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Sport/Foot Magazine a sondé la popularité de l’équipe nationale au sein de grandes rédactions européennes : pourquoi les résultats ne suivent-ils pas ?

Samedi 29 septembre, lors de l’émission Match Of The Day de la BBC. Gabby Logan, remplaçante de Garry Lineker à la présentation, se lance dans les analyses et parle de la génération dorée du football belge. Alan Hansen donne d’ailleurs rendez-vous aux Diables au Brésil. Il faut dire qu’ils ont eu de quoi se mettre sous la dent. Ce week-end-là, Jan Vertonghen a inscrit un but sur la pelouse d’Old Trafford ; Marouane Fellaini avait été énormissime, comme chaque semaine d’ailleurs, lors de la victoire d’Everton face à Southampton. Kevin Mirallas avait donné deux assists dans cette même rencontre. Et Simon Mignolet avait tout arrêté pour Sunderland lors de leur victoire face à Wigan (1-0).  » Là, on s’est rendu compte de la profondeur des talents belges « , explique Chris Bascombe, journaliste au Daily Telegraph.  » Car, les Belges étaient à l’honneur alors que leurs stars anglaises, Thomas Vermaelen, Eden Hazard et Vincent Kompany ne s’étaient pas illustrées !  » Le site So Foot proposait d’ailleurs de rebaptiser la Premier League en Jupiler League tellement les Belges étaient nombreux.

Le footballeur belge est donc tendance en ce moment. Autre signe, un mois plus tôt. Le mercredi, lendemain des matches éliminatoires de la zone Europe, L’Equipe, quotidien français revient sur les principaux matches européens et consacre une demi-page à Belgique-Croatie. Le commentaire est assez sévère pour les joueurs belges  » dont on attendait beaucoup plus « . C’est oublier que l’équipe nationale belge n’a pas réussi à se qualifier pour une phase finale depuis 2002 mais c’est aussi un signe que cette équipe est désormais fortement suivie et attendue au Brésil.  » Cela faisait bien 10 ans qu’on avait perdu de vue les Diables Rouges. En Angleterre, on se souvient surtout de l’équipe éliminée en 1990 avec Enzo Scifo « , explique Matt Hugues, journaliste anglais au Times. Pour se rendre compte de l’image véhiculée par cette nouvelle génération, Sport/Foot Magazine a donc fait le tour des rédactions européennes.

 » Une grande génération qui compose une équipe moyenne « 

 » On peut dire que vous avez une très grande génération qui compose une équipe moyenne « , explique Vincent Duluc, journaliste à L’Equipe.  » Ce décalage est étonnant. C’est rageant et dommage de voir qu’un assemblage ne se met pas en place. Je pensais que ça allait décoller avec le début des éliminatoires mais ça n’a pas vraiment été le cas. Le manque d’unité naturelle et politique fait que c’est sans doute plus difficile de susciter un sentiment d’équipe « , lance le journaliste français.  » Comment est l’ambiance dans l’équipe ? Est-ce que les problèmes communautaires déteignent sur l’environnement footballistique ? », demande son collège de France Football, Vincent Villa. Pour eux, donc, si l’équipe nationale n’arrive pas à décoller, c’est peut-être parce que le climat belge ne s’y prête pas. Si ces avis ne correspondent pas à la réalité de l’équipe nationale, dans laquelle les joueurs flamands et wallons cohabitent parfaitement, ils montrent que les journalistes étrangers ne comprennent pas pourquoi avec autant de talents, la Belgique n’aligne pas plus les victoires prestigieuses.

 » J’ai été surpris que les Diables ne gagnent pas contre la Croatie « , ajoute Hardy Hasselbrüch, journaliste allemand à Kicker.  » Avec leur niveau individuel, ils devraient remporter au moins toutes leurs rencontres à domicile. Car, actuellement, seules les grandes nations comme l’Italie, l’Espagne, l’Allemagne et peut-être les Pays-Bas sont encore supérieures, sur papier à la Belgique.  »

César Sanchez Lozano, rédacteur en chef de la revue espagnole Panenka, estime que cette équipe  » fait partie des dix meilleures sélections européennes « . Flemming Fjeldgaard, journaliste au Berlingske, journal danois, ne dit pas autre chose.  » Il y a quatre, cinq équipes qui dominent mais derrière, en talent individuel, la Belgique n’a pas à rougir de la concurrence. Même l’Angleterre ne me paraît pas meilleure. Quand on voit que la Grèce ou la République Tchèque atteignent les quarts de finale de l’EURO, on se dit que la Belgique avait largement sa place en Ukraine et en Pologne. Le Danemark a émergé d’un groupe avec la Norvège et le Portugal mais dispose de bien moins de talents purs que la Belgique.  »

