» Berto aurait dû être Diable Rouge… « 

 » Il y a 40 ans, Charleroi prenait part à la Coupe d’Europe des Villes de foire. Cette saison-là, en 1969-70, Anderlecht échoua en finale contre Arsenal (3-1 à Bruxelles, 3-0 en Angleterre). Les Zèbres éliminèrent le NK Zagreb (2-1, 1-3 en déplacement) avant d’être mis en échec par le FC Rouen (3-1 à Charleroi, 2-0 au retour). Durant cette campagne, les buts carolos ont été marqués par Claude Bissot (5), Jean Boulet (1), Jean-Paul Spaute (1) et… Georget Bertoncello (1). Cette campagne européenne était une récompense pour une belle équipe carolo, vice-championne en 1968-69 derrière le Standard. C’était une formation bien équilibrée avec, en plus des joueurs cités, des certitudes de l’élite comme André Colasse (excellent médian défensif que j’ai connu à Anderlecht où il a joué une saison devant moi), le gardien de but Toni Tosini, etc. Mais la star, c’était Berto qui joua aussi quelques saisons au FC Liégeois avant de revenir chez lui, au Mambourg. Berto était un gaucher mais son pied droit valait le déplacement.

J’ai souvent eu ce rondouillard dans les pattes et je vous assure que c’était quelque chose. Il était intenable, imprévisible, génial et… bavard sur le terrain où il racontait n’importe quoi à son adversaire pour le distraire avant de le crocheter. Je lui ai régulièrement dit : -Pas avec moi, Berto. L’artiste amusait la galerie. Il était le Rik Coppens wallon. Un jour, au RWDM, il a posé son postérieur sur le ballon avant une remise en jeu parce que l’arbitre, Fred Delcourt, avait accordé trop facilement un penalty aux Bruxellois qui se contentèrent finalement d’un match nul (1-1). L’homme en noir ne fit pas preuve d’humour et sortit la carte rouge.

Cette scène reste célèbre mais elle ne peut pas résumer tout ce que le Zèbre du siècle a apporté au foot. Avec le recul, je pense que ses frasques, son humour, sa gouaille, son franc-parler de bon vivant, ses rondeurs et ses conflits avec ses coaches l’ont privé de grands succès. A son époque, Wilfried Puis d’Anderlecht était le numéro un à l’extérieur gauche mais Berto aurait dû être Diable Rouge aussi. Il n’a finalement été qu’international B. Je l’ai retrouvé plus tard, alors que je coachais Charleroi. Il était jardinier à la Ville de Charleroi. A l’heure de la pause repas, il tapait le carton avec ses collègues dans les vestiaires du centre d’entraînement de Marcinelle. Ah… on les entendait se marrer. Je suis sûr que Berto les saoulait de paroles avant de sortir la carte qui fait la différence. Georget n’avait pas changé…  »

né en 1941, heylens fut un excellent back droit (67x diable rouge, équipe d’europe 65, mondial 70 au mexique, 7 titres et 3 coupes de belgique avec anderlecht). coacha une douzaine de clubs (passa 5 ans au losc et fut coach belge 1984 à seraing)

propos recueillis par pierre bilic

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