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Beckham League Soccer

En 2007, il avait été engagé par le LA Galaxy en qualité de grand messie du soccer aux États-Unis. Onze ans plus tard, David Beckhamretourne en MLS pour fonder sa propre équipe à Miami. Du moins, c’était son intention, car après cinq ans, les problèmes sont nombreux et l’équipe n’existe toujours pas.

Le StubHub Center à Los Angeles est plein à craquer. Des supporters enthousiastes attendent avec impatience l’arrivée sur la pelouse d’un footballeur, et pas n’importe lequel. Nous sommes le 15 juillet 2007 et tout le monde est debout sur les banquettes. Non, nous ne sommes pas au coup d’envoi d’un match du LA Galaxy, mais lors d’une simple présentation.

Celle de David Beckham, l’homme qui doit aider la Major League Soccer à sortir du marasme et à accroître la popularité du soccer aux Etats-Unis. Beckham est accueilli comme une vedette mondiale, un libérateur. Enfin, après des années durant lesquelles des joueurs méconnus ont défilé et offert un spectacle d’un faible niveau, la principale ligue américaine de soccer peut de nouveau présenter un joueur du top mondial. Pour la première fois depuis la période de Pelé au New York Cosmos.

Sept ans plus tard, les supporters attendent à nouveau la superstar à l’extérieur, en espérant un autographe. Les journalistes, rassemblés dans une toute petite salle de presse, sont curieux d’entendre ce que Beckham va leur raconter. Car celui qui s’est reconverti en homme d’affaires a une grande nouvelle à annoncer, paraît-il.

L’ancien capitaine de l’équipe nationale anglaise, tiré à quatre épingles, est entouré par le commissaire de la MLS Don Garber et par le maire de Miami Carlos Giménez. Va-t-il sortir de sa retraite de footballeur ? Non, cette fois, le projet est tout différent. Beckham va fonder une équipe à Miami.

Après avoir déjà transfiguré la MLS comme joueur, il envisage désormais de le faire en devenant le premier propriétaire célèbre d’une franchise aux États-Unis.

La bonne affaire

Avant l’arrivée de Beckham, la MLS américaine traversait une crise profonde. Si la popularité du soccer s’était accrue aux États-Unis après l’organisation de la Coupe du monde en 1994, elle a lourdement chuté au début des années 2000. La situation était à ce point inquiétante que la MLS menaçait de mettre la clef sous le paillasson en 2002.

Garber, le commissaire de la MLS depuis 1999, n’est pas allé jusque-là mais a pris quelques mesures draconiennes. Il a fait appel à la société Soccer United Marketing pour augmenter les droits de télévision et de marketing, et l’entreprise de divertissement AEG, dirigée par Phil Anschutz, s’est même vu confier la gestion de la plupart des franchises de MLS.

La première division était sauvée, mais il n’y avait plus assez d’équipes et elles étaient quasiment toutes la propriété d’une même société. De ce point de vue-là, les choses ont changé ces dernières années. AEG a confié la gestion de certains clubs à d’autres sociétés, comme Red Bull pour New York et Maple Leaf Sports pour Toronto.

En outre, de nouveaux investisseurs ont acheté leur propre équipe à la MLS. Grâce aux nouveaux sponsors, le championnat est devenu plus florissant que jamais et de grands joueurs devaient concrétiser cette renaissance. Parmi eux, David Beckham, dont le contrat prévoyait qu’il allait passer de joueur à propriétaire du LA Galaxy.

Contrairement à ce qu’il se passe en Europe, les joueurs ne signent pas leur contrat avec leur club mais bien avec la MLS. De cette manière, Becks pouvait insérer une clause spéciale à son contrat. L’ancien milieu de terrain s’est ainsi offert le droit d’acheter son propre club de MLS après sa carrière de joueur pour une somme fixée à 25 millions d’euros.

A l’époque, c’était encore une belle somme d’argent, mais aujourd’hui, c’est une bonne affaire. De nombreux jeunes investisseurs ont dû s’acquitter de sommes bien plus élevées ces dernières années. Manchester City et Phil Rawlings, par exemple, ont payé chacun plus de 100 millions d’euros en 2010 pour acquérir respectivement New York City FC et Orlando City SC.

Plus compliqué que prévu

En 2014, Beckham a décidé d’utiliser son droit contractuel. Ce n’est pas un hasard si Miami a été choisi. La ville côtière de Floride possède une importante population de Latinos, susceptible de former une bonne base de supporters pour la nouvelle franchise. En outre, Miami n’a plus d’équipe de soccer.

Dans un premier temps, tout sembla se dérouler sans problèmes. Le stade allait, semble-t-il, rapidement voir le jour. Il ne manquait plus qu’un nom, un logo, un entraîneur et des joueurs, bien sûr. Mais la construction du stade s’est avérée plus compliquée que prévu. Si Beckham soignait la publicité de son projet sur les réseaux sociaux, ses aptitudes politiques laissaient à désirer.

