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Bienvenue dans le monde du foot virtuel

Les gamers belges qui espéraient gagner de l’argent grâce aux jeux vidéos ont désormais une chance d’arriver à leurs fins. Découverte de la Proximus ePro League.

L’E-sport trouve enfin sa voie dans le football belge. La Proximus ePro League a vu le jour en janvier. Il s’agit d’un championnat virtuel dans lequel des gamers s’affrontent à FIFA 19 sur PlayStation 4.

La Belgique avait déjà cinq e-sporters professionnels qui représentaient leur club (Anderlecht, Club Bruges, Charleroi, Standard et l’Excel Mouscron) dans des tournois internationaux mais à présent, la fédération veut aussi donner aux fans une chance de défendre les couleurs de leur club favori. C’est ainsi que les seize clubs de Pro League ont sélectionné leur e-sporter par le biais de tournois de qualification.

Proximus a trouvé le projet intéressant et a conclu un accord avec l’organisateur du championnat de Belgique. Après un entretien constructif avec Electronic Arts, le développeur du jeu vidéo FIFA, la Proximus ePro League est devenue, après la Division 1A et la Division 1B, le troisième championnat professionnel en Belgique.

Le format de la Proximus ePro League est une combinaison de ce qui se fait en France et aux Pays-Bas. Comme en France, les clubs de D1 sélectionnent leur e-sportif amateur dans des tournois de qualification. Une fois ceux-ci terminés, chaque club conserve quatre joueurs qui luttent pour représenter leur équipe. Mais, comme aux Pays-Bas, la Pro League tente également de capter l’attention du grand public en retransmettant les matches sur Proximus Sports ainsi que sur les écrans géants des stades de D1A trente minutes avant chaque match de championnat. Par la suite, il est possible de regarder gratuitement les matches sur internet, notamment sur YouTube.

Un vrai joueur d’Anderlecht

Robin Seeuws (20), d’Anderlecht, est un des gamers qui s’est qualifié pour la Proximus ePro League. Il représente le club bruxellois sous l’aile de l’e-sportif professionnel ZakariaBentato (23).  » Enfant, je rêvais de porter le maillot d’Anderlecht « , dit-il.  » Grâce à cette compétition, ce rêve devient réalité, même si la manière n’est pas celle à laquelle j’avais pensé (il rit).

Mais je me considère comme un vrai joueur d’Anderlecht. Le club m’a donné un équipement complet et un personal coach qui me soutient en préparation. J’ai été accueilli très chaleureusement.  »

Selon Seeuws, la rivalité lors des matches virtuels est aussi forte que celle qu’on retrouve lors des rencontres de D1A.  » Je ne parlerais pas de haine mais c’est parfois très dur, surtout lorsque nous affrontons le Standard ou le Club Bruges. L’ambiance est ardente.  »

Seeuws a connu une saison difficile mais cela ne l’empêche pas de savourer son bonheur.  » Le plus difficile, ce sont les caméras braquées sur moi. Je dois apprendre à vivre avec. Je ne doute pas de mes qualités. Heureusement, je peux compter sur Zaka pour me soutenir. Il me dit de profiter de chaque match, ce que je fais.  »

Pour l’opinion publique, on exagère avec l’e-sport.  » Le gens se moquent souvent de ma carrière, ils disent que je gagne de l’argent à ne rien faire « , témoigne Bentato.  » Ils ont tort. Il ne faut pas sous-estimer le fait de mener une carrière de gamer de front avec des études universitaires en sciences économiques.

Comme les joueurs pros, nous devons préparer les matches, tant sur le plan mental qu’au niveau de l’habileté. C’est pourquoi le club a mis sur pied un schéma qui me permet d’être performant : je dors et je bouge suffisamment, je me réserve du temps pour m’entraîner et étudier.  »

Bentato sait qu’avec la popularité des réseaux sociaux, il peut faire carrière en tant que gamer. C’est pourquoi il tente de développer son compte Instagram. Mais son avenir est incertain. Comme Robin, il envisage toutes les possibilités, y compris celle d’avoir un métier.

Division 1B et Croky Cup bientôt ?

En principe, la phase classique du championnat e-sport (15 matchs par joueur) devait avoir lieu entre le 18 janvier et le 17 mars. Mais en pratique, tous les matches ont eu lieu sur un week-end.

