» Belgacom pourrait vivre sans le foot ! « 

La formule du championnat étant (plus ou moins) actée, les négociations pour les prochains droits télé vont débuter. A l’étranger, comme aux Pays-Bas, la tendance est à la baisse. Les clubs néerlandais pourraient même toucher moins d’argent que les nôtres ! Gérard Derèze, professeur de communication spécialisé en sport de l’Université de Louvain-la-Neuve, analyse la situation.

Ivan De Witte, le boss de la Ligue pro, envisage d’obtenir encore 45.7 millions. Voire plus ! Est-ce raisonnable ?

Gérard Derèze : L’enjeu devant lequel il est placé est immense. Les télés ne sont plus prêtes à mettre autant d’argent. Or, si les clubs, de plus en plus endettés, voient cette manne financière leur filer entre les doigts, de graves problèmes vont surgir. A l’échelle internationale, le football est une bulle qui menace de péter. Ce n’est pas pour rien que les financements venus de l’Est sont les bienvenus ! En Belgique, le marché est étrange. Et les dernières négociations sur la réforme n’ont pas arrangé les rapports entre clubs.

Les ranc£urs risquent de pourrir une nouvelle fois les débats ?

Les clubs se battent de plus en plus pour leur petite personne. Si l’un d’eux voit ses intérêts diminuer, il va coaliser les autres avec lui, quitte à tout bloquer. Le scénario de la descente calculée sur trois ans l’a montré : on n’est pas à l’abri d’un coup vache. Cette farce a été rendue possible car le foot belge manque de grands dirigeants.

Comment la Ligue pro peut-elle convaincre Belgacom d’augmenter son offre alors que l’opérateur a maintenant plus d’un million d’abonnés ?

C’est la question. Lors du lancement de son offre TV, le foot était vital pour Belgacom. C’était un produit d’appel énorme. L’opérateur cédait même le direct d’un match à la RTBF ! Aujourd’hui, il pourrait vivre sans le foot en développant d’autres produits.

La disparition progressive des clubs wallons est-elle un frein pour un investissement national ?

Est-ce qu’un francophone a envie de payer pour Courtrai-Westerlo ? Non. Charleroi et Eupen sont proches de la D2, Mons n’est pas certain de monter. Pour moi, cela ajoute de l’eau au moulin du Standard dans sa réflexion de vendre en solo ses droits télé.

Peut-on envisager une répartition des droits entre plusieurs opérateurs ?

En théorie, oui. Mais je n’y crois pas. Cela a été possible en France car le territoire est grand. En comparaison, le nôtre est minuscule et morcelé. A peine la taille de quelques départements. Et on ne peut pas dire que notre championnat suscite une émulation extraordinaire. Ou alors, il faudrait que certains lots du contrat soient bon marché et facilement rentabilisés.

PAR SIMON BARZYCZAK

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire