Besnik Hasi est-il en faute ?

Chaque semaine, Sport / Foot Magazine pose la question qui fait débat.

Aad De Mos

 » Les 45 premières minutes d’Anderlecht, à Bruges, c’est ce que j’ai vu de meilleur cette année, tous clubs confondus. Le Sporting a aligné à cette occasion ce que je considère comme son onze de base type. Donc sans Rolando et sans Nuytinck. Mbemba et Deschacht, dans l’axe, c’est ce qu’il y a de mieux dans l’effectif. A cette seule nuance près qu’ils doivent urgemment procéder à des réglages sur phases arrêtées. Deschacht sur son copain De Sutter et Mbemba sur Oularé, c’est quand même pas chinois ? Sur ce manque de rigueur-là, ce sont les joueurs qui sont responsables au premier degré et non l’entraîneur. Idem sur le 2e but : au lieu de se focaliser sur les boulettes de papier lancées des tribunes, Proto aurait mieux fait d’organiser sa défense comme il se doit. Ceci dit, mis à part ces deux errances coupables, il n’y a pas grand-chose à redire sur la prestation globale de l’équipe. Indépendamment des axiaux, j’ai vu à l’oeuvre deux backs modernes qui apportaient le surnombre plus souvent qu’à leur tour ; un entrejeu à trois, avec Tielemans, Defour et Praet qui a complètement mis sous l’éteignoir le trio Vormer, Claudemir et Vazquez et deux ailiers qui ont non seulement bien effectué leur travail le long de la ligne mais qui sont aussi intelligemment rentrés dans le jeu. Le tout au service de Mitrovic qui, parmi l’élite, n’a pas son équivalent dans les 16 mètres. Si Anderlecht parvient à résorber une partie de son retard lors des deux derniers matches aller, je les vois en tout cas remettre les pendules à l’heure au retour, quand ils auront la chance d’accueillir à la fois Bruges, le Standard et Gand. A condition, évidemment, qu’ils procèdent aux réglages nécessaires sur les phases arrêtées. Ce qui paraît simple mais qui, dans le chef de certains, n’est malheureusement pas gagné…

Alex Teklak

La grande différence entre Besnik Hasi et Michel Preud’homme, le match de dimanche l’a encore prouvé, c’est leur faculté à s’adapter aux événements. Là où MPH est très fort, Hasi a encore des lacunes. Je continue à penser que Leander Dendoncker aurait dû monter bien plus tôt au jeu à la place d’un Dennis Praet, complètement cuit en seconde période, afin de répondre à la montée au jeu de Obi Oularé. C’est sur ces détails que Besnik doit encore progresser, sur ce que j’appelle la micro-tactique, cette faculté à répondre aux faits de match. Une donne qui nécessite de l’expérience, ce qui viendra avec le temps puisque Besnik boucle seulement sa première année de coaching, mais aussi de l’instinct et du flair. On ne doit pas non plus être aveuglé par le titre remporté l’an dernier. Certes la titularisation de Kouyaté, ce qui était une évidence pour beaucoup, dans l’axe de l’entrejeu fut déterminante dans ce sacre mais Hasi a aussi bénéficié d’un statut d’underdog l’an dernier. Alors que cette année, il avait tout à perdre. Et à l’inverse, je ne voudrais pas trop l’accabler pour la défaite au Standard car je reste persuadé qu’il avait un autre plan avec un sytème à 3 derrière qui aurait pu être efficace face au duo d’attaquants Ezekiel-De Camargo. Je ne le pointerais pas non plus trop du doigt par rapport aux errements sur phase arrêtées mais plutôt les joueurs à l’image d’un Vanden Borre totalement absent lors de l’égalisation d’Oularé. La prestation face à Bruges reste toutefois encourageante d’autant que Defour a à nouveau joué en patron et a répondu de la meilleure des manières aux critiques.

Gilles Van Binst

Je garde toute ma confiance en Besnik Hasi. Le match à Bruges fut d’excellente facture et si Anderlecht n’avait pas été couillonné (sic) par l’arbitre, il l’aurait emporté facilement. Hormis ce match au Standard sur lequel, on s’est trop attardé, j’apprécie le fait que Hasi ne chamboule pas trop son équipe à l’inverse de ce que faisait John van Den Brom et même si les blessures et les suspensions l’obligent. Hasi n’a pas pour habitude non plus de s’adapter à son adversaire et tente toujours au niveau national de dominer les événements, comme dimanche à Bruges. Mais on a beau être le plus grand entraîneur du monde, on ne peut rien faire quand tes joueurs loupent les occasions ou font de grosses erreurs individuelles et qu’en plus l’arbitre n’est pas de ton côté. Oui, Hasi a fait des erreurs cette saison mais il a surtout réalisé de très bonnes choses comme de faire grandir tous ces jeunes. Je reste à 100 % en faveur de son coaching.

Thomas Chatelle

Jusqu’au match du Standard, je trouvais le bilan de Hasi presque parfait, que ce soit au niveau de la tactique, de la gestion du groupe ou de la communication. A Sclessin, pour la première fois, j’ai été interloqué et déçu par ce qu’il avait mis en place. Je me suis demandé si ce schéma avait été préparé ou improvisé ; ce qui serait plutôt gênant pour un tel match à pareil moment de la saison. Je crois aussi, qu’au-delà du match au Standard, c’est cette finale de Coupe de Belgique perdue qui fut un déclic dans le mauvais sens du terme. Depuis lors, on sent une perte de confiance chez les joueurs – même s’ils sont su relever la tête dimanche – cumulée à une tension qui s’est accrue. Hasi semble bien moins serein que précédemment. Anderlecht doit aussi apprendre à imposer son jeu face à des équipes regroupées derrière car jusqu’ici c’est dans une position d’outsider comme en Ligue des Champions et donc avec davantage d’espace que le Sporting d’Hasi m’a fait la meilleure impression. Quand il faut construire le jeu, ça devient nettement plus compliqué.

PAR THOMAS BRICMONT

 » Hasi doit encore progresser dans les détails, dans cette faculté à répondre aux faits de match.  » Alex Teklak

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