Belle COTE d’azur

Le médian défensif des Aiglons mérite largement son beau coin de ciel bleu en France.

 » Ordonnateur du milieu, le Belge n’a jamais paniqué et a fait parler son expérience, notamment sur le deuxième but où il joua très vite pour Florent Balmont  » : cette analyse très positive du quotidien français L’Equipe, Roberto Bisconti (32 ans) l’a méritée après sa bonne performance au Parc des Princes où les Niçois dictèrent récemment leur loi au PSG (1-2).

Il se sent bien chez les Aiglons où sa cote est d’azur. Le club du stade du Ray n’est pas un géant du football français même s’il négocie actuellement sa 46e saison en L1. L’Olympique Gymnaste Club de Nice Côte d’Azur a longtemps joué à l’élastique, s’est retrouvé de temps en temps en D2, navigua au bord de la faillite puis s’est stabilisé. En fouillant un peu plus dans l’histoire de ce club fondé le 9 juillet 1904, on retrouve quatre titres de champion de France (1951, 1952, 1956, 1959), trois Coupes de France (1952, 1954, 1997), la dernière ayant été remportée alors que Milan Mandaric jouait à l’actionnaire principal et que le club était déjà condamné à la chute en D2. Des joueurs connus chez nous y ont plus ou moins brillé : feu Fernand Goyvaerts, Philippe Léonard et Jules Bocandé entre autres. Michel Renquin a brièvement entraîné l’OGC Nice en 1997-1998.

Roberto Bisconti pourrait cependant devenir le plus connu des nôtres près de la Promenades des Anglais  » J’ai découvert une autre planète en L1 « , certifie Roberto Bisconti.  » Il faut y jouer pour comprendre pourquoi le football français est désormais un grand fournisseur de bons joueurs. Le niveau technique de tous les footballeurs est élevé. De plus, tout le monde va au charbon, chasse pour récupérer le ballon, soigne ses devoirs tactiques, etc. La présence massive de clubs français en Coupes d’Europe ne m’étonne pas. Ici, on ne lâche rien et les clubs ferraillent jusqu’à la fin de la saison afin de prendre part à la Coupe Intertoto. Ailleurs, cela peut faire sourire mais cela a finalement permis à Marseille et à Lens de se qualifier pour la Coupe de l’UEFA « .

Plus en profondeur, les Bleuets (-19 ans) ont remporté la finale de l’EURO (3-1) face à l’Angleterre. Ce succès prouve que la génération 1986 sera bientôt capable de prendre le relais de Zinédine Zidane et de ses petits camarades.

 » Je regrette vraiment de ne pas avoir découvert le football français plus tôt dans ma carrière « , explique Roberto Bisconti.  » Je me suis parfaitement resitué même si j’ai parfois eu des relations tendues avec Gernot Rohr qui entraîna Nice durant une grande partie de la saison passée. Notre équipe poserait facilement de gros problèmes aux meilleures formations belges. En début de saison passée, je ne pouvais plus rester au Standard. Je m’y étais relancé après mon séjour en Ecosse mais les conditions financières étaient intenables pour moi. Je devais songer à mon avenir et à celui des miens. Et cela passait par un nouveau séjour à l’étranger. A Nice, j’ai découvert une autre qualité de vie. Quoi qu’il arrive plus tard, la famille Bisconti s’installera définitivement à Nice après ma carrière. Je suis bien, les miens sont heureux. Ma femme adore cette région, nos enfants ne veulent déjà plus la quitter. Je m’y sens comme un poisson dans l’eau. Tout y est magnifique : le soleil, les paysages, la gastronomie, les promenades, etc. Nous venons d’acquérir une maison à Nice. Je garderai un pied-à-terre à Liège mais quand on a goûté aux plaisirs de la vie sous le soleil de la Côte d’Azur, on ne peut plus s’en passer « .

 » Sans cette dispute avec Gernot Rohr, mon bilan aurait été parfait sur toute la ligne  »

En attendant, il y a le football. Il y a un an, tout commença très bien pour Roberto à Nice. Bien qu’étant arrivé après la période de préparation, il trouva rapidement ses marques dans le schéma tactique prôné par Rohr. Son apport permit à l’équipe de se redresser après un départ d’escargot prêt à être cuisiné à l’ail par ses adversaires. Aux côtés de Florent Balmont, Bisconti ne cessa de balayer devant la défense niçoise. Nice flirta même avec les grands de la L1 à la sixième place du classement général. Plus une poussière ne passait avant que la courbe des résultats devienne inquiétante. Gernot Rohr y perdit le fil de ses idées. Un peu étonnant pour un homme qui extirpa Nice de la L2, lança ce club un étage plus haut avec un noyau plus que restreint en 2002-2003. Le coach consulta ses troupes.