Il était loin d’avoir la même vision que celle qu’il avait sur le terrain lorsqu’il était joueur. L’ancien footballeur a trop souvent sous-estimé la portée de certains aspects et il n’avait qu’un vague intérêt pour le domaine politique. Les officiels de la MLS et l’administration de Miami se sont régulièrement plaints d’un manque de communication de la part de Beckham.

Le premier terrain qui avait été envisagé pour la construction du stade était situé sur la côte de Miami. La promotion de l’endroit est la première chose que Beckham a sous-estimée. C’est ainsi qu’au départ, il a préféré poser en photo avec des vedettes sportives comme le basketteur LeBron James plutôt qu’avec des politiciens locaux.

Ensuite, il s’est heurté aux compagnies de croisières et à d’autres petites entreprises qui ont massivement protesté. Les politiciens de Miami, inquiets, étaient sceptiques quant à la possibilité de bonnes retombées financières. Ils avaient encore en mémoire les problèmes rencontrés autrefois par d’autres clubs sportifs de Miami.

Dans l’histoire sportive de Miami, c’est surtout l’équipe de baseball des Florida Marlins qui compte. La franchise devait s’établir en 1993 dans le quartier de Little Havana, économiquement faible. La construction d’un nouveau stade était censée attirer beaucoup de monde dans le quartier et aider celui-ci à sortir de la crise. Du moins, c’est ce que le projet prévoyait, mais qui allait payer ? Les contribuables ! Et pas un peu. Près de trois millions de dollars devaient être financés par la société…

Miami Freedom Park

Loin d’être un club florissant, les Marlins sont aujourd’hui connus pour leur faible niveau de jeu qui attire peu de supporters. Ce sont surtout les dirigeants du club qui se remplissent les poches en vendant les plus grands talents et en ne les remplaçant pas par des joueurs de qualité équivalente. La société, elle, voit son argent partir en fumée. Le plan économique est donc un fiasco complet.

Les péripéties de l’équipe de baseball ne sont pas sans conséquences pour les autres initiateurs de projets sportifs. Dont celui de Beckham, car lui aussi recherche des quartiers économiquement faibles qu’il espère redresser grâce aux rentrées du club sportif. Les habitants craignent donc que l’histoire ne se répète.

Et pourtant, les deux cas ne sont pas comparables. La principale différence concerne le financement. Là où les Marlins sont sponsorisés par l’argent du contribuable, le Miami Beckham United, le groupe d’investisseurs autour de Beckham, prévoit que la nouvelle équipe serait autosuffisante. Les habitants ne devraient donc pas mettre la main à la poche.

Mais cinq ans plus tard, Beckham n’a pas beaucoup avancé. La MLS s’impatiente de plus en plus et les investisseurs réunis par Beckham commencent à se demander si le rêve deviendra un jour réalité. L’an passé, un nouveau site, le cinquième déjà, a été envisagé par Miami Beckham United : le Melreese Country Club, un club de golf situé au milieu du quartier d’Overtown, près de l’aéroport. Un endroit idéal, car le stade serait facilement accessible et pas trop éloigné du centre-ville.

Pour donner plus de chances de réussite au projet, Beckham a fait appel aux frères Jorge et PedroMas. Ce sont des entrepreneurs qui ont pignon sur rue à Miami. Ce qui ne gâte rien, ils sont originaires d’Amérique Latine. Ils représentent donc une grande partie de la population floridienne. Bref, ce sont des partenaires idéaux pour Beckham, qui avait besoin d’investisseurs locaux. Jorge Mas a directement pris les choses en mains. ‘Ce sera ici et nulle part ailleurs’, a-t-il déclaré lors de la présentation du nouveau stade qui portera le nom de Miami Freedom Park.

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Enfin de la fumée blanche

Le Park ne peut, selon Beckham, offrir que des avantages pour la ville. Outre un stade de 25.000 places, le site pourrait aussi accueillir 23 ares d’aires de jeux pour les jeunes, un hôtel de 750 chambres et 110 ares de zone verte. En outre, selon ses propres dires, le team de Beckham paierait ‘un prix équitable’ pour le terrain, créerait 11.000 emplois et verserait 44 millions d’euros d’impôts par an.’

Ce que Becks sous-estime, c’est le niveau de vie misérable du quartier. Les gens vivent dans la misère et préféreraient bénéficier de logements à des prix abordables plutôt qu’être entourés d’un stade qui coûte des millions et qui ne leur rapportera rien. Depuis plusieurs mois, les habitants intentent des actions contre le projet.

Les riverains ne sont pas les seuls mécontents, car les amateurs de golf s’opposent également à la construction du stade. Le club de golf établi à cet endroit existe depuis 1960 et est considéré comme l’un des plus beaux des Etats-Unis. Les propriétaires préfèrent perpétuer la tradition et n’ont pas du tout l’intention de déménager.

Malgré les nombreuses protestations, Beckham est soutenu par une bonne partie du monde sportif. C’est ainsi que l’acteur Will Smith, le joueur de NFL Tom Brady et le footballeur Neymar ont déjà posté des messages vidéos particulièrement lyriques où ils évoquent le nouveau projet du Britannique.

