Bastian Schweinsteiger

Voici pourquoi, à 25 ans, le médian du Bayern et de la Mannschaft est toujours capable d’accélérer les échanges et de frapper au but.

Positif

S a frappe de balle est tout simplement exceptionnelle. Il possède une telle maîtrise technique du cou de pied qu’elle lui permet d’allier puissance et précision. Son pied droit est bien sûr son meilleur atout mais son gauche est également d’excellent niveau. Il a déjà inscrit de nombreux buts à 30 mètres et ses passes sont aussi réalisées de manière très sèche. Cela donne du rythme au ballon et permet à l’équipe d’avoir, comme contre la Juventus mardi dernier, une circulation de balle très rapide. Cette saison, sa réussite est moins grande : un goal marqué en championnat et aucun en Ligue des Champions.

Il possède un volume de jeu réellement impressionnant. Son énorme capacité aérobie l’aide à parcourir les kilomètres durant 90 minutes. Il ratisse le milieu de terrain en long et en large et ne rechigne jamais à mettre son bleu de travail pour défendre en perte de balle. Sa zone d’occupation est énorme : il est très présent d’un rectangle à l’autre et il se positionne constamment en fonction du ballon et de l’endroit où l’action se déroule.

Il fait preuve d’une grande intelligence tactique. Il est souvent proche du ballon car il coulisse très bien par rapport au jeu en perte de balle. En possession, il est continuellement disponible et son art du démarquage est de très bon niveau. Grâce à son côté altruiste, il s’imbrique plus facilement dans un collectif par rapport à un joueur individualiste.

Même si son gabarit n’est pas impressionnant (1,80m pour 76kg), il est très solide sur ses jambes. Il résiste très bien aux charges corporelles. Dans les duels au sol, il est super efficace car il s’engage toujours très franchement en mettant le pied et en s’appuyant sur une technique de tacle de très bon niveau.

Quand il évolue comme demi d’aile, il apporte beaucoup de danger grâce à son excellent centre. Il ne déborde pas comme un véritable ailier mais sa frappe enroulée avec beaucoup de force lui permet de contourner un adversaire, qui défend jusqu’au bout en essayant de couper la trajectoire du centre. Il le fait invariablement côté droit comme côté gauche, en passant par l’extérieur ou en rentrant dans le jeu.

Sa vitesse de course est de bon niveau et sur 30-40 mètres, il dégage beaucoup de puissance aussi bien avec que sans ballon. Son envie d’aller au bout de l’effort lui permet de s’arracher et de gagner les quelques centimètres qui font la différence.

Sa visiondu jeu est excellente et même s’il ne sera jamais un virtuose du ballon, il maîtrise toutes les techniques importantes comme les contrôles, les amorties et les passes.

Négatif

L’Allemand manque un peu de polyvalence. Il n’est pas un véritable demi d’aile pouvant se transformer en ailier de débordement. Il est plus efficace comme demi relayeur dans une position un peu plus centrale mais légèrement décalée vers la gauche. Cela lui permet d’être plus dangereux en venant de la deuxième ligne dans l’axe et de rentrer sur son pied droit, l’arme fatale. Le poste situé entre le demi récupérateur et le meneur de jeu est donc SON poste.

Le dribble s’effectue chez lui davantage en puissance. Il s’appuie plus sur sa résistance aux contacts que sur une technique de haut vol. Des doubles contacts, des passements de jambes, des roulettes ou des retiré-semelles sont des gestes qu’il effectue très rarement. Il préfère l’efficacité aux trouvailles techniques.

Le jeu de tête n’est pas du tout exceptionnel et il compense son manque de technique dans ce domaine par un engagement total dans le jeu aérien. Son timing et son feeling dans les 16 mètres sont insuffisants pour être performant dans les airs. Sa position sur le terrain le prive également de duels dans la zone de finition. Sur phases arrêtées, les ballons hauts sont plutôt gérés par des attaquants ou des défenseurs style Daniel Van Buyten, très forts dans ce domaine.

Exception faite des moments où il prend sa chance par un tir lointain, il fait parfois preuve d’un excès d’altruisme. Dans le sport de haut niveau, il faut cultiver l’individualisme sans excès, ce qui permet parfois d’être meilleur ou en tous cas de bénéficier d’une plus grande publicité de la part des médias et aussi chez les supporters.

Son explosivité sur les premiers mètres n’est pas grandiose. Et s’il rivalise dans ce domaine avec beaucoup d’adversaires, c’est plus grâce à sa force et sa volonté qu’à une fréquence de haut niveau. Il camouffle cette petite lacune par un placement judicieux. Son retour défensif peut être excellent mais il faut lui laisser le temps de se retourner.

A l’inverse des grands joueurs offensifs qui sont parfois inexistants et qui se font remarquer par des actions exceptionnelles à des moments décisifs, il est plutôt du style régulier et travailleur de l’ombre. Ce rôle lui convient à merveille et à son coach mais il est parfois sous-estimé par l’opinion publique. Pour sa carrière personnelle, cela peut être un désavantage.

Si sa manière de jouer et son statut le rendent quasiment indispensable à l’équipe, il ne possède pas cette faculté à être un leader naturel. Il n’élève pas suffisamment la voix lorsque les événements ne tournent pas en faveur de son équipe. Son statut d’international et ses 25 ans l’y autorisent pourtant. Aussi, son comportement sur le terrain est souvent exemplaire et ses coéquipiers le respectent beaucoup pour cela. Né en 1963, Etienne Delangre joua comme défenseur au Standard de 1981 à 1992 (267m en D1 et 6b, champion en 82 et 83). Ex-chargé de cours à l’Ecole du Heysel, il coacha de la P1 à la D1 (Charleroi).

Par Étienne Delangre

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