Bataille de flanc

A l’ombre des Lampard et Drogba, le milieu est l’arme maîtresse des Blues en cette fin de saison.

Il y a des joueurs qui enflamment la pelouse mais qui ne jouissent pas du crédit qu’ils méritent. Parce qu’il a choisi Chelsea et qu’il y a pléthore de vedettes sur le flanc, Joe Cole doit sans cesse remettre son ouvrage sur le métier. Au contraire de John Terry, Didier Drogba ou Frank Lampard, il ne bénéficie pas de la confiance aveugle des managers. Pourtant, son travail, son énergie et son talent ont encore fait la différence, il y a dix jours, contre Arsenal. Drogba fut décisif mais c’est Cole qui enclencha la machine.  » Si Chelsea est revenu à la deuxième place, il le doit sans conteste à Joe Cole. C’est l’élément le plus régulier de la saison du côté des Blues « , commente David Meek, journaliste anglais au Manchester Evening News.

Pourtant, même José Mourinho avait du mal à encore croire en celui qu’il avait porté aux nues toute au long de sa carrière londonienne. Son 4-3-3 avec deux flancs ravageurs ne tenait plus la route et la force physique des Lampard, Obi Mikel, Michael Essien ou autre Michael Ballack avait la préférence sur le génie de Cole. Ce n’est qu’après le départ du technicien portugais que Cole est revenu en grâce. Avram Grant avait compris son importance sur l’aile et depuis lors, Chelsea est de retour au sommet.

Avec l’équipe d’Angleterre, Cole n’a jamais su se hisser au niveau des stars. On adulait les David Beckham, Lampard et Steven Gerrard en oubliant bien vite que ces derniers n’arrivaient pas à hisser leur niveau de jeu.  » Au contraire de Cole ! Depuis la Coupe du Monde 2006, c’est le seul élément qui a apporté quelque chose à l’équipe nationale. Le seul qui a surnagé lors du naufrage des derniers mois. Mais il n’a pas la réputation des cadors de l’équipe. Pourtant, son jeu est pétillant, sa personnalité affirmée et sa femme très jolie. Or, on sait que la popularité passe souvent par là en Angleterre « , ajoute ironiquement Meek.

Aujourd’hui, pourtant, Cole symbolise un des pions de la Révolution russe de Roman Abramovitch. Son arrivée à Chelsea, à l’été 2003, a coïncidé avec le début de l’épopée victorieuse des Blues. Né à l’est de Londres, Cole a toujours été un enfant de la capitale. C’est sans doute pour cette raison, qu’à 16 ans, il n’a pas répondu aux sirènes de Manchester United alors que Sir Alex Ferguson avait vu en lui  » un des plus grands talents d’Angleterre  » et était prêt à débourser 15 millions d’euros. Cole préféra grandir à West Ham, grand club formateur ( Jermaine Defoe, Michaël Carrick, Rio Ferdinand sont tous issus des Hammers), avec lequel il débuta à 17 ans. Là, il fit l’apprentissage de la Premier League et se vit même offrir le brassard de capitaine à 21 ans. Lorsque West Ham fut relégué en 2003, Chelsea mit le paquet et sortit plus de 10 millions d’euros pour s’attacher les services de celui qui joue constamment avec un brassard de tennis. La première saison ne fut pas la plus prolifique : Cole n’arriva pas à convaincre le terne Claudio Ranieri, qui lui proposa même un prêt au CSKA Moscou. Cole refus le relégua aux oubliettes en janvier 2004 lorsque le coach italien transféra Scott Parker.

Il fallut l’arrivée de Mourinho pour lancer sa carrière (et envoyer Parker à West Ham puis à Newcastle). Jusqu’alors, tout le monde était d’accord pour louer la technique et la créativité de Cole mais certains lui reprochaient son manque de sens collectif. Avec le sélectionneur portugais, cela va changer. Mourinho ne le ménagea pas.  » Cole est un joueur à deux visages. Il y en a un qui me plait (sa vision et son habileté technique) et un qui me déplait (ses oublis défensifs) « , dit-il juste après une victoire obtenue face à Liverpool sur un but décisif de… Cole. Un jour, le coach le sortit juste après un but. Commentaire de Mourinho :  » Après son but, le match était terminé pour lui. Nous jouions à dix parce qu’il a arrêté de jouer et de courir « .

 » Ses propos eurent le don de tenir Cole éveillé « , explique Meek,  » Le titre obtenu en 2004-2005 porte notamment le sceau de Cole « . Cette année-là, il inscrivit 10 buts. La saison suivante, alors que Chelsea continuait à exercer sa main mise sur le championnat anglais, Cole eut raison de la concurrence : ni Arjen Robben, ni Damien Duff, ni Shaun Whright Philips ne lui firent de l’ombre. Il fut nommé dans l’équipe de l’année et devint un des pions essentiels de l’équipe nationale et ce ne fut pas un hasard si en 2007 les Blues perdirent le titre face à Manchester alors que Cole avait été éloigné des terrains trois mois durant.

Son retour sur le banc à l’aube de cette campagne lui a redonné le peps nécessaire. Cole est désormais au sommet de son art et tire l’équipe. Deux buts contre Everton, une prestation trois étoiles face à Arsenal et un finish incroyable contre Blackburn. Tiens et il est où encore Scott Parker ?

par stéphane vande velde

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