BELGIUM CRAZY GANG

 » Comment faire déjouer l’adversaire pour les nuls « . Les plus grands experts en la matière de l’histoire du football belge vous livrent leurs meilleures recettes.

A ndoni Goikoetxea, Yvan Desloover, si ces deux noms vous sont familiers, ce n’est pas pour leur virtuosité. Le premier, ex-défenseur espagnol de l’Athletic Bilbao, est rentré dans la postérité du foot international le 24 septembre 1983 pour avoir cassé les chevilles de Diego Maradona. Le second, ex-défenseur de Waregem, est un bekende voetballer de chez nous grâce à un tackle qui a brisé net la carrière de Juan Lozano le 11 avril 1987. Si les esthètes du ballon rond ont toujours existé, leurs bourreaux aussi.

Mort le 23 décembre 2008 à 92 ans, Albert van Zuylen était le plus vieux rouche encore en vie quand le Standard fêta en mai 2008 son premier sacre après 25 ans de disette. Albert van Zuylen était aussi surnommé le  » Baron crapuleux « . Ce défenseur issu de la noblesse belge qui foota dans les années 30 pour le Standard se présentait dans Sud Presse  » comme une sorte de Daniel Van Buyten. J’en avais le gabarit. Quand je prenais un coup, par politesse, je le rendais toujours. Pourtant, je n’ai jamais blessé personne.  » Dans la mythologie du footeux rugueux, le  » je n’ai jamais blessé personne « , revient toujours tel un boomerang.

En Angleterre, Vinnie Jones, lui s’en félicitait. Membre émérite du célèbre Crazy Gang de Wimbledon (équipe rugueuse de la fin des années 80 composée entre autres du puncheur John Fashanu ou de Denis Wise, qui s’illustra par après à Chelsea), le  » gitan  » choqua l’assistance en faisant l’apologie du jeu violent à travers une vidéo Soccer’s Hardmen. Enfin pas toute l’assistance, puisque les techniques de Vinnie (devenu aujourd’hui un acteur bad boy en vogue) rencontrèrent un grand succès commercial auprès du public anglais.

La Belgique n’a pas connu de Vinnie Jones. Fort heureusement. Mais compte dans sa légende quelques beaux spécimens quand même. Ceux-ci sont compilés ci-dessous. D’avance pardon pour ceux que l’on aura oubliés… (Petite précision : les surnoms attribués ne sont pas tous  » officiels  » et émanent pour certains de notre imaginaire).

Philippe Albert Né le 10 août 1967

SURNOMMÉ :  » LE BOUCHER DES ARDENNES « 

 » Ses premiers détracteurs le surnommèrent le Boucher des Ardennes. C’était au temps où, arraché à sa forêt profonde, le jeune chêne s’efforçait de reprendre vie au pied des terrils du Pays Noir.  » © Jean-Lous Donnay.

25 ans plus tard, le grand Phil’ est certes resté un costaud, un dur à cuire des terrains, mais c’est Prince (trouvé par Kevin Keegan) qui s’accroche inlassablement à son patronyme, réminiscence de ses buts importants et de ses élégantes montées balle au pied.

 » Ce surnom de Boucher des Ardennes, c’est un journaliste de la Meuse, je crois, qui me l’a collé à mes débuts à Charleroi. Et c’est vrai que je ne me laissais pas faire pour mes premiers pas en D1. Je venais du foot provincial, et je me retrouvais avec des types beaucoup plus doués que moi, il fallait que je compense. Quand vous avez disputé des Bouillon-Bertrix en première Provinciale, il n’y a plus grand-chose qui vous effraie, ce derby était 10 fois plus dur qu’un Charleroi-Standard par exemple… « 

Après les Zèbres, Albert prend de l’envergure à Malines mais garde cette image de découpeur.  » Quand j’étais sur le banc, j’avais peur ou plutôt j’avais peur pour mes joueurs « , sourit Robert Waseige.  » Philippe était cette force monolithique quasiment impossible à bouger. Et dès qu’il débarquait avec ses grands compas, les joueurs sautaient avant le tackle. C’était une forme d’ instinct préservateur « , formule joliment l’ex-coach national.