Peut-être leur soutien porte-t-il déjà ses fruits, car au début de cette année, de la fumée blanche est subitement apparue pour la future équipe de MLS de Miami. En janvier, Beckham a en effet reçu l’accord de Don Garber pour fonder la 25e franchise de la Ligue. Un soutien que l’ancien footballeur anglais avait perdu suite à l’échec de ses projets précédents. Le stade va enfin pouvoir être construit sur le Melreese Country Club.

Cristiano Ronaldo

Mais les actions contre le stade n’ont pas cessé, car les exigences des habitants du quartier d’Overtown n’ont pas encore été prises en considération. Personne, pas même Beckham, ne s’est en effet donné la peine d’écouter leurs doléances et d’essayer de trouver un consensus. Le gouvernement de Miami a été le premier à proposer une solution. En accord avec Miami Beckham United, il a été décidé qu’un référendum serait organisé en novembre. On saura alors enfin si la population est d’accord que le stade voit le jour ou pas.

Le stade doit être opérationnel pour 2020. C’est dans deux ans, et pour l’instant, on n’est encore nulle part. Pas de stade, pas d’équipe, pas de nom… Le temps commence à presser. Or, on ne saura qu’en novembre s’il pourra être construit sur le site du Melreese Country Club. Si le résultat de la consultation populaire est négatif, il faudra chercher un autre site. Ce qui ne sera pas nécessairement du goût de la MLS et des investisseurs, qui trépignent déjà d’impatience aujourd’hui.

Beckham, lui, ne verrait pas d’inconvénient à ce que le stade ne soit construit qu’en 2026. Cette année-là, la Coupe du monde sera organisée aux États-Unis, au Mexique et au Canada, et Becks tente désespérément de faire accepter son stade par la FIFA. Pour l’instant, Miami figure déjà parmi les villes-hôtes, mais on parle ici d’un autre stade : le Hard Rock Stadium des Florida Marlins.

On a déjà réfléchi à d’autres aspects pratiques comme le nom, le logo et les joueurs, mais on n’est pas allé plus loin. Le groupe d’investisseurs réuni autour de l’homme d’affaires anglais a pensé au nom de ‘Miami Freedom’, parce que le stade s’appellerait le Miami Freedom Park.

La couleur serait, plus que probablement, le bleu ciel de Manchester City. Cela semblait déjà clair lors de la présentation du club en 2014. Et pour conférer directement à l’équipe ses lettres de noblesse, si besoin en était, Beckham envisage de faire venir Cristiano Ronaldo à Miami en 2020. La superstar portugaise, qui vient de s’engager avec la Juventus, ouvrirait ainsi le dernier chapitre de sa carrière à 35 ans.

Effort de longue haleine

Reste à savoir si Beckham parviendra à mettre ses plans à exécution, car un certain nombre de problèmes ne sont pas résolus. En premier lieu, les protestations des riverains et des golfeurs ne sont pas près de s’arrêter. Le référendum ne permettra pas de rencontrer leurs exigences. Une bonne discussion s’impose.

En deuxième lieu, il n’est pas certain du tout que Miami soit prêt à accueillir une nouvelle équipe de soccer et qu’un nombre conséquent de supporters soit disposé à la suivre. Même à la grande époque de l’équipe de basket du Miami Heat, on ne se bousculait pas. Enfin, la MLS se base de plus en plus sur les académies et le talent local, plutôt que sur des vedettes européennes grassement payées. Le grand projet concernant CR7 a donc du plomb dans l’aile.

Le rêve de Beckham de fonder son propre club a donc du mal à se réaliser. C’est un effort de longue haline. Comme footballeur, il avait tout. Comme hommes d’affaires, il a encore beaucoup à apprendre.

Pour conférer directement ses lettres de noblesse à son club, Beckham envisage de faire venir Cristiano Ronaldo à Miami en 2020.

Team Beckham

Le Miami Freedom Park, le stade que David Beckham espère construire dans la ville côtière de Floride, doit être entièrement financé par des fonds privés. Beckham a donc construit sa propre équipe qui met un budget énorme à sa disposition. Un homme d’affaires, deux multimillionnaires et son meilleur ami, voilà les gens qui forment Miami Beckham United.

Les frères Jorge et Pedro Mas sont les nouveaux membres de l’équipe. Ils ont été engagés en décembre de l’an passé pour bénéficier de plus de soutien de la population locale. Ce sont des Latinos et des magnats locaux de la construction. Exactement ce dont Beckham avait besoin.

Le Japonais Masayoshi Son est un autre nouveau venu. C’est un homme d’affaires qui possède pas moins de 22,7 milliards de dollars sur son compte en banque. Il est le n°39 sur la liste Forbes des hommes les plus riches du monde.

L’homme d’affaires britannique Simon Fuller est présent aux côtés de Beckham depuis le début de sa  » nouvelle vie « . On peut le considérer comme l’un de ses meilleurs amis. Marcelo Claure doit, comme Son, apporter de l’argent. Le Bolivien dispose de près de 900 millions de dollars grâce à son entreprise de télécommunications américaine Sprint Corporation.

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