Belgo-Marocains, ces joueurs coupés en deux

Ils sont sympas et spectaculaires sur le terrain. Qu’on parle de MehdiCarcela, Nabil Dirar, Yassine El Ghanassy, ce sont des plus-values pour notre championnat. Des gars pour qui on paye pour aller au stade. Mais bon, on n’est jamais sûr de les voir chez les Diables Rouges… Pas parce qu’ils manquent de talent mais parce qu’ils hésitent. Ils hésitent même tellement qu’ils se placent dans des positions impossibles. C’est arrivé au Brugeois Dirar, qui a finalement opté pour les Lions de l’Atlas après quelques retournements de situation. Et la même chose est en train d’arriver à Carcela et El Ghanassy. Il n’y a que pour Nacer Chadli, de Twente, que tout a l’air beaucoup plus clair. Mais jusqu’à quand ? Qu’on nous comprenne bien : ce n’est pas évident du tout pour ces jeunes, souvent ballotés entre deux cultures et guidés par des motifs souvent matériels.

Mbark Boussoufa, lui, n’a jamais eu de problème pour choisir entre l’équipe nationale du Maroc ou celle des Pays-Bas :  » Je suis né à Amsterdam, j’ai grandi à Amsterdam, mais j’ai été éduqué à la marocaine. On parlait arabe, on mangeait à la marocaine, on suivait les principes de l’Islam. Et donc, j’ai choisi de défendre les couleurs de la nation à laquelle j’avais le sentiment d’appartenir. Jouer pour le Maroc, c’était un rêve depuis que je suis tout petit. Chaque fois que je retournais dans le pays de mes ancêtres, chaque année pour les vacances, je m’y sentais chez moi. Les joueurs belgo-marocains que vous me citez ont peut-être un autre feeling…  »

Pour l’Anderlechtois, le choix n’avait apparemment rien à voir avec le fait d’être sûrement barré en équipe nationale hollandaise.

La seule chose qu’on espère pour nos Belgo-Marocains, c’est qu’ils prennent leur décision et qu’ils s’y tiennent. Cela signifierait – comme pour Boussoufa – qu’ils n’ont aucun regret par rapport à leur choix et se donnent sans arrière-pensée pour leur équipe nationale. En sachant, évidemment, qu’ils ont fait des supporters malheureux dans un cas ou un autre.

Car en dehors du joueur qui ferait le bon choix pour lui-même, qui est finalement gagnant ? Dans l’affaire qui nous occupe, on ne voit qu’ Eric Gerets. Si Carcela choisit le Maroc, Gerets est content : c’est l’équipe nationale qu’il entraîne. Si Chadli choisit la Belgique, Gerets est content aussi : c’est l’équipe nationale de son pays. Mais bon, la position d’Eric est temporaire. Malgré qu’on lui souhaite tout le succès possible dans sa tâche, tôt ou tard, il ne sera plus le coach du Maroc.

Pour les joueurs qui ont choisi le Maroc, c’est différent. Toute leur carrière internationale se passera en vert et rouge. Et c’est gênant, ce coach non marocain qui leur demande quand même de venir jouer pour lui, non ? Alors, la réserve avec laquelle l’Union belge laisse les joueurs se déterminer ne nous gêne pas. C’est digne de ne pas mettre de pression dans un choix aussi personnel. Et c’est mieux – aussi – quand les clubs ne s’en mêlent pas non plus.

Mais au final, dans le chef des joueurs, cela devient parfois aussi une question d’opportunités, sinon d’opportunisme. Le fait de ne pas être repris dans l’équipe nationale choisie peut créer les regrets. Cela se passe pour l’instant avec El Ghanassy, sélectionné  » seulement  » avec les Espoirs de Jean-François de Sart et pas avec les A de Georges Leekens. Cela s’est aussi passé tout récemment avec le gardien du Standard, Sinan Bolat, qui avait choisi la Turquie avant de le regretter quand il n’était pas repris. Quand on en arrive là, on voit que le choix ne s’est pas effectué avec le c£ur, comme Boussoufa, mais avec la tête. Et on a l’impression qu’on choisit son équipe nationale comme une voiture. On fait des tests, on en prend une et si elle ne convient pas, on en change… Là, c’est sûr, le choix est malheureux.

PAR JOHN BAETE

L’idéal, c’est choisir comme Boussoufa : avec le c£ur. Autrement, c’est comme pour une voiture. On fait des tests…

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