 » Dans mon esprit, je ne dépassais jamais les bornes. Bon c’est vrai que quand je regardais les images c’était autre chose « , poursuit Philippe.  » Mais quand je suis arrivé en Angleterre, c’était encore autre chose. On trouvait encore des joueurs comme Vinnie Jones qui, eux, allaient pour faire mal. C’était très grave. Je crois d’ailleurs que les époques ne sont plus les mêmes. Aujourd’hui, les arbitres sanctionnent au moindre contact. Si on appliquait les règles actuelles aux joueurs de ma génération, aucun défenseur belge ne terminerait une rencontre. « 

Arrigo  » Henri  » Bernardi Né le 26 décembre 1950

SURNOMMÉ :  » BARBE NOIRE « 

Arrigo Bernardi ou plus communément appelé Henri Bernardi débarquait tous les jours aux entraînements à moto, le foulard rouge autour d’un cou surplombé par une barbe imposante. Au FC Seraing, cet immigré d’origine italienne était devenu le joueur emblématique du début des années 80. Bernardi avait connu toutes les montées du club, de la quatrième division à la première.

 » C’était un milieu défensif à la technique honorable « , commente René Taelman, qui fut son entraîneur adjoint durant une saison en D1.  » Très fort physiquement, on pourrait le comparer aujourd’hui à quelqu’un comme Genaro Gattuso. Il ne lâchait jamais les chevilles de ses adversaires.  » Henri n’était pas que joueur de foot. La journée, il se rendait à l’usine.  » Et d’ailleurs, il était fier, il entretenait son côté ouvrier de Cockerill « , poursuit Taelman.  » Henri avait ce côté syndicaliste, de porte-parole de l’équipe. S’il était rugueux sur un terrain, c’était quelqu’un avec un grand c£ur. Malheureusement, il s’est écroulé lors d’un entraînement. Le tendon d’Achille était rompu. Et il ne retrouva plus jamais le haut niveau. C’était un dur au mal, qui jouait avec la douleur. Je crois qu’il a trop forcé sur son organisme.  » Une décennie plus tard, son clone débarqua à Seraing : Manu Karagiannis.

Jonathan Blondel Né le 3 avril 1984

SURNOMMÉ :  » TI JO « 

De son court passage outre-Manche, on peut se demander si Jonathan Blondel n’a pas ramené dans ses bagages un best of de Denis Wise. Le Brugeois est une sorte de version nationale de l’ex-capitaine de Chelsea : une stature peu imposante mais ce même goût pour l’arène, pour les duels musclés du milieu de terrain. Mais aussi ces grands gestes d’incompréhension, un calimérisme irritant, après la sanction du corps arbitral. Le  » complexe de Napoléon  » (syndrome du petit homme) expliquerait-il cette agressivité souvent excessive ? Car Blondel trône souvent en tête au classement des bristols : 10 jaunes en 26 matches et 3 rouges en 2007-2008, 13 jaunes en 2009-2010, 12 la saison dernière, difficile de faire mieux dans le domaine. Et puis dans l’imaginaire des gens, les agressions de Ti Jo ont pris le pas sur son formidable pied gauche. Qui ne se rappelle pas des deux pieds en avant adressés à Steven Defour qui repartit avec la marque des quatre crampons incrustés dans son genou droit ? Ou sur la scène européenne, en septembre 2009, ce tackle semelle en avant qui avait ouvert la jambe de l’infortuné Cani de Villarreal ?  » Cet engagement de tous les instants, ça fait partie de sa nature « , commente Marc Degryse, qui le transféra de Tottenham à Bruges.  » Et il ne faut pas la changer, il faut l’accepter même si il doit tenter de brider ses excès. A 27 ans il est plus que temps. « 

Dirk Devriese Né le 3 décembre 1958

SURNOMMÉ : L’ARGENTIN

En novembre 1991, le pourtant gaillard Mike Verstraeten (voir plus loin) est victime d’une fracture de l’orbitre oculaire. Le légendaire coup de coude de Dirk Devriese était passé par là. Le Molenbeekois n’en était pas à son coup d’essai. Mais c’était bien la première fois qu’un de ses adversaires lui intentait une action devant la justice civile. Devriese s’en sortira sans casse, comme souvent. Durant toute sa carrière, ce natif de Knokke aura matraqué ses adversaires, en douce si possible, à l’ombre des regards, dans la lignée des mémorables arrières-centraux argentins période eighties. Sa technique rudimentaire, son apport offensif proche du néant (sauf sur phases arrêtées) n’ont pas empêché les  » one Dirk Devriese, there’s only one Dirk Devriese  » de résonner régulièrement dans les travées du Stade Edmond Machtens.

