BELLE HISTOIRE…

Le tournoi olympique est la plus ancienne compétition internationale. Retour sur plus d’un siècle d’histoire, entre amateurisme et professionnalisme.

Deux décennies avant que la FIFA ne crée la Coupe du Monde, le football fait déjà partie des compétitions olympiques. Après des tentatives à la participation très confidentielle à Paris en 1900 et à Saint-Louis (USA) en 1904, les Jeux de Londres en 1908 incluent le premier tournoi mondial de football.

Les quatre nations britanniques (Ecosse, Irlande, Angleterre et Pays de Galles) sont invitées mais seule l’Angleterre – la seule à faire partie de la FIFA créée 4 ans auparavant – envoie une délégation de bénévoles ! D’autres pays ont rétribué leurs joueurs à titre de compensation pour leur salaire perdu suite à leur participation. Des non-professionnels comme l’avant-centre Vivian Woodward de Tottenham Hotspur et le gardien Horace Bailey de Leicester sont suffisamment bons pour représenter l’Angleterre qui remporte la médaille d’or aux dépens du Danemark (2-0) qui joue avec le très talentueux Nils Middelboe.

Quatre ans plus tard à Stockholm, la FIFA édicte des règles strictes concernant le foot amateur et le nombre de participants s’éleva : 11 nations. L’Angleterre se montre à nouveau la plus forte. En demi-finale (victoire 4-0 contre la Finlande), l’avant Woodward rate volontairement un penalty qu’il estime injustement accordé. La finale de 1912 est une réédition de celle de 1908 avec un duel Woodward-Middelboe qui tourne à nouveau à l’avantage des Anglais, victorieux 4 à 2.

Après la guerre de 14-18, Anvers accueille les Jeux en 1920. Les tenants du titre anglais se montrent arrogants et sont battus par la Norvège au premier tour (3-1). On compte 14 équipes dont, pour la première fois, un participant non-européen : l’Egypte. En finale, la Belgique l’emporte face à la Tchécoslovaquie 2-0, les Tchèques quittant le terrain en toute fin de partie, en signe de désaccord avec le referee John Lewis qui a accordé le deuxième but aux Belges !

La star Scarone

Paris 1924 fait la part belle au football, avec 22 équipes en compétition dont les nouveaux venus les Etats-Unis et l’Uruguay… qui signe un carton contre la Yougoslavie au premier tour : 7-0. Les Sud-Américains, qui comptent en leurs rangs le brillant Hector Scarone, remportent la finale 3-0 contre la Suisse devant 41.000 personnes dans le stade mythique de Colombes. A Amsterdam, quatre ans plus tard, on assiste à l’émergence d’une autre nation sud-américaine : l’Argentine. Elle atteint la finale contre l’Uruguay et après un partage (1-1), le match est rejoué et se solde par une nouvelle victoire (2-1) des Uruguayens.

Malgré des disputes continuelles sur le statut des joueurs amateurs et les pays qui interviennent pour rembourser les frais de leurs joueurs olympiques, la popularité du ballon rond pousse la FIFA à créer un championnat du monde. Conséquence : le tournoi olympique a commencé à souffrir à partir du moment où l’Uruguay organise la première Coupe du Monde en 1930 – un tournoi ouvert à tous les joueurs, amateurs et professionnels. Le football est même retiré du programme olympique à Los Angeles en 1932 mais réintroduit en 1936, lorsque le régime nazi d’ Adolf Hitler a besoin de larges assistances pour rentabiliser les investissements colossaux réalisés en infrastructures.

Alors qu’elle n’a pas participé aux trois olympiades précédentes, la Grande-Bretagne fait son retour en 1936 avec 13 Anglais, 5 Ecossais, 2 Gallois et 2 Irlandais du Nord. La compétition de Berlin compte 16 équipes…et l’Allemagne est sortie par la Norvège en quarts, à la grande colère de Hitler. Dans une finale haletante, l’Italie l’emporte 2-1 contre l’Autriche, coachée par Jimmy Hogan, un Anglais. Emmenée par Bernard Joy (Arsenal) – le dernier joueur à décrocher une cap avec le statut d’amateur – la Grande-Bretagne est battue 5-4 par la Pologne en quarts aussi.

Après l’interruption consécutive à la Deuxième Guerre mondiale, Londres accueille les Jeux en 1948. La Grande-Bretagne, dirigée par Matt Busby, vient à bout des Pays-Bas (4-3) avant de battre la France (1-0) et de tomber contre la Yougoslavie (1-3) en demi-finale. Malgré la victoire finale (3-1 contre les Yougos) d’une séduisante équipe suédoise alignant notamment Gunnar Gren, Gunnar Nordahl et Niels Liedholm, le tournoi acte la montée en puissance des pays communistes dont les joueurs ont officiellement le statut d’amateur mais sont tous employés au sein des structures étatiques et peuvent s’entraîner à plein temps.

