois lui convient réellement. Il est symptomatique de constater que dans le 4-3-3 cher à l’ex-entraîneur de l’AJA, Guy Roux, Pieroni avait eu pas mal de difficultés à se situer. Cette année, en revanche, dans le 4-4-2 imposé par Jacques Santini, le Liégeois se sent comme un poisson dans l’eau au côté de Mwaruwari Benjani. La preuve par ses réalisations contre l’AS Monaco et Bordeaux, match pour lequel il fut crédité d’une cote d’excellence par l’ensemble de la presse française.

Si Pieroni s’est incontestablement cherché, les frères Mpenza, eux, se sont bel et bien trouvés. La remarque est quasi anecdotique dans le cas d’Emile, particulièrement en verve chez les Diables ces derniers mois, et qui continue à alimenter sagement son compteur (17 buts en 47 matches). Pour Mbo, en quête de sa toute première réalisation, la délivrance est donc venue face aux Hellènes. C’était à n’en point douter un Mbobut : longue transversale d’ Olivier Deschacht pour Van Damme décalé sur l’aile droite, remise de la poitrine et volée imparable dans un trou de souris. En la circonstance, l’aîné n’a fait que reproduire à présent en sélection les toutes bonnes perfs dont il est coutumier depuis l’entame de la saison à Anderlecht. A présent qu’il peut évoluer dans son meilleur registre, en pointe, dans une configuration à deux ou trois, il est indéniablement revenu à son meilleur niveau. Les chiffres l’attestent d’ailleurs puisque avant d’honorer cette sélection, il avait également trouvé quatre fois l’ouverture avec le RSCA : deux buts en championnat et deux en Coupe d’Europe.

La carte Proto

La présence anderlechtoise n’est d’ailleurs pas passée inaperçue au stade Roi Baudouin. Six Sportingmen faisaient effectivement partie de l’équipe de base, un événement que la maison mauve n’avait plus connu depuis le 15 novembre 1995 à Limassol contre Chypre (1-1). Les heureux élus avaient pour noms Filip De Wilde, Glen De Boeck, Georges Grün, Manu Karagiannis, Danny Boffin et Gilles De Bilde. Tous étaient titulaires au Parc Astrid, ce qui n’était pas le cas de l’un des acteurs les plus en verve contre les Grecs :

Silvio Proto, auteur d’un match plein et de trois arrêts déterminants. Aux dires de Jacky Munaron, le Louviérois a digéré pour de bon son difficile passage dans la capitale cet été.  » Voici une petite dizaine de jours à peine, je lui avais fait la réflexion que je ne le reconnaissais plus « , observe-t-il.  » Depuis lors, il a manifestement tourné la page et son keeping est à nouveau éblouissant, comme il l’a montré contre les Grecs. Sans jeu de mots, il a prouvé qu’on pouvait à nouveau jouer la carte Proto « .

Si l’entente entre Vincent Kompany et Daniel Van Buyten, au centre de l’arrière-garde, et celle de Timmy Simons et Yves Vanderhaeghe dans l’axe de la ligne médiane, font partie des autres enseignements positifs à tirer de cette joute amicale (la 400e de l’histoire des Diables et leur 250e succès en même temps), le seul bémol concerne l’absence d’un véritable point d’ancrage qui nous aurait permis de monopoliser à bon escient le ballon. Surtout en deuxième mi-temps quand la pression de l’adversaire se fit plus soutenue. Vanderhaeghe a, certes, donné quelques bons ballons, dont l’un aurait même dû permettre à Mbo Mpenza d’inscrire son deuxième but, et Jelle Van Damme a sans conteste montré des dispositions en tant que pourvoyeur, mais l’impression finale n’en reste pas moins un goût de trop peu dans ce domaine précis. Une lacune qui pourrait et devrait même être logiquement comblée, avec le retour de Thomas Buffel dans l’équipe. Nous ne serions nullement étonnés si, pour le déplacement à Zenica, Anthuenis revienne à un 4-4-2 avec le milieu des Rangers en soutien des Mpenza.

Bruno Govers

 » L’ABSENCE D’UN POINT D’ANCRAGE dans l’entrejeu laisse penser qu’Anthuenis rappellera Buffel pour la Bosnie « 

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