Besoin de COPAINS

Le néo-Hurlu a disputé samedi le 500e match de sa carrière en D1. Tout juste arrivé dans son neuvième club, il explique comment il a toujours fonctionné.

En proie à des problèmes aux adducteurs, MarcSchaessens (36 ans le 14 septembre) n’est pas encore totalement parvenu à s’imposer à Mouscron. Mais samedi, à Genk, il a disputé le 500e match de sa carrière en D1.  » En fait, j’avais joué mon 500e match avec le Lierse, en fin de saison dernière, mais comme les deux rencontres face à Lommel de la saison précédente avaient été rayées des statistiques, le match Mouscron-Anderlecht d’il y a dix jours était officiellement devenu mon 499e « .

En 20 ans de carrière professionnelle, Schaessens a tout connu : des joies d’un titre à la tristesse d’une relégation.  » J’essaie de retenir surtout les bons souvenirs. Des regrets ? J’aurais bien aimé revêtir, un jour, le maillot de Diable Rouge. Aujourd’hui, il est probablement trop tard. J’aurais bien aimé, aussi, découvrir un championnat étranger. J’en ai eu l’occasion, en fin de saison dernière : avant de signer à Mouscron, j’avais été contacté par RegiVanAcker, qui souhaitais m’attirer à Bregenz, en Autriche. J’étais prêt à accepter, mais mon fils était réticent. Dix ans, c’est un âge délicat pour s’expatrier. Il aurait dû changer d’école, abandonner ses copains « .

Schaessens a porté le maillot de trois des quatre grands clubs : Bruges, le Standard et Genk. Seul Anderlecht manque à son palmarès.  » Là aussi, j’en ai eu l’occasion. Lorsque j’évoluais en équipes de jeunes à Berchem, MichelVerschueren m’avait à l’£il et est venu plusieurs fois à la maison. J’ai opté pour d’autres Mauve et Blanc. J’ai toujours été supporter du Beerschot et je le suis encore aujourd’hui. J’ai effectué le choix du c£ur « .

Impossible de retracer en détails une carrière aussi longue, le magazine entier n’y suffirait pas. Marc Schaessens a plongé dans sa mémoire et en a extrait quelques morceaux choisis.

BEERSCHOT 84-89 (92 matches, 4 buts)

 » J’étais arrivé de Berchem à 14 ans, alors que j’étais Scolaire. A l’époque, l’entraîneur de l’équipe Première était RikCoppens, une légende vivante. Un jour, il m’a invité à participer à un petit match entre l’équipe A et les Espoirs. Je n’avais qu’une seule paire de chaussures, avec des crampons en aluminium. Il m’a entendu marcher dans le couloir et m’a demandé : – Quevienstufaireici ? Je lui ai rétorqué qu’il m’avait convoqué. û Oui, maispasavecceschaussures, tuvasabîmerleterrain !

En ce temps-là, je vouais une admiration sans borne à JuanLozano, l’un des meilleurs footballeurs que la Belgique ait connu. J’ai eu l’occasion de prendre un verre avec lui et cela reste pour moi un souvenir inoubliable.

J’avais 16 ans lorsque j’ai débuté en D1. C’était contre Waregem et j’ai inscrit le but victorieux, celui du 2-1, à quelques minutes de la fin. Je me souviens aussi d’une victoire 0-4 à Bruges, avec un SimonTahamata exceptionnel. Ce jour-là, j’avais joué en… marquage contre MarcDegryse. Il n’avait pas touché beaucoup de ballons.

Lors de ma dernière saison au Kiel, le Beerschot était antépénultième à la veille de la dernière journée de championnat et devait absolument ramener un point de son déplacement au FC Liégeois pour rester en D1… sauf si le RWDM était battu à Bruges. Nous avons perdu 6-1 (un but de Marc Schaessens et… six buts de ZvonkoVarga !), et à quelques secondes de la fin, c’était toujours 3-3 à l’Olympiapark. LucBeyens a marqué pour Bruges dans les arrêts de jeu… et nous sommes restés en D1 « .

Notre entraîneur était un certain BarryHughes, qui était aussi un chanteur connu aux Pays-Bas. Dans le bus du retour, il a poussé la chansonnette et l’euphorie s’est installée, alors que quelques instants plus tôt, il y avait des joueurs qui pleuraient. Un personnage, ce Barry Hughes ! Lors d’un derby contre l’Antwerp, retransmis pour la première fois à la télévision, nous avons gagné 5-1. L’entraîneur de l’Antwerp était GeorgeKessler, et entre Barry Hughes et lui, c’était comme entre chien et chat. Lorsque nous avons inscrit le quatrième but, il s’est dirigé vers le banc des visiteurs et a fait mine de jouer de la trompette en plaçant le pouce sur le nez « .

