BEAUCOUP DE QUESTIONS, PEU DE RÉPONSES

Trois défenses différentes, trois compositions différentes. Les matches amicaux n’ont encore jamais été un instrument de mesure avant un grand tournoi mais ils servent à établir une formation fixe, avec des schémas reconnaissables, un système clair. Ces dernières semaines, c’est surtout dans ses querelles avec la fédération que Marc Wilmots a paru affûté. Il a d’abord fustigé le prix trop élevé des billets pour les matches contre la Finlande et la Norvège.

Il a ensuite remis le couvert parce qu’on lui imputait la responsabilité d’une partie du déficit budgétaire. Wilmots aurait refusé un match amical contre la France en Belgique, faisant perdre un million à l’UB. Le sélectionneur le dément formellement. Ce genre de bisbrouilles est inédit dans une organisation professionnelle de football et laisse à penser que le courant passe très mal entre la Fédération et le sélectionneur.

Il est plus essentiel de trouver un moyen de remettre de l’ordre dans le chaos provoqué par la cascade de blessures et d’enfin faire jouer comme il se doit cette génération si vantée. Après le match contre la Finlande, il eût été plus intéressant de réfléchir à l’incapacité de l’équipe à démanteler des défenses fermées, à son manque de rendement sur les phases arrêtées, au manque de coaching sur le terrain. Les Belges ont été trop lents contre la Finlande. Donc, Marc Wilmots a cherché d’autres accents contre la Norvège, en remaniant son entrejeu en sus de la défense.

L’aspect positif, c’est que contre la Norvège, les Diables ont bien joué par moments. Comme en début de partie et dans la phase suivant l’égalisation : les Diables Rouges ont donné, un instant, l’impression de virevolter. Ça montre que cette équipe recèle en effet un énorme potentiel. A condition qu’elle joue en bloc, avec le feu qui lui fait souvent défaut. Car chaque fois, le niveau de jeu a baissé, laissant apparaître des hiatus.

La conclusion qui s’impose avant l’EURO, c’est qu’il n’y a pas d’équipe. Il y a encore trop de questions sans réponses. La défense constitue le thème le plus important. Pratiquement tous les connaisseurs étaient unanimes : après le forfait de Vincent Kompany, il valait mieux associer Toby Alderweireld à Jan Vertonghen au coeur de la défense. On remet ce duo en question, maintenant. Il ne faut jamais tirer des leçons d’un seul match. Le fait que Jordan Lukaku, dont les qualités sont parfois remises en doute à ce niveau, ait été le meilleur arrière contre la Norvège, montre à quelle vitesse les jugements peuvent changer. Sans que ça permette d’établir un bulletin définitif.

A l’issue du match contre la Norvège, Marc Wilmots a déclaré être content que Radja Nainggolan ait tenu les 90 minutes. Le médian de l’AS Rome a imprimé du rythme au match à quelques reprises avant de retomber dans un jeu latéral. Il est à la base du premier but scandinave mais il pourrait devenir un pion très important à l’EURO. Comme brise-glace et comme constructeur.

Il sera crucial de hausser le rythme pendant l’EURO. Sans vitesse, on est balayé sans pitié à ce niveau. Reste à voir si Eden Hazard peut devenir le régisseur de l’équipe. Le capitaine est mieux entré dans le match quand il a fait glisser un Kevin De Bruyne décevant sur l’aile. Faire évoluer de concert les deux chevaux de parade de l’équipe ressemble à un feuilleton sans happy-end.

40.000 personnes ont encouragé les Diables Rouges dimanche. Ils font fureur. Il y a eu quelques huées après le second but norvégien mais le public a tout pardonné aux Diables Rouges après leur victoire. Il faut suivre un match des tribunes pour sentir cet enthousiasme. On y vit et juge les matches autrement que de la tribune de presse. C’est comme ça qu’il faut interpréter les propos de Wilmots, qui a affirmé que les spectateurs avaient vu un bon match.

Partout en Europe, il y a eu des résultats surprenants. Qu’en restera-t-il après ce tournoi ? Ce ne serait pas la première fois qu’une équipe trouve sa forme quand les choses deviennent sérieuses et que le pessimisme fait place au triomphalisme.

PAR JACQUES SYS

Dans les tribunes des supporters, on vit les matches différemment.

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