» Belgians humiliate Wembley bashers « 

Flash-back sur une des plus belles prestations de l’histoire des Diables.

Le sport belge vit de beaux moments en 1964. Aux Jeux Olympiques de Tokyo, Gaston Roelants domine le 3000 m steeple le 17 octobre, 24 heures après le succès d’un jeune crack, Patrick Sercu, dans l’épreuve du kilomètre sur piste. Cet or fait du bien, comme l’éclosion du jeune Eddy Merckx, champion du monde sur route amateurs à Sallanches, en France, le 5 septembre. L’histoire retient aussi que les paras belges sautent sur Stanleyville pour sauver, protéger et évacuer nos compatriotes de la fournaise congolaise.

Quand l’automne arrive, le sélectionneur national, Constant Vanden Stock, a tout le football belge sur le dos. Les vents du nord et du sud s’entremêlent pour lui reprocher :  » L’Anderlechtisation de l’équipe nationale, ça ne va pas ! » Et il en tient compte avant le voyage à Wembley. Pas question de remettre le couvert comme au match amical précédent quand 11 Anderlechtois montent au jeu en deuxième mi-temps contre les Pays-Bas à Anvers (1-0 par Jurion à la 87e). Les Mauves de ce record du monde : Trappeniers (qui remplace Delhasse du FC Liégeois, blessé) ; Heylens, Verbiest, Plaskie,Cornélis ; Hanon, Jurion ; Stockman, Devrindt, Van Himst et Puis. Le grand Torino avait fait presque aussi bien, retrouvant 10 de ses joueurs lors d’une des rencontres de la Squadra.

Vanden Stock se défend :  » J’ai la conviction d’avoir aligné le meilleur joueur à chaque place. Mais, psychologiquement, ce n’était pas une bonne chose, surtout pour un match disputé à Anvers. « 

En défense, il éprouve de réels problèmes car les Mauves jouent la ligne alors que les Standardmen sont placés en créneaux. Le secrétaire général de Sclessin, Roger Petit, tonne :  » C’est une Anderlechtisation radicale du football belge. Inadmissible. Pour un match international, on déménage tout le Parc Astrid. Les joueurs, le soigneur, le chauffeur du car et même le cordonnier. Et qu’avons-nous obtenu ? Pas une seule qualification dans une compétition internationale…  »

Le grand chef rouge fait allusion aux deux phases finales de Coupe du Monde ratées : 1958 en Suède et 1962 au Chili.

Vanden Stock ne renouvelle pas l’expérience trois semaines plus tard, à Wembley : JeanNicolay (Standard), Gérard Sulon (FC Liégeois), Frans Vermeyen (Lierse) et Paul Vandenberg (Union) renforcent les… Ander1echtois. Le brasseur bruxellois se méfie de ce 311e match des Diables. Le 26 décembre 1952, ils ont encaissé une tripotée (5-0) qui fit dire aux tabloïds anglais :  » La Belgique a souillé la pelouse de Wembley « .

 » Belgium teach us a lesson « 

Une défaite de cette taille pourrait lui coûter sa tête. Mais c’est 2-2 et  » le résultat n’est pas du tout dans le style Diables Rouges agressifs, volontaires et c£urs de Lion « , mais avec beaucoup d’intelligence et de fluidité dans les mouvements collectifs. Notre premier but est une perle. Cornélis s’est élancé de son poste d’arrière gauche et, en plein effort, il prend appui sur Vandenberg qui lui remet le ballon dans les pieds. En bonne position de tir, l’Anderlechtois tente sa chance et marque. Les Anglais égalisent, Van Himst nous redonne l’avance et c’est sur une erreur de Verbiest, qui trompe lui-même Nicolay, que les Anglais reviennent à la surface.

La Fière Albion n’en a pas mené large. Qui a cette fois profané le gazon de Wembley ? Pas nous ! La presse anglaise se montre impitoyable pour Alf Ramsey et ses hommes : Belgium teach us a lesson, English Labour against stylish Belgians, Lucky England are saved by own goal, Belgians humiliate Wembley bashers. (extrait de Toute l’histoire du football belge par Henry Guldemont, ex-journaliste de S/F M).

Bashers ? Des cogneurs, de tristes cogneurs anglais. Vanden Stock respire et constate que les buts belges sont anderlechtois. Petit se tait mais sait qu’il a eu raison de secouer le cocotier. Cornélis est aux anges après son exploit de Wembley. Ses amis le charrient et lui demandent sans cesse de raconter son but. Le grand match de Wembley renforce le surnom des Diables Rouges acquis en 1963 après avoir battu le Brésil 5-1 au Heysel : champions du monde des matches amicaux….

Et, hélas, ils le prouvent en ratant de justesse la qualification pour le Mondial 66 après un test-match épique contre la Bulgarie. Et qui est sacré maître du monde en Angleterre ? L’équipe locale, mais avec un nouveau noyau qui n’avait plus rien à voir avec les bashers de Wembley…

PAR PIERRE BILIC-PHOTOS : IMAGEGLOBE

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