 » La France a une réputation de joueurs créatifs mais actuellement, la Belgique en dispose davantage « , corrobore Duluc.  » Et sur le plan médiatique, les joueurs belges sont bien mieux exposés que les Français puisque la plupart évoluent dans le championnat anglais. Ils ne sont pas en Italie ou en Allemagne, championnats peut-être un peu moins visibles. « 

Durant l’EURO, Gordon Strachan, ancien joueur emblématique de l’Ecosse, nous avait affirmé la même chose.  » L’Ecosse fait partie du groupe de la Belgique qu’elle doit craindre. Si les joueurs belges arrivent à reproduire en sélection le niveau atteint en clubs, ils seront intouchables dans ce groupe.  » Pour le moment, ce n’est pas encore le cas mais cela démontre que le talent belge est particulièrement apprécié.  » C’est normal « , ajoute Strachan.  » Avec la charnière Thomas Vermaelen-Vincent Kompany, la Belgique dispose sans doute d’une des meilleures défenses centrales du monde. Je n’exagère pas. Citez-moi un pays, à part l’Espagne, qui, sur papier, a une meilleure paire ? Et si un des deux est blessé, Daniel Van Buyten, un joueur du Bayern de Munich, peut prendre la relève. Ce n’est pas rien.  »

Les faiblesses des Diables

Pourtant, tous les journalistes étrangers estiment que la Belgique devrait arriver à des meilleurs résultats vu le talent existant.  » A Wembley, en mai, on attendait davantage de jeu de la Belgique « , dit Hugues.  » Certes, il y avait la fatigue de la fin de saison mais on peut aussi se demander si cette équipe sait faire face à la pression. « 

Alors, qu’est-ce qui cloche selon eux ?  » Il y a d’abord la jeunesse du noyau « , dit Sanchez Lozano.  » Quand tous ces joueurs vont mûrir, il y aura sans doute une idée globale collective plus forte.  »  » Les supporters doivent être patients. Cette équipe ne va pas gagner tous ses matches du jour au lendemain « , renchérit Hasselbrüch.  » Il ne faut pas ajouter plus de pression que nécessaire sur ces jeunes. On connaît un peu la même chose en Allemagne. L’équipe est jeune et commence les tournois dans la position de favorite pour finalement échouer à chaque fois ! En évoluant tous à l’étranger, ces joueurs vont s’endurcir sur le plan tactique et technique. Ils vont apprendre d’autres schémas de jeu et inévitablement, cela va rejaillir sur l’équipe nationale. « 

 » Prenons le cas d’Eden Hazard « , explique Villa,  » On lui en a demandé trop beaucoup trop tôt. Il doit encore progresser. « 

Jeunesse mais surtout manque d’expérience pointé du doigt.  » Il y a surtout eu un trou générationnel « , analyse Duluc.  » Il aurait fallu quelques joueurs cadres expérimentés pour encadrer cette équipe. Or, il n’y en a pas. Les cadres ont 26 ans ! Il faut donc organiser ce leadership. Il faut que quelqu’un prenne les choses en main et cela peut prendre quelques années. Vincent Kompany ou Thomas Vermaelen ont le profil pour cette tâche. « 

Autre paramètre, la difficulté de gérer la différence entre club et équipe nationale.  » C’est plus difficile de réussir en sélection qu’en club « , continue Duluc,  » Il faut faire face à la pression de représenter son pays, il faut solutionner les problèmes tactiques dans un laps de temps très court et il n’y a pas les automatismes travaillés quotidiennement en club. Un garçon comme Ludovic Giuly, titulaire à Barcelone, n’est jamais parvenu à faire son trou en sélection.  »

Par contre, le manque de joueurs talentueux a certains postes n’est pas, selon les journalistes étrangers, insurmontable.  » Aucune sélection au monde ne compte 11 cadors aux 11 places « , dit Bascombe.  » Le Portugal a réussi de très bons résultats sans grand attaquant « , ajoute Duluc.  » La Belgique ne doit donc pas se chercher un attaquant de calibre international mais un attaquant sans ego qui travaille pour les autres. « 

 » C’est vrai qu’il manque des latéraux à gauche et à droite mais ceux-ci sont rares dans le monde entier « , termine Hasselbrüch. n

PAR STÉPHANE VANDE VELDE

 » La Belgique a plus de joueurs créatifs que la France  » (Vincent Duluc, L’Equipe)

 » Seules l’Espagne, l’Italie, l’Allemagne et peut-être les Pays-Bas sont supérieures à la Belgique  » (Hardy Hasselbrüch, Kicker)

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