Olivier Doll Né le 9 juin 1973

SURNOMMÉ :  » BABYFACE KILLER « 

On lui donnerait le bon dieu sans confession. Visage de poupon, sourire de circonstance, discours posé, Olivier Doll c’était un peu tout ça à la fois. Et pourtant sur le terrain, il fallait se le farcir.  » Nécessité faisant loi « , ce dicton, le jeune pro de l’année en 1994 l’appliquait à la perfection.  » A chaque match, il dépassait habillement les bornes « , relève Georges Heylens, qui fut son coach à Seraing lors de ses débuts en D1.  » Il te mettait par terre, et il te souriait. C’est un garçon parfaitement éduqué. Et grâce à un petit mot à l’arbitre, des excuses de bon aloi, il parvenait à s’en sortir généralement très bien.  » Robert Waseige corrobore :  » Quel talent pour s’en tirer auprès des arbitres ! C’en était presque un art. Olivier Doll, c’était un visage angélique, les mots justes aux arbitres, une recette qui lui permettait souvent de s’en tirer auprès d’eux. Et pourtant, il pouvait y aller fort ! Avec toutes les parties de son corps. Olivier, il te cassait l’attaquant puis il le caressait. « 

Moreno Giusto Né le 3 novembre 1961

SURNOMMÉ :  » L’ÉTALON ITALIEN « 

Véritable institution du FC Liège, où il a évolué de 1982 à 1995 (292 m pour 2 buts),  » Moré faisait peur à tout le monde, ce qui excitait le public liégeois « , dixit Robert Waseige qui fut son entraîneur pendant neuf ans.  » J’avais une détente exceptionnelle mais j’avais un peu de poids aussi, ce que Dieu m’a donné d’un côté, il l’a repris de l’autre (il rit). « 

Moreno Giusto n’a jamais renié son jeu musclé, parfois brutal. Bien au contraire.  » Il ne fallait pas venir manger dans mon assiette et les attaquants le savaient. Quand je voyais que l’attaquant de pointe allait se réfugier sur les ailes, je savais que j’avais gagné. Certains acceptaient quand même la confrontation. Piet den Boer par exemple. Quand je rencontrais l’attaquant hollandais de Malines, c’était costaud. Les gens venaient davantage pour ce duel que pour le match. Si j’ai dépassé les bornes ? Oui, face à Zvonko Varga notamment. C’était pourtant mon ami, mon ancien coéquipier. J’ai été très méchant avec lui, alors qu’il était à terre, je lui ai marché dessus notamment. Après coup, je m’en suis voulu. D’autant que c’était un super joueur, pétri de classe et un super mec. En certaines occasions par contre, il fallait aussi se sacrifier et je n’avais aucun problème avec ça. Lors d’un match de Coupe face à Genk en 1990, je me suis occupé de leur attaquant qui partait seul au but, alors que de Sart était une fois de plus aux abonnés absents (il rit) et je lui ai shooté dedans (sic). Grâce à cette faute on s’est qualifié et on a fini par décrocher la Coupe. Les journalistes m’ont descendu mais mes équipiers m’ont remercié. C’était le plus important. Et je crois pouvoir dire que je n’ai jamais blessé personne, mais j’en ai tué quelques-uns (il rit). « 

Garde-chiourme sur le terrain et boute-en-train dans le vestiaire, Moré était surnommé l’Etalon italien  » :  » Je tiens à préciser que ce surnom ne se limitait pas uniquement au vestiaire (il rit).  » Des virées mémorables enchaînées par l’entraînement du matin, ont souvent mis à mal certains joueurs liégeois de l’époque. Moré, en véritable force de la nature, trônait toujours en tête du groupe. Son secret ? Les steaks sauce Ricard. Aujourd’hui, ce truculent Liégeois s’occupe du restaurant familial, le San Daniele, situé au c£ur de sa ville. Par contre, pas de steaks sauce Ricard au menu.

