Pierre Danvoye
Pierre Danvoye Pierre Danvoye est journaliste pour Sport/Foot Magazine.

Plus que jamais en disgrâce à Anderlecht, l’ex-Diable est toujours cité chez les Carolos. Conclusion en vue ?

Walter Baseggio (27 ans) prêté par Anderlecht à Charleroi : ce fut l’un des feuilletons de l’été dernier et ce pourrait être à nouveau l’un des dossiers chauds de l’hiver prochain. D’autant qu’entre-temps, la cote du joueur n’a certainement pas grimpé au Parc Astrid. Le président Roger Vanden Stock a beau répéter qu’il ne chasse pas le joueur, il est clair que Frankie Vercauteren en fait moins que jamais une priorité tandis que le contrat longue durée (jusqu’en 2008) de Baseggio pèse très lourd.

L’été passé, les négociations entre Anderlecht et Charleroi avaient buté essentiellement sur l’aspect financier. Mais on ne se décourage pas au Mambourg où on a rappelé récemment que le cas Baseggio serait à nouveau traité dans les prochaines semaines. Un nouveau contact informel a d’ailleurs été noué entre les deux clubs. Avec quelles chances de succès ? Anderlecht sera-t-il plus coulant qu’il ne l’a été il y a quelques mois ? Charleroi a-t-il besoin de ce joueur ? Le temps de jeu limité de Baseggio, depuis mars 2005, ne représenterait-il pas un risque pour les Zèbres ? Comment serait-il accepté dans le groupe carolo ? Toutes des questions que l’on peut se poser au sujet de celui qui, par sa physionomie, pourrait faire penser à un nouveau Georget Bertoncello. Toutes proportions gardées…

Baseggio :  » Le club qui me prendra ne sera pas déçu  »

Etes-vous tenté par Charleroi ?

Walter Baseggio : Certainement. Je ne ferme la porte à personne. Charleroi, c’est aussi un nom. Pourquoi ne pas me relancer là-bas ? Je tenais déjà le même discours en août mais la qualification en Ligue des Champions a modifié la donne : Anderlecht a voulu garder un noyau très large dans l’espoir de réussir de bonnes choses sur trois fronts.

Vous êtes-vous fait à l’idée de partir en janvier ?

Oui. Je vis très mal depuis quelques mois, il faut me comprendre. C’est dur d’être devenu un presque éternel réserviste. J’étais persuadé que j’allais avoir souvent ma chance en Ligue des Champions notamment, mais on voit ce que ça a donné. Ça fait mal. S’il le faut, je tiendrai encore le coup, sur le banc, jusqu’en fin de saison. Mais je n’imagine pas cette situation jusqu’en 2008, à la fin de mon contrat : impossible. Je souffre depuis le mois de mars, il y a des limites à tout.

Il doit aussi y avoir des explications à votre mise à l’écart ?

Frankie Vercauteren ne m’en parle pas en privé. Quand il donne des explications, c’est devant tout le groupe. J’ai parfois du mal à comprendre. Je suis subitement entré dans l’équipe, en plein premier tour. Je redoutais la première rencontre parce qu’elle est toujours difficile, mais ça ne s’est pas trop mal passé, puis j’ai joué quatre ou cinq matches. J’avais l’impression d’être dans le bon, mais j’ai à nouveau disparu de la circulation du jour au lendemain. Ne me demandez pas pourquoi : je n’en sais rien. Il me faudrait un petit paquet de matches d’affilée pour redevenir vraiment moi-même mais on ne m’en donne pas l’occasion.

Le moment n’est-il pas idéal pour aller voir ailleurs ?

Peut-être. Je m’étais toujours bien senti à Anderlecht, mais depuis quelques mois, ce n’est plus ça du tout. Il se pourrait que j’explose dès le premier jour avec un autre club.

L’élimination contre Geel pourrait vous pousser dehors ?