STANDARD 89-91 (65 matches, 5 buts)

 » Au début, j’ai connu une adaptation difficile car je ne maîtrisais pas encore la langue française. Pourtant, en fin de compte, j’ai joué quasiment tous les matches, ce qui était un succès pour un jeune comme moi. Mais j’étais parti au Standard pour jouer l’Europe et nous avons chaque fois échoué. Lors de ma deuxième saison, sous la houlette de George Kessler, nous étions premiers à la trêve hivernale. Mais le deuxième tour fut catastrophi-que. Lors d’un match à l’Antwerp, nous nous sommes inclinés 4-0. Nous avons écopé d’une solide amende. Au bout du compte, nous avons dû laisser la dernière place qualificative pour l’Europe au Germinal Ekeren, qui était à égalité de points mais avait une victoire de plus « .

CLUB BRUGES 91-93 (42 matches, 3 buts)

 » Quitter le Standard pour Bruges, c’était une promotion. Et de fait : dès ma première saison, j’ai été champion. C’est le seul titre de ma carrière et pourtant je n’en garde pas un souvenir impérissable. D’une part, les lauriers étaient déjà dans la poche plusieurs journées avant la fin, et d’autre part, je n’ai pas joué énormément de matches. La deuxième saison fut meilleure. Sur les six matches de Ligue des Champions contre les Glasgow Rangers, Marseille et Lokomotiv Moscou, j’en ai joué quatre. J’ai même marqué à Moscou.

Je retiendrai cependant un moment particulier de ma période brugeoise. J’ai eu la chance, pendant six mois, de côtoyer JanCeulemans. Il avait des problèmes au genou et était sur le point de mettre un terme à sa carrière. Lors d’un match européen, il était assis à côté de moi sur le banc. Pendant tout le match, les supporters ont scandé son nom en espérant qu’il monte sur le terrain. Pour moi, qui étais encore jeune, être assis à côté d’un tel monument était impressionnant. HugoBroos, l’entraîneur brugeois de l’époque, a demandé au Caje d’aller s’échauffer. Tout le stade s’est levé « .

GENK 93-94 (32 matches, 2 buts)

 » J’ai effectué beaucoup de bons choix durant ma carrière, mais sur ce coup-là, je me suis trompé. J’ai vécu à Genk la période la plus sombre de ma carrière. Nous n’avons quasiment jamais abandonné la lanterne rouge, de la première à la dernière journée, et nous sommes finalement descendus en D2. La fusion entre Waterschei et Winter-slag n’était pas encore digérée. L’ambiance était très tendue. Les entraîneurs se sont succédé: PierJanssen, LukaPeruzovic et enfin PierreDenier. Je ne me suis jamais senti à l’aise dans le Limbourg. Au bout du compte, j’étais tellement déprimé que j’ai songé à mettre un terme à ma carrière « .

SERAING 94-95 (30 matches, 1 but)

 » Seraing constitua une bouée de sauvetage. En fait, c’est ManuKaragiannis qui me l’a lancée. Il a parlé de moi à la direction. C’était l’époque des Brésiliens, de GeorgesHeylens, de FrancisNicolay, de GéraldBlaton. Une ambiance familiale avait été instaurée et c’est toujours ces conditions-là que je preste le mieux. J’ai pris beaucoup de plaisir à jouer dans cette équipe de Seraing. J’ai même connu la Coupe de l’UEFA. Lors du premier tour, nous étions menés 0-4 à domicile contre le Dynamo Moscou. Nous sommes revenus à 3-4 et avons gagné 0-1 en Russie, mais avons été éliminés sur base des buts inscrits à l’extérieur « .

GERMINAL EKEREN 95-99 (105 matches, 14 buts)

 » Encore un club familial dont j’ai conservé de très bons souvenirs. Sur les quatre années que j’ai passées là-bas, j’ai été européen à trois reprises. J’ai aussi remporté la Coupe de Belgique. Contre Anderlecht, s.v.p. Nous étions menés 0-2 et avons gagné 4-2. C’était une très bonne équipe : TomaszRadzinski, DidierDheedene, EricDeflandre, EdwinvanAnkeren, etc. L’ambiance était excellente et j’ai besoin de cela : rien de tel que d’aller boire un verre avec les coéquipiers pour souder les liens « .