Manu Karagiannis Né le 22 novembre 1966

SURNOMMÉ :  » LE GREC « 

Il débuta sa carrière chez les pros au Patro Eisden en 1984 où il boucla la boucle 20 ans plus tard. Mais c’est à Seraing que  » Manu je te descends  » se révéla au grand public où il débarqua en 1992. Après une année dans l’antichambre, ce milieu défensif pur jus connut les heures glorieuses des Rossoneri du Pairay deux années durant.  » C’était notre berger allemand « , métaphore son coach à S’raing, Georges Heylens.  » Il allait mordre tout un chacun qui se trouvait dans son secteur. Manu avait l’art de sortir son adversaire du match. Et on l’entendait sur un terrain. Quand il t’avait mis par terre, il venait t’engueuler. Même chose pour ses équipiers. Quand nos Brésiliens Isaias, Edmilson, Wamberto, jouaient les dilettantes, il leur gueulait dessus.  »  » Cela fait partie du jeu « , poursuit Karagiannis.  » Je pouvais être dur avec mon adversaire et jouer l’intimidation mais dès la fin du match on pouvait aller boire un verre ensemble, on redevenait des collègues. Sur toute ma carrière, il m’est arrivé deux fois de blesser un adversaire. Et à chaque fois, je n’ai même pas eu la jaune. Tout ça pour dire que je n’étais pas quelqu’un de méchant.  » Lors de sa première cap officielle avec les Diables (il en totalisera 8), Karagiannis envoya le meneur de jeu espagnol Julen Guerrero au vestiaire. Une première qui avait frappé les esprits. Côté belge, comme du côté ibérique. Le Karagiannis d’aujourd’hui où le retrouve-t-on ?  » Je me reconnais en Steven Defour. Comme moi, c’est quelqu’un qui ne lâche rien dans un match. « 

Georges Leekens Né le 18 mai 1949

SURNOMMÉ :  » MAC THE KNIFE « 

De son poste de son sélectionneur, Georges Leekens a toujours vanté les mérites de l’engagement, attribut indispensable pour prester à haut niveau. Et tant pis pour les artistes qui ne s’y plient pas. L’engagement c’est d’ailleurs ce que Mac The Knife (surnom trouvé par Charles Baete – le père de notre rédac’ chef – quand il évoluait au Crossing de Schaerbeek) faisait le mieux sur un terrain ; même si l’intéressé préfère se définir comme un joueur  » malin « . Jambières laissées au vestiaire, bas abaissés, Leekens rendait ses guibolles encore plus longues.  » Je crois que ce n’était pas anodin « , commente Robert Waseige.  » Georges impressionnait ses adversaires par ses longs couteaux. Il a toujours été un rusé sur le terrain. Avec les arbitres aussi. « 

Georges Leekens :  » Avec les années, tu es moins fougueux, tu joues davantage sur un meilleur positionnement. Mais je tiens à préciser que je n’ai jamais eu de carte rouge directe. Ok, j’allais dans les duels mais chaque équipe a besoin de joueurs qui ont de la personnalité comme en avaient aussi des Jan Boskamp, Louis Pilot ou René Vandereycken. Ce qui est beau dans ce sport, c’est qu’il combine le physique, l’intelligence de jeu et la technique. Le foot ce n’est pas seulement jouer au ballon.  » Compris Eden ?

Louis Pilot Né le 11-11-40

SURNOMMÉ :  » GENTLEMAN FAUCHEUR « 

Léon Jeck-Nico Dewalque-Jacky Beurlet-Jean Thissen : quatre noms, quatre castards, qui, dans les années 60, ont formé la ligne arrière la plus mémorable de l’histoire du Standard. Mais avant de se frotter à ce rideau de fer, il fallait se farcir l’obstacle Louis Pilot. Un milieu défensif venu du Luxembourg en 1961 et qui resta onze ans en bord de Meuse avant de rejoindre l’Antwerp.  » Il était baraqué et c’est vrai que dans les duels ça y allait « , se remémore Léon Semmeling, sorte d’antithèse du joueur luxo.  » C’était pas un enfant de c£ur mais c’était pas non plus un bourrin, il savait jouer au foot. « 

Paul Van Himst voyait les choses différemment lors des clasicos d’alors. Avec Pilot sur le paletot, Popol goûtait régulièrement au gazon.  » Et c’est vrai que quand on se retrouvait en équipe nationale, Paul me demandait si j’étais copain avec Louis « , rigole le Petit Léon.  » Il était dur, il arrivait souvent le genou en avant, me touchait à la cuisse, à des endroits sensibles. Mais malgré ça, Louis était un gentleman « , précise Van Himst. Un  » Excusez-moi, Monsieur Van Himst « , suivait chaque contact musclé rappelle la légende. Van Himst :  » Vous savez, dans tous les sports, vous avez des garçons qui sont des chouettes gars dans la vie mais qui sur le terrain deviennent totalement différents « . Mais le vouvoiement toujours de circonstance…