Les magiques Magyars

Ce statut des joueurs de foot dans les pays de l’Est va contribuer à une vague de succès des pays communistes lors des tournois olympiques. La Hongrie et son onze d’or (emmené par Ferenc Puskás, Zoltán Czibor et Sándor Kocsis) en est la plus belle illustration. Un an avant d’humilier l’Angleterre à Wembley en 1953 (6-3 dans ce qui sera considéré comme le match du siècle et un des tournants de l’histoire du foot), les Hongrois décrochent l’or à Helsinki. En Finlande, la Grande-Bretagne coachée par Walter Winterbottom est défaite par le petit Poucet luxembourgeois lors du premier tour.

En 1956 les JO se déroulent aux Antipodes, à Melbourne et le long voyage réduit le nombre de participants à 11. Les équipes communistes livrent 3 des 4 demi-finalistes et le vainqueur est soviétique. En 1960 à Rome, l’intérêt est à nouveau accru. La Grande-Bretagne perd son premier match face au Brésil de Gerson avant de forcer un partage (2-2) contre l’Italie du catenaccio, de Giovanni Trapattoni et Gianni Rivera. La Yougoslavie remporte la médaille d’or en battant le Danemark (3-1).

A Tokyo, en 1964, une nouvelle génération hongroise et son meilleur joueur Florian Albert décrochent l’or alors que la décolonisation a fait passer à 62 le nombre de nations prenant part aux qualifications pour le tournoi olympique ! Elles seront 81 pour les qualifs de Mexico 68. La Hongrie y conserve son titre, battant la Bulgarie en finale. Pour Munich en 1972, la qualification britannique tombe à l’eau. Le tournoi munichois de 72, marqué par le massacre de 11 athlètes israéliens par des terroristes palestiniens, rassemble des nations inédites comme le Soudan et la Birmanie et est remporté par une Pologne qui atteint également la finale mais sera battue par la RDA quatre ans plus tard à Montréal.

En 1974, la fédération anglaise (FA) laisse tomber la dénomination d’amateurs, tous les footballeurs ayant le même statut de joueurs. Conséquence : sans affiliés amateurs de qualité à la FA, le niveau olympique britannique baisse et ne se qualifie pas pour Montréal 72.

Au moment d’entamer les JO de 1980 à Moscou, les pays du bloc soviétique ont remporté les sept dernières médailles d’or du tournoi olympique de football. Cela ne change pas à Moscou – où les USA boycottent les Jeux en raison de l’invasion de l’Afghanistan par l’URSS – puisque la Tchécoslovaquie vient à bout de la RDA. Au début des années 80, la FIFA et le Comité International Olympique (CIO) se mettent d’accord sur de nouvelles règles pour le tournoi de football, à compter des Jeux de Los Angeles 84. Désormais, les joueurs professionnels peuvent prendre part aux Jeux, mais pas les Européens et les Sud-Américains qui ont disputé une phase finale de Coupe du Monde.

Dans l’un des meilleurs tournois de l’histoire du foot olympique à L.A., le Canada faillit créer la surprise en quart de finale, perdant de façon malchanceuse face au Brésil. La Seleçao échoue finalement en finale contre la France (déjà sacrée championne d’Europe deux mois plus tôt à Paris) devant 101.000 personnes au Pasadena Rose Bowl. Après le nouveau triomphe de l’URSS à Séoul en 1988, la FIFA a quelque peu manipulé les règles en créant un championnat du monde des -23 ans. A partir de là, seuls les jeunes joueurs de cette catégorie d’âge peuvent participer aux JO à l’exception de trois joueurs de plus de 23 ans. A Barcelone en 1992, l’équipe espagnole avec Pep Guardiola en ses rangs bat la Pologne en finale (3-2) devant 95.000 personnes au Nou Camp.

La parenthèse africaine

Quatre ans plus tard à Atlanta, le Nigéria devient le premier pays africain à remporter un tournoi de football majeur. Après avoir créé la surprise en éliminant le Brésil en demis, ils dominent l’Argentine d’ Hernan Crespo en finale. Au tournant du siècle, à Sydney, le Cameroun lui succède au palmarès suite à une belle finale opposant Samuel Eto’o et les siens à l’Espagne de Xavi et Carles Puyol.

En 2004 à Athènes, l’Argentin Carlos Tevez inscrit huit buts et l’ Albiceleste remporte l’or en battant le Paraguay en finale. L’Amérique latine devient la force dominante du foot olympique. Quatre ans plus tard, Lionel Messi insiste fortement auprès du FC Barcelone pour pouvoir participer aux Jeux de Pékin et l’Argentine est à nouveau médaillée d’or devant 90.000 spectateurs. Nos Diablotins coachés par Jean-François de Sart perdent le match pour la médaille de bronze 0-3 contre le Brésil !

PAR STEVE MENARY, ESM

 » Il y a 4 ans, la Belgique de Jean-François de Sart perd le match pour le bronze 0-3 contre le Brésil !

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