WESTERLO 99-02 (88 matches, 9 buts)

 » Au niveau de l’ambiance, c’est le top dans tout ce que j’ai connu. On formait une bande de copains, et d’après les échos qui me sont parvenus, c’est toujours le cas actuellement. JanCeulemans y est certainement pour quelque chose.

La plupart des entraîneurs tracent une ligne, qu’on ne peut pas dépasser, d’un point de vue disciplinaire. Le Caje trace… deux lignes et elles sont très distantes l’une de l’autre. Les minitrips que l’on effectuait à Ibiza, en fin de saison, avec tout le groupe, ont aussi contribué à souder les liens. Le bloc que l’on formait était à la base des bons résultats. Il n’y avait pas de vedettes, ou plutôt : il y en avait mais elles ne se sentaient pas supérieures aux autres. La venue d’Anderlecht était toujours très particulière. Je n’ai pas connu le fameux 6-0, mais j’étais présent l’année suivante, pour le… 5-0. Les Bruxellois pouvaient être champions en cas de victoire. Un podium avait été installé. Tous les joueurs paraissaient très confiants. Ils sont tombés de haut. Un seul homme était tracassé : AiméAnthuenis, l’entraîneur. Il n’avait pas un bon pressentiment. Et de fait…

J’ai aussi remporté la Coupe de Belgique avec Westerlo. 1-0 contre Lommel, une finale qui ne restera pas dans les annales mais qui me laisse malgré tout un très bon souvenir. J’ai même vécu ce succès plus intensément que celui contre Anderlecht, avec le Germinal « .

LIERSE 02-04 (44 matches, 9 buts)

 » Au Lierse aussi, je me suis senti comme un poisson dans l’eau. Je baignais dans une ambiance familiale qui me convenait parfaitement. Et j’ai côtoyé un entraîneur de pointe : EmilioFerrera. J’ai aussi, malheureusement, connu les problèmes financiers. J’avais lu dans la presse, les années précédentes, ce qui était arrivé aux joueurs de Malines, de Lommel, d’Alost ou du RWDM, et je m’étais dit que j’avais eu bien de la chance, au cours de ma carrière, de ne pas connaître ces affres. Je m’étais réjoui trop tôt.

Heureusement, c’est arrivé après de longues années de carrière et j’avais eu le temps de me constituer un petit bas de laine. Un ou deux mois de retard dans les salaires, pour moi, ce n’était pas très grave. Pour d’autres joueurs, hélas, c’était plus préoccupant. J’ai terminé ma carrière au Lierse par un match particulièrement émouvant : à Bruges, pour les adieux de DanyVerlinden. J’en ai eu la chair de poule, même comme adversaire. Pour moi, Dany est aussi un monument du football belge. Je ne comprends toujours pas pourquoi il n’a pas été sélectionné plus souvent en équipe nationale « .

MOUSCRON (2 matches, 0 but)

 » Ce qui m’impressionne le plus dans ce club, c’est son professionnalisme. On ne doit s’occuper de rien, il suffit d’arriver au stade et tout est prêt pour qu’on puisse s’entraîner. Je suis aussi impressionné par la quantité de talents que recèle cette équipe. Même avec les nombreux départs, les joueurs de classe sont légion.

Mon adaptation n’a pas été facile, je le reconnais. J’ai été bloqué par une blessure au genou durant l’été et je n’ai pas pu me préparer comme je l’aurais souhaité. Actuellement, je ressens une gêne aux adducteurs et je n’ai pas encore pu donner la pleine mesure de mon potentiel. Mais je ne crache pas dans la soupe. Un quotidien néerlandophone m’a attribué des propos que je n’ai jamais tenus. Je ne me permettrai jamais de critiquer un entraîneur ou des coéquipiers. Que les entraînements soient très tactiques, c’est la réalité. Mais c’est une constatation, pas une critique. Que j’ai été déçu de débuter le match inaugural contre Anderlecht sur le banc, c’est exact également. Mais je m’incline devant la décision de l’entraîneur. Lorsque je serai à 100 % de mes capacités, je devrai pouvoir briguer une place de titulaire « .

Daniel Devos

 » Je ne ME PERMETTRAI JAMAIS DE CRITIQUER un entraîneur ou des coéquipiers « 

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