J’ai assumé directement en disant que j’avais été mauvais ce soir-là. Mais je n’étais pas le seul. Sur ceux qui ont commencé ce match et ceux qui sont montés au jeu, combien ont été bons ?

Pensez-vous que Vercauteren pourrait encore changer d’avis à votre égard ?

J’ai des doutes mais il faudra en tout cas tirer les choses au clair dans les prochaines semaines. Je veux savoir quelle solution est la meilleure pour moi en janvier. En attendant, je m’efforce de garder mon calme.

Van Holsbeeck :  » On espère toujours qu’il va revenir  »

Comment analysez-vous l’intérêt de Charleroi pour Baseggio ?

Herman Van Holsbeeck : Il n’y a pas de négociations en cours. La situation actuelle, c’est que Baseggio est sous contrat chez nous jusqu’en 2008. Nous espérons toujours qu’il va revenir, qu’il va de nouveau répondre présent sur le terrain. La balle est plus que jamais dans son camp. Nous ferons le point dans quelques semaines. S’il n’est pas titulaire en fin de premier tour, nous verrons ce qu’il convient de faire. Et si Baseggio a envie d’aller voir ailleurs, nous l’écouterons.

Charleroi était-il vraiment le seul club qui s’était intéressé à lui l’été dernier ?

C’est en tout cas le seul club qui nous avait remis une offre concrète.

Pourquoi n’aviez-vous pas pu vous arranger ?

Le gros problème, c’était le salaire de Baseggio. Entre ce qu’on offre à Charleroi et à Anderlecht, la différence est évidemment très importante. Dans un marché pareil, il faut que toutes les parties s’y retrouvent. Quand nous avons négocié avec Charleroi, certaines parties ne s’y retrouvaient pas. De plus, nous n’avions pas vraiment envie de le voir s’en aller. Baseggio a fait toutes ses classes chez nous et ça joue un rôle. Nous connaissons ses défauts mais aussi ses qualités. Nous espérions qu’il allait relever le défi que nous lui proposions. Pour le moment, ça ne marche pas. Et il faudra bien envisager quelque chose d’autre si rien ne change.

Baseggio n’est pas rentable du tout si on fait le rapport salaire/minutes jouées et c’est le plus gros souci d’Anderlecht ?

Oui. Un joueur de son calibre, avec son salaire, doit toujours être titulaire pour être rentable.

Quel est le discours de Vercauteren à propos de Baseggio ?

S’il y a bien quelqu’un qui connaît parfaitement Baseggio, c’est Vercauteren. De là à savoir pourquoi la mayonnaise ne prend pas… Nous constatons simplement qu’il ne joue pas et ce n’est intéressant pour personne : ni pour Walter, ni pour le Sporting d’Anderlecht.

Mathijssen :  » Il y a des problèmes plus urgents à régler  »

Etes-vous aussi chaud que votre direction pour l’arrivée de Baseggio ?

Jacky Mathijssen : Non, certainement pas. J’ai des priorités et Baseggio n’en fait pas partie. Il y a d’autres choses à faire avant de parler d’une arrivée pareille.

C’est-à-dire ?

Je ne tiens pas à m’exprimer en détail là-dessus. Les dirigeants du Sporting savent très bien ce que je veux dire. Tout doit être fait dans l’ordre. Et mes priorités doivent être rencontrées au plus tard en fin de saison. C’est vital si on veut progresser.

Considérez-vous quand même Baseggio comme un renfort potentiel ?

Bien sûr. Avoir un joueur de qualité en plus dans l’effectif ne nous ferait pas de tort.

Dans quel rôle imaginez-vous Baseggio ?

La question ne se pose pas. Parce qu’il y a d’autres choses à faire avant et parce que Charleroi n’a de toute façon pas les cartes en mains dans ce dossier. En l’imaginant dans tel ou tel rôle, je raisonnerais dans le vide.

Imaginons que Baseggio débarque aujourd’hui : quelle serait votre réaction ?

Super ! Alléluia ! Mais si les autres choses à faire n’ont pas été faites avant, on ne va pas réaliser ce que j’ai en tête !