Jean Plaskie Né le 24-08-41

SURNOMMÉ :  » LE NETTOYEUR « 

Pierre Sinibaldi aimait les artistes. Le coach français qui entraîna Anderlecht de 60 à 66, alignant 4 titres, pouvait compter sur les Van Himst, Verbiest, Hanon, Jurion, etc. pour régaler l’assemblée. Jean Plaskie, lui, s’occupait de la sale besogne. C’était le gars qui faisait le taf quand d’autres sortaient sous les vivats du Parc Astrid.  » Jean était tout à fait l’opposé de Laurent Verbiest, qui était une sorte de Beckenbauer avant l’heure. « , signale Geoges Heylens, qui fut son équipier pendant 10 ans.  » Il était sec, propre et engagé. Mais jamais méchant. Sinon il n’aurait pas pu jouer à Anderlecht aussi longtemps « , poursuit Tonton Georges en bon avocat et bon pote. Si sur le terrain, Plaskie ne rigolait pas, en dehors le Plas était un king de la zwanze.

Justice Sandjon Né le 3 août 1972

SURNOMMÉ :  » LE JUSTICIER « 

Les plus gros mollets à avoir foulé les pelouses belges, une carrure de buffle façon Amokachi, le défenseur camerounais, passé par Alost et le Germinal Beerschot entre 1996 et 2001, ferait passer Roland Juhasz pour un sosie de Screech Powers. Son petit plus ? Envoyer d’un coup de boule une boule de billard à plus de 11 mètres (une tv flamande avait immortalisé la scène) et 700 combats de rue disputés au Cameroun pour 699 succès. Justice Sandjon a été vu dernièrement à l’entrée d’une discothèque gantoise. Où il faisait la sécurité. Et toujours les mêmes arguments pour calmer les intrépides.

Stijn Stijnen Né le 7 avril 1981

AUTO-SURNOMMÉ :  » FRIGO « 

Orlando en 2006, Gombani en 2007, Podolski et De Camargo en 2008 font partie des victimes les plus célèbres de Stijn Stijnen. En prime : notre ex-gardien national sait varier les coups. Choc frontal sur Orlando, manchette pour Gombani, un high-kick pour Podolski, et un découpage latéral pour De Camargo, Stijnen a plus d’un tour dans son sac. Deux grosses fautes en près de 100 matches au Club, est-ce beaucoup ? Je ne suis jamais allé au contact avec l’intention de blesser un adversaire.  » expliquait-il dans nos colonnes.

Stijnen, c’est aussi l’art du clash.  » Il suffirait de le blesser après deux minutes « , en direction de Cristiano Ronaldo avant un déplacement des Diables au Portugal. En retour, un cinglant 4-0 des Portugais. Après le clash par voie de presse, Stijnen a poursuivi sur sa lancée mais de façon bien plus insidieuse en balançant ses messages (entre autres :  » Hoefkens est d’un niveau dramatique « ) via l’avatar Frigo membre du forum officiel du Club. Aujourd’hui, Stijn semble jouer profil bas, sur comme en dehors des terrains. Et personne pour s’en plaindre.

Théo Poel Né le 24-4-51

SURNOMMÉ :  » LE TUEUR SILENCIEUX « 

Onze saisons au Standard entre 75 et 86, 355 matches au compteur, et quelques sonorités disséminées par-ci par-là. Théo Poel était le prototype du joueur discret. Un Limbourgeois dur au mal ( » Raymond Goethals disait que j’aurais continué à jouer avec une jambe cassée, il n’avait pas tort « ) et qui ne faisait pas de vagues.

 » On l’entendait jamais « , témoigne Etienne Delangre qui fut son équipier de 81 à 86.  » C’était quelqu’un de malin sur la pelouse qui donnait parfois quelques coups en douce. Un gars sobre sur comme en dehors des terrains. « 

 » Il jouait tout en sobriété « , poursuit Robert Waseige qui coacha Poel au Standard.  » Il incarnait une bête « , déclara Jos Daerden à propos de son stopper.  » Et pourtant il n’était pas imposant mais plutôt filiforme « , précise Waseige.  » Il jouait avec une sorte de flegme. Ce n’était pas un joueur vicieux, quand il attrapait quelqu’un c’était plutôt parce qu’il arrivait en retard… « . Théo Poel se retira du foot pro sans fard. A son image. Plus surprenante est sa reconversion. Retourné dans son Limbourg natal, on peut retrouver Théo sur les marchés de la région vendant de la lingerie féminine. Avis aux nostalgiques.