Le top 6 (Club Bruges, Courtrai, CS Bruges, Zulte Waregem, Charleroi et Gand) s’est qualifié pour les play-offs au cours desquels il affrontait les cinq joueurs professionnels (Club Bruges, Mouscron, Standard, Anderlecht et Charleroi). Ces matches ont eu lieu les week-end des 23 et 24 mars (v.cadre).

Il n’y a pas de montée ni de descente car Electronic Arts n’a pas repris les clubs de D1B sur FIFA 19. A terme, si le développeur du jeu décide de les reprendre, un championnat virtuel de D1B est possible.

De plus, l’ePro League veut mettre sur pied l’équivalent de la Croky Cup. Mais avant cela, elle veut d’abord faire progresser la Proximus ePro League sur tous les plans : professionnalisme, réseaux sociaux et intérêt auprès des fans des jeux vidéo.

En raison des montants de plus en plus élevés qui circulent dans le monde du foot, le jeu FIFA en ligne profite également de gros investissements. Contrairement à ce qui se passe à l’étranger et dans les grands tournois, l’ePro League reste (actuellement) une compétition dans laquelle les joueurs veulent avant tout se faire connaître et acquérir de l’expérience. Mais cela va changer lorsque le format sera définitif et que les sponsors s’intéresseront aux meilleurs joueurs.

C’est ainsi qu’actuellement, le meilleur joueur belge de FIFA e-sport, Stefano Pinna, gagne sa vie aux Pays-Bas. Il défend les couleurs du PSV en eDivisie et a déjà gagné des milliers d’euros rien qu’en prize money. Mais ce n’est pas grand-chose comparativement aux meilleurs joueurs de la planète.

Tyler Blevins plus liké que Cristiano Ronaldo

Le plus connu d’entre eux est Tyler Blevins, alias Ninja. Un phénomène sur Fortnite Battle Royal, le jeu de l’année 2018. Au total, il a gagné plus de cinq millions d’euros. Il y a peu, il est devenu le sportif le plus connu, le plus liké et le plus suivi, devançant même Cristiano Ronaldo.

Les revenus dépendent de plusieurs facteurs. Sur FIFA, il y a moins à gagner que sur League of Legends, Dota ou Counter Strike. Les joueurs les plus connus gagnent surtout leur argent en expliquant leurs méthodes de jeu sur Twitch ou YouTube. Des milliers de suiveurs sont heureux de contribuer pour découvrir les secrets de leurs idoles.

Zakaria Bentato
Zakaria Bentato© PG

Le premier champion est Mouscronnois

Le 23 mars, c’était le jour J pour les e-sportifs, avec la finale des play-offs de Proximus ePro League, dans les installations de Proximus. Cette toute première édition du championnat virtuel a été très suivie. Les finalistes, Zakaria Bentato (Anderlecht), Quentin Vande Wattyne (Excel Mouscron), Geoffrey Meghoe et Miran Salim (Club Bruges tous les deux) ont été accueillis par un feu d’artifice.

Dans la première demi-finale, Bentato a battu Meghoe de justesse. Comme dans un vrai match, la tension qui régnait lors de cet Anderlecht-Club Bruges était palpable, y compris parmi les spectateurs. Les supporters de Bentato, surtout, donnaient de la voix.

La deuxième demi-finale a tourné à l’avantage du grand favori, Vande Wattyne. Salim, seul e-sportif amateur à s’être qualifié pour le tour final, a dû s’avouer vaincu par le joueur de l’Excel Mouscron.

Zakaria Bentato
Zakaria Bentato© PG

En finale, Bentato, visiblement tendu, a subi un coup dur lorsque, en début de match, Kara Mbodj a véritablement offert le ballon à Taiwo Awoniyi, qui a ouvert le score pour Mouscron. L’Anderlechtois ne s’en est jamais remis.

Vande Wattyne s’est imposé facilement 0-4, devenant le premier champion de l’histoire de la Proximus ePro League. Malgré l’euphorie, il pensait déjà à la saison suivante.  » L’an prochain, je défendrai mon titre, c’est sûr « , disait-il.

Bentato ne cachait pas sa déception.  » Il va me falloir une semaine pour digérer cela. Ce qui me fait le plus mal, c’est d’avoir offert le premier but sur un plateau d’argent. Je n’ai pas eu la force de réagir. « 

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