Batterie et Dali

Votre père est russo-polonais, votre mère italienne… Un fameux cocktail?

Alexandre Teklak (27 ans): Oui mais je me sens belge avant tout. Ma grand-mère ne parlait pratiquement qu’italien et j’ai appris son dialecte, que j’ai malheureusement oublié. Ma mère avait trois frères, qui vivaient en Belgique mais deux d’entre eux sont décédés. Malheureusement, je n’ai guère eu de contacts avec la culture slave, hormis par un cousin russe de mon père. Celui-ci ne m’a pas appris sa langue. Ce n’est pas ma faute. Pour une fois! (Il rit). Mon grand-père jouait de la balalaïka. C’était très beau et très compliqué.

Avez-vous une passion?

La musique. Je joue de la batterie. Nous avons formé un groupe. Mon frère joue de la basse, et deux copains, dont Eric Dehaze, le kiné de Charleroi, sont guitaristes. Nous cherchons un chanteur. Nous jouons du rock, comme Yes, Deep Purple, des airs qui datent des débuts du genre. En fait, mon frère a influencé mes goûts musicaux. Quand j’avais 12 ans, il a ramené des instruments. J’ai commencé à jouer de la batterie. J’ai appris seul. Je jouais des heures par jour. Je regrette de n’avoir pas suivi les cours de l’académie mais ils avaient lieu trois soirs par semaine et c’était impossible à concilier avec le football. J’ai même dû interrompre mon graduat en électronique au bout d’un an… Maintenant, je joue dès que j’ai un moment de détente. Si nous nous produirions en concert? Il faudrait d’abord des trucs bien faits. Une fois, je me suis produit sur scène, devant peu de monde. C’était plus stressant que le foot. Pas question de faire une fausse note!

Aimeriez-vous jouer d’un autre instrument?

La guitare. J’ai essayé la basse mais il faut de la patience. Mon frère joue plusieurs heures par jour.

Vous avez un ordinateur…

Plutôt pour tuer le temps. Je surfe, je joue et vous savez comment ça va: on n’arrive plus à quitter l’écran, ce qui agace Cathy…

N’est-ce pas Laora Casto, ici?

Si, elle est ma filleule. Marco et moi sommes amis, même si les distances nous empêchent maintenant de nous voir aussi souvent que nous le voudrions. Elle s’entend bien avec Alexandra (trois ans et demi).

A quelle carrière auriez-vous songé sans le football?

A l’archéologie. L’égyptologie me fascine. J’ai visité quelques monuments en Grèce, dont l’Acropole, mais l’Egypte a l’air encore plus fascinante. Une copine a visité un temple et m’a confié qu’en entrant, elle avait été vraiment émue. J’aimerais y aller, quand la situation sera plus stable et que Youri (20 mois) sera suffisamment grand pour l’avion… bien que j’aie toujours une appréhension au moment d’y monter.

Conseilleriez-vous à Youri de devenir footballeur?

Non. Je mesure à quel point ma carrière est aléatoire. D’ailleurs, l’avenir des enfants nous préoccupe, Cathy et moi, quand nous voyons l’évolution des mentalités. Moi, gamin, je devais me tenir convenablement, respecter mes parents. Maintenant… On se demande sur qui les enfants vont tomber, s’ils auront de bonnes fréquentations. Jusqu’à présent, ça va. En plus ( il sourit), j’ai trouvé le truc pour calmer les filles: je dis que je vais appeler la police. Là, vous entendez, ça marche!

Vous ne manquez pas d’humour…

Un humour noir. Une fois, Hugo Broos nous avait payé un verre, Casto et moi avons trinqué « Santé au communisme ». Il lui a fallu un moment avant de comprendre que nous plaisantions. Au début, Cathy aussi se demandait sur qui elle était tombée.

Parlez-nous de Cathy?

Elle a l’air calme mais elle intériorise jusqu’au moment où ça explose. Elle est franche, comme moi, ce qui ne fait pas toujours plaisir aux gens. Parfois, quand je fais une réflexion, ça la dérange, notamment quand un abruti sur la route me donne une poussée d’adrénaline.

Comment avez-vous fait la rencontre d’Alexandre?