René Vandereycken Né le 22 juillet 1953

SURNOMMÉ :  » TWIX « 

50 fois international, six titres de champion de Belgique, finaliste de la Ligue des Champions en 78 avec Bruges, finaliste du championnat d’Europe 80 avec les Diables, côté palmarès René peut la ramener. Et d’ailleurs, il ne s’en est jamais privé. Provocateur aux micros, du temps où il était sélectionneur, le personnage l’était déjà joueur. Une marque de fabrique qu’il a cultivée tout au long de sa carrière. Exemple mémorable : lors d’un Bruges-Lokeren, Vandereycken alla rappeler à René Verheyen ses deux phalanges manquantes (résultantes d’un accident de travail) en brandissant les  » deux doigts coupe faim façon Twix  » à la face du joueur. Grande classe. Maître René n’était pas que détesté de ses adversaires, ses équipiers aussi auraient aimé l’étriper parfois.

Gueulard et découpeur aux entraînements sous les ordres du légendaire Ernst Happel qui le coacha à Bruges, Vandereycken rentrait parfois au vestiaire seul, après que le reste de l’équipe se soit douché et ait déguerpi des lieux. Toute forme de lynchage était alors évitée… Malgré des attitudes détestables, RVDE a fait le bonheur de nombreux entraîneurs. Happel disait d’ailleurs à son propos :  » Si je ne devais en prendre qu’un, ce serait Vandereycken. Lui sait se faire respecter sur un terrain. « 

Marcin Wasilewski Né le 9 juin 1980

SURNOMMÉ :  » LE BISON « 

Pour réussir dans la vie, il faut parfois jouer des coudes. Cette maxime, Marcin Wasilewski l’a prise au pied de la lettre. Avant de connaître sa grave blessure, le défenseur polonais avait bâti sa réputation sur un jeu de coudes particulièrement intimidant. Igor De Camargo et Milan Jovanovic peuvent en témoigner, eux qui goutèrent aux manchettes  » spécial Wasyl  » lors du match retour des play-offs de 2009. Le public anderlechtois s’en était amusé, allant jusqu’à chorégraphier ce particularisme. Et puis, Wasyl c’est aussi un physique de dur, façon  » homme de mains  » d’un délicieux James Gray.

Une posture qu’il entretenait dans ses rares sorties médiatiques.  » J’ai l’habitude, quand je me lève, de faire des pompes jusqu’à ne plus pouvoir.  » Ou bien plus prémonitoire :  » Il est déjà arrivé que je blesse quelqu’un avec mes coups de coude, mais j’ai aussi encaissé beaucoup. Le football est un sport dur, ce n’est pas pour les fillettes. Quand on le pratique, on sait qu’on s’expose à des blessures. « 

Après avoir lutté de façon exemplaire pour revenir dans le parcours, le Bison semble s’être adouci. S’il facturait 12 cartons jaunes en 26 matches le long de la saison 2007-2008, il n’en comptait plus que deux la saison dernière en 17 matches. De là à l’appeler  » Bisonnours « , il y a un pas…

Mike Verstraeten Né le 12 aôut 1967

SURNOMMÉ :  » IRON MIKE « 

Les plus jeunes l’auront peut-être entendu poussant la chansonnette à swing-paleis, ancienne émission de la VRT, ou admiré dans les pages BV de médias flamands. Car oui, Mike Verstraeten est un  » flamand connu « , certes plus proche de la case has-been, mais toujours capable d’avouer avoir financé les augmentations mammaires de ses ex lors d’une interview confession. Iron Mike a aussi joué au foot, durant huit saisons au Germinal et quelques bribes durant deux saisons à Anderlecht. Mais sa plus grande fierté date de son court passage chez les Diables. C’est lui qui avait muselé Tony Cascarino lors de barrages de la Coupe du Monde 98, et c’est lui aussi qui, en compagnie de Staelens, avait poussé à bout Patrick Kluivert, finalement exclu d’un soporifique Belgique-Pays-Bas à Paris.  » Mike savait éliminer quelqu’un d’un match « , assure Georges Leekens, qui l’avait lancé dans le bain.  » Mais fallait pas lui en demander plus…

PAR THOMAS BRICMONT

 » Quand vous avez disputé Bouillon-Bertrix, plus rien ne vous effraie. « 

(Philippe Albert)

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