Baseggio joue très peu à Anderlecht et est sûrement en manque de rythme : pourrait-il quand même vous aider assez vite ?

Tous les problèmes ont une solution quand on travaille avec des joueurs motivés et qui ont du talent. Pour moi, ce manque de rythme n’est certainement pas un souci.

Chabaud :  » On a des joueurs de qualité au poste de Baseggio  »

Comment réagissez-vous à l’arrivée possible de Baseggio ? Vous pourriez être directement concerné ?

Sébastien Chabaud : Ouais… Peut-être. Je crois qu’un joueur comme Nasredine Kraouche serait plus visé que moi.

S’il vient à Charleroi, ce n’est pas pour faire banquette. Qu’en pensez-vous ?

Il n’y aura pas de traitement de faveur pour Baseggio ou un autre. S’il veut jouer, il devra prouver à l’entraîneur qu’il le mérite. J’estime que nous avons déjà des joueurs de qualité pour les postes auxquels Baseggio est susceptible de jouer.

Que savez-vous de Baseggio ? Qu’avez-vous retenu de vos confrontations directes avec lui ?

Je pense ne l’avoir affronté qu’une seule fois. Dans tous les autres matches entre Anderlecht et Charleroi, il était sur le banc !

Berto :  » Charleroi dans le Top 3 du deuxième tour avec Baseggio  »

Walter Baseggio à Charleroi, ce serait Berto II !

Georget Bertoncello : Tu rigoles ou quoi ? 1° j’avais deux pieds, Baseggio en a un seul. 2° j’avais une pointe de vitesse, il n’en a pas. 3° : j’aimais bien faire le show, ce n’est pas son truc. Et il n’est pas aussi beau que moi, hein ! (Il se marre). Enfin bon, indépendamment des comparaisons directes, ce serait un joueur extraordinaire pour Charleroi. Il a un excellent pied gauche et sait donner des caviars à 30 mètres. Il n’y a pas de joueur pareil dans l’équipe actuelle. Le Sporting a de bons petits joueurs, dont quelques Français qui me plaisent vraiment. Pas des Zinédine Zidane, mais quand même des gars beaux à regarder. Toutefois, aucun n’a le niveau d’un Baseggio en possession de tous ses moyens.

Charleroi pourrait donc viser beaucoup plus haut avec Baseggio ?

J’en mets ma main au feu : avec Walter, Charleroi jouerait le Top 3 au deuxième tour. Je suis prêt à parier le champagne. Ce club a le meilleur gardien de D1, une bonne défense et de bons petits joueurs devant, mais il lui manque clairement un patron dans l’entrejeu. Baseggio pourrait faire très mal. Je suis convaincu qu’avant même le premier match officiel, il aurait un gros impact moral sur le groupe. Un Anderlechtois de renom qui débarque, un ancien Diable Rouge qui vient renforcer les Zèbres, ça marquerait directement les esprits dans le noyau.

Mais s’il ne joue plus à Anderlecht, il doit y avoir des raisons ?

Je ne comprends pas pourquoi il n’est pas titulaire chaque semaine là-bas. A côté de cela, Yves Vanderhaeghe joue tout : c’est incompréhensible. Il a déjà su jouer au foot, Vanderhaeghe ? Allons donc… Mais bon, il ne faut plus s’étonner de rien là-bas. On a retiré un aveugle, Hugo Broos, pour le remplacer par un borgne, Frankie Vercauteren. Comment est-il possible de ne pas remarquer au premier coup d’£il ce que Baseggio peut apporter ? C’est un vrai numéro 10, un vrai patron, un vrai plus pour l’équipe, un vrai et digne successeur de Wilfried Van Moer. Tu imagines ça à Charleroi ? Qu’est-ce que ça pèterait des flammes !

PIERRE DANVOYE

 » JE NE TIENDRAI PAS COMME ÇA JUSQU’EN 2008 : IMPOSSIBLE  » (BASEGGIO)

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