Cathy Niels (27 ans): Vous voulez la version longue ou la courte? (Elle rit). Je travaillais comme vendeuse dans la boutique de mon oncle, à Charleroi. Il passait tout le temps devant le magasin. Au début, je le trouvais bizarre puis il m’a attiré, sans que j’entreprenne quoi que ce soit. Ma tante était très amie avec Raymond Mommens mais moi, je n’aimais pas le foot. En plus, à cette époque, il était sur le banc. Tant pis pour les méchantes langues, mais je ne l’ai pas pris parce qu’il était footballeur: je ne l’ai appris que lorsque j’ai accompagné ma tante à la fête donnée à l’occasion des 600 matches de Mommens.

Comment décririez-vous Alex?

Il est honnête, franc et bordélique (« Le défaut de mes qualités », plaisante Alex). Il n’aime pas l’hypocrisie. Il est généreux. Il s’occupe beaucoup des enfants, au point que parfois, je culpabilise en me disant que je lui en demande trop mais il agit souvent spontanément. Il lui arrive de faire la vaisselle mais là, je l’arrête: il met de l’eau partout.

Aimez-vous également la musique?

Oui mais pas la même que lui! Je préfère la chanson française, les airs commerciaux, pas des trucs sauvages. Roch Voisine, Patrick Bruel, mais moins qu’avant. Alex écoute beaucoup de concerts en DVD style Pearl Jam, Metallica. Plus jeune, je regardais l’Eurovision. Le comptage des points me passionnait…

Et le cinéma?

Oui. Nous venons de voir la deuxième partie du Seigneur des Anneaux. C’est magnifique. Dommage qu’il faille attendre un an pour voir la fin. J’aime les films d’amour et d’horreur, les téléfilms et les histoires vraies, mais pas Alex. Je lis, aussi. Jamais sans ma fille m’a passionnée. Je lis maintenant L’Enfant des Bois, de Chamberlain. Des histoires vraies, des romans.

Vous avez été vendeuse. Le shopping ne vous tente pas?

Si mais… je n’achète presque jamais. Parfois, je reporte un achat à la prochaine fois et l’article a disparu quand je reviens. (Alex: « Elle est radine »). J’aime aussi acheter des objets de décoration; Nous vivons dans les meubles de l’Excelsior mais j’imagine comment je décorerai notre maison, plus tard… J’aime les bougeoirs. J’emmène Alex: quand je flashe sur quelque chose, il me l’offre. L’art m’intéresse. J’ai un faible pour Salvatore Dali. Voilà une reproduction. Et là, c’est la fiancée de Christophe Grégoire, Camille, qui a fait cette peinture pour moi, en apprenant que j’aimais Dali. Elle a du talent. Une dame qui tient une salle d’exposition m’a dit que sa toile avait de la valeur.

Etes-vous originaire de Charleroi comme Alex?

Non, je suis Ardennaise. J’ai vécu dans le calme, il n’y avait pas de cinéma ni de magasin. J’allais au bal! Je n’aime pas Charleroi. Le centre est vraiment dangereux. Alex aime l’ambiance de Charleroi. Ici, à Mouscron, les gens ressemblent plutôt aux Français du Nord. Ils sont plus sûrs d’eux, un peu plus froids, mais ce n’est peut-être qu’une impression car nous connaissons peu de monde. Les Ardennes sont plus sûres. (Alex: « N’empêche: la seule fois où on m’a volé, c’était dans les Ardennes. J’avais laissé mon portefeuille dans la voiture. Enfin, à Charleroi, on aurait pris la voiture avec… »)

Avez-vous envie de retravailler?

Enormément mais les horaires sont dissuasifs depuis la naissance des enfants: de 9 h à 19, voire 20 h, sans compter les trajets… En plus, ils n’ont que deux ans de différence. Jusqu’à présent, je n’ai pas arrêté, surtout que nous habitons loin de nos familles. Youri a eu plusieurs otites et son sommeil a été perturbé. Enfin, dans quatre mois, il aura deux ans. éa ne peut qu’aller mieux.

Comment vivez-vous la profession d’Alex, en n’aimant pas le foot?

Je ne suis pas une sorteuse, donc, son métier ne me prive de rien. Juillet et août sont longs, car les autres sont en vacances alors qu’il est en stage, mais c’est tout. Je suis fière de lui et je vais le voir jouer. Il parle un peu de ses problèmes sur le coup, sans plus.

Quelles sont vos vacances idéales?

Pour le moment, les enfants étant encore fort jeunes, c’est la Côte d’Azur, en voiture. Je suis plutôt plage, Alex aime les visites.

Pascale Piérard

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