Beaucoup de suspense, peu de fraîcheur

Le Standard a achevé le championnat régulier avec 17 unités de retard sur Anderlecht. Dimanche, si les Rouches s’imposent au Parc Astrid, ils compteront deux points d’avance sur le champion en titre. Les play-offs nous valent un formidable suspense et semblent ainsi rallier de plus en plus de partisans, mais ces chiffres n’en démontrent pas moins que le système entame l’essence du sport. Ce ne sont pas les play-offs qui sont en cause mais la division en deux des points au terme du championnat régulier. En outre, il est très difficile aux clubs de conserver leur meilleure forme durant l’épilogue du championnat. Samedi, à Lokeren, Mario Been a constaté que Genk venait de disputer le 55e match de sa saison.

Been n’est pas le seul entraîneur à constater que son équipe a perdu sa fraîcheur. Le rythme des matches est éreintant et nécessite des noyaux étoffés et qualitativement riches, afin de faire tourner les joueurs. D’un autre côté, Zulte Waregem dispute sa saison avec un noyau relativement restreint, sans guère déplorer de blessés. Le club n’a évidemment pas disputé de campagne européenne et il possède en Francky Dury un entraîneur qui a été parmi les premiers à intégrer les trouvailles scientifiques à l’élaboration de ses séances.

Le calme que dégage l’entraîneur de Zulte Waregem dans cette phase cruciale du championnat est étonnant. Même si après le zéro sur six essuyé face au Standard, et après avoir été désavantagé par les décisions arbitrales (deux buts annulés à domicile, et un penalty décisif à Liège précédé d’un hors-jeu) Dury s’est emporté au micro de Be TV.

John van den Brom peut prendre exemple sur lui. Roger Vanden Stock a dû frôler l’infarctus quand l’entraîneur des Mauves a fait porter à l’arbitre la responsabilité de la défaite des siens à Zulte Waregem. Vanden Stock est attaché à l’étiquette et il tient toujours à conserver une certaine allure aristocratique à son club.

Dimanche, après le revers 2-1 au Club Bruges, Van den Brom a soigneusement pesé ses mots. Il a loué le jeu de son équipe, qu’il a trouvé bon. De fait, Anderlecht a fait impression en prenant le Club Bruges à la gorge, en début de match. Rarement les Bleu et Noir ont été ainsi mis sous pression mais après leur but d’ouverture, tombé du ciel, Anderlecht a marqué le coup. Le résultat est frappant : 5 points sur 18. Et une nouvelle semaine de turbulences, d’analyses et de remotivation au Parc Astrid. Anderlecht a toujours toutes les cartes en mains mais s’il ne gagne pas contre le Standard dimanche, il s’enfoncera dans une crise profonde. Une question s’impose : pourquoi son football étincelant a-t-il été si vite abandonné au profit des longs ballons ?

Le Standard a subi pas mal de turbulences aussi, cette saison. Au début, il a vécu sous la menace d’une rébellion des supporters, qui ont déployé des banderoles fustigeant la politique du président Roland Duchâtelet. Nul ne souhaite qu’on le lui rappelle car une semaine et demie après la douloureuse défaite 4-1 à Lokeren, le Standard rêve à nouveau du titre au bout d’un scénario qui serait invraisemblable.

Avec des hauts et des bas, Mircea Rednic est parvenu à former une équipe. Le Standard a aligné 33 joueurs en 36 matches de championnat. Après l’intermède néerlandais de Ron Jans, l’équipe a retrouvé son style-maison, jouant avec passion et puissance.

L’engagement est également ancré dans l’âme du Club Bruges et c’est avec cette mentalité qu’il a affronté Anderlecht. Avec beaucoup de travailleurs et moins de raffinement. Le jeu n’a pas été éblouissant mais le Club a formé un vrai bloc. Au coup de sifflet final, une fantastique explosion de joie a salué sa prestation.

Juan Carlos Garrido s’est montré acariâtre à la conférence de presse, alors qu’on ne lui posait aucune question. Cela montre à quel point le stress ronge tous les clubs. Garrido avait encore remanié son équipe. Cette quête de la bonne occupation de terrain et du bon équilibre semble constituer le fil rouge de nombreux clubs durant ces play-offs. Zulte Waregem est l’exception qui confirme la règle. ?

PAR JACQUES SYS

Le Standard a retrouvé son style-maison, jouant avec passion et puissance.

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