Comme d’habitude, Roberto Bisconti donna librement son avis à propos de la marche des événements. L’intention du Liégeois était noble et collective mais l’entraîneur l’interpréta de façon négative, estima que son médian défensif n’était plus engagé à 100 % au service du groupe. Roberto n’en revenait pas. Le coach inventa des tas d’excuses pour éliminer le Belge de Nice. Il trancha et Bisconti cira le petit banc des réservistes durant trois semaines alors que Nice glissait vers le bas du classement et craquait physiquement.

 » Pour moi, c’était insupportable « , se souvient Roberto Bisconti.  » J’ai demandé un entretien avec le président et le coach. Il appartenait à Rohr de développer ses arguments. Je n’étais pas écarté sur des critères sportifs, loin de là, mais suite à des petits malentendus et autres inventions. Le coach a été incapable de prouver quoi que ce soit car il n’y avait rien à prouver. A la fin de la conversation à trois, il m’a dit : -C’est bon, on oublie tout. Nice termina finalement douzième d’un championnat entamé difficilement. J’avais réussi ma mission même s’il y avait moyen de mieux faire encore. Sans cette dispute avec Gernot Rohr, mon bilan aurait été parfait sur toute la ligne « .

Gernot Rohr ne termina d’ailleurs pas la saison et le gouvernail est tenu en mains par Frédéric Antonetti (44 ans) depuis la reprise. Avec 201 matches en tant que coach de D1, ce Corse s’est distingué à Bastia, à Gamba Osaka et à Saint-Etienne. Nice ne retint pas non plus Edgard Jankauskas qui avait été prêté par Porto. L’ancienne tour de Bruges occupait une fonction d’attaquant en retrait sur l’échiquier de Gernot Rohr. Nice engagea des joueurs dont surtout Bakari Koné de Lorient. Cet attaquant avait été le meilleur réalisateur de L2 en 2004-2005 (24 buts) et avait attiré le regard d’Anderlecht avant d’opter pour Nice qui a déboursé 2 millions d’euros afin de se payer ce rapide avant.

Pour Frédéric Antonetti, le Belge et son métier constituaient des atouts importants.  » En France, il faut lutter tous les jours pour mériter et garder sa place « , assure Bisconti.  » Ce n’est pas comparable avec ce qui se passe en Belgique. La qualité technique individuelle est telle que même à l’entraînement, on perd moins de temps en raison du niveau technique moins élevé de l’un ou l’autre. Cette maîtrise permet de jouer plus vite et plus juste. Cela se ressent tout de suite. Il faut tout faire à fond. Celui qui n’est pas à 100 % fait mieux de rester chez soi. Antonetti est un excellent entraîneur, un latin, un homme très enthousiaste. Il nous oblige à répéter sans cesse nos gammes et n’est jamais content. Nice joue généralement en 4-3-3. J’occupe la pointe du triangle de la ligne médiane qui est tourné vers le bas. Cela me convient bien. Je fais le ménage pour les autres. Balmont continue sur sa lancée de la saison passée. Il est impressionnant. Au milieu du jeu, Nice bénéficie aussi de l’apport de Cyril Rool. Il a joué à Bastia, à Lens, à Marseille, à Monaco et à Bordeaux : la L1 n’a aucun secret pour eux. Important « .

 » Cette équipe ne se prend pas la tête  »

Même si Nice ne lutte pas dans la même catégorie que Lyon, ce club a tout de même un budget de 24 millions d’euros, ce qui lui donne plus de libertés de man£uvre que la plupart des clubs belges.  » L’ambiance est vraiment extraordinaire « , continue Roberto Bisconti.  » Le groupe est sain, on travaille comme des fous mais on rigole beaucoup aussi, c’est important. Cette équipe ne se prend pas la tête mais elle sait que tout est possible sur un terrain de football. Quand le plaisir est là, tout est tellement plus facile. Nice n’attire pas le regard de tous les médias, je le sais mais ce n’est pas grave. En France, ce sont toujours les mêmes qu’on retrouve à la Une : Marseille, Lyon, PSG, Bordeaux, etc. Je suppose qu’il en va de même en Belgique. Aimé Anthuenis sait que la L1 française est un fameux laboratoire. Il m’a toujours apprécié et du temps où il entraînait Genk, il parlait très souvent de moi à Daniel Kimoni. Anthuenis me voulait à Anderlecht mais une blessure fit capoter le transfert. Je lui dois beaucoup. Il a été le premier à me faire confiance en équipe nationale. Cet honneur est venu un peu tard dans ma carrière et j’aurais dû vivre cela plus tôt mais ma joie n’en est finalement que plus profonde. En équipe nationale, comme à Nice, je suis là pour aider le groupe « .

Pierre Bilic, envoyé spécial à Nice

 » ANTHUENIS ME VOULAIT à Anderlecht mais une blessure fit capoter le transfert « 

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