Barrage autrichien

La Belgique est favorite pour une place dans le groupe mondial.

Portschach, sur les rives du Wörthersee, un ravissant lac ceint de montagnes. Il est difficile de trouver endroit plus idyllique. Le week-end prochain, il risque d’être nettement moins romantique. L’Autriche va tout mettre en £uvre pour écarter son adversaire belge du groupe des 16 meilleures nations. Début février, au premier tour du groupe mondial, la Belgique a été dominée par des Espagnols invincibles sur leurs propres terres. Quant à l’Autriche, après deux victoires dans la zone euro-asiatique, elle est en progression.

La Werzer Arena, sise dans le petit village de Portschach, en Carinthie, pas très loin de la frontière slovène, ne sera sans doute pas comble pour ce match de Coupe Davis. Certes, l’Autriche aligne un enfant du coin, Stefan Koubek, mais il n’est pas vraiment un grand nom. C’est peut-être le principal problème des garçons en culotte de cuir. En profondeur, la sélection a une certaine allure, avec trois hommes dans le top 100, mais elle manque de rayonnement, faute de résultats marquants et suite à la retraite de Thomas Muster. Il n’empêche que les deux joueurs de simple, Koubek et Jurgen Melzer, sont susceptibles de créer la surprise. Les deux spécialistes de double, Julian Knowle et Alexander Peya, ne cassent pas la baraque mais sont capables de gagner. Peut-être le nom le plus connu est-il celui du coach, Gunther Bresnik.

Bresnik, éternelle forte tête au sein de la fédération autrichienne de tennis, a quelques références de taille. Il a déjà travaillé parmi l’élite, en suivant Henri Leconte puis Boris Becker en personne. A l’époque où Thomas Muster et surtout son manager, Ronny Leitgeb, avaient tout à dire dans le monde autrichien du tennis, Bresnik s’est érigé en soutien et en porte-parole de tous ceux qui n’avaient pas les faveurs du puissant tandem. Finalement, il a croisé le chemin de Stefan Koubek, dont il est devenu l’entraîneur personnel.

Koubek, le blond numéro un d’Autriche, est un joueur très capricieux. Son style de jeu, bien construit de l’arrière avec une préférence pour un revers plat, devrait lui permettre d’être plus régulier qu’il ne l’est, s’il faisait preuve d’une autre mentalité. C’est ainsi que cette année, par exemple, il a perdu 13 fois au premier tour d’un tournoi. Pourtant, son début de saison avait été prometteur : il avait remporté le troisième titre de sa carrière à Doha avant d’atteindre les quarts de finale à Auckland. Une blessure a contrarié sa progression et à sa rentrée, à Rotterdam, il a été balayé par Olivier Rochus. A Roland Garros, il a buté contre un nouvel adversaire belge. Au terme d’un match épique en cinq sets, Xavier Malisse s’est imposé. Le voilà averti : à domicile, Koubek ne sera pas un adversaire facile. Christophe Rochus l’a déjà expérimenté à Wimbledon. Il s’est incliné sans l’ombre d’une chance face au gaucher, numéro 64.

Il n’y a pas que Koubek

Le jeune Jurgen Melzer (22 ans) doit soutenir son leader. Ce gaucher de Vienne raffole des surfaces rapides. Ce n’est pas un hasard s’il a gagné le tournoi junior de Wimbledon il y a cinq ans. Cette année aussi, il a démontré qu’il disposait d’un brillant service et de solides reprises de volée en atteignant la finale du tournoi sur gazon de Newport. Il est donc logique qu’il se tire bien d’affaire en double également. A Newport, il a atteint la finale de la discipline avec Knowle et à Kitzbühel, il s’est qualifié pour ce même stade avec le quatrième de l’équipe autrichienne, Peya. Melzer a notamment atteint la demi-finale du tournoi sur terre battue de Houston et a pris un set à Juan-Carlos Ferrero, démontrant qu’il mérite les éloges dont il est l’objet, tout en gagnant en maturité. Il est actuellement aux alentours de la 80e place mondiale.

Julian Knowle (29 ans), enfin, fera certainement équipe avec Melzer en double. Il est un cas à part. Il frappe à peu près toutes les balles avec force, des deux mains, qu’il s’agisse de revers ou de coup droit. Il est très efficace en double, moins en simple. Ces dernières années, il s’est d’ailleurs concentré sur le double et son plus haut fait est actuellement une 50e place mondiale.

Bresnik pousse résolument la Belgique dans le rôle de favorite mais jure que ses garçons seront très difficiles à battre. En choisissant le quatuor qui a affronté l’Espagne à Séville, Steve Martens a opéré une sélection logique pour cette joute cruciale, même si Kristof Vliegen n’a pas vraiment pu confirmer son excellent début de saison, hormis une victoire dans le challenger de Zagreb, mais la terre battue est une surface qui lui est plus familière qu’à Dick Norman ou Gilles Elseneer. Martens aurait pu songer à Tom Vanhoudt, qui semble revenu sur le droit chemin, surtout parce que le duo belge d’occasion en double aura peu d’expérience ou de rythme des matches.

Xavier Malisse n’a pas l’intention de laisser le double trancher l’issue de cette joute. Même s’il accuse un léger retard sur Rochus au classement mondial, il reste le porte-drapeau de l’équipe. Il l’a encore prouvé à l’US Open, où il a pris la mesure de son coéquipier pour atteindre le quatrième tour. Une chose est claire : Malisse obtient de bons résultats quand il est bien encadré et qu’il travaille dur. L’engagement d’un nouvel entraîneur et sa réconciliation avec Nick Bollettieri devraient lui permettre de retrouver le top-30. Un crochet réussi au Wörthersee l’aiderait à passer un hiver agréable.

Olivier Rochus espère aussi prendre des points en cette fin de saison. Malgré son statut de premier Belge et son entrée dans le top-50, il continue à douter de ses aptitudes. Le début de sa collaboration avec Julien Hoferlin et quelques victoires à Portschach pourraient signifier une nouvelle percée.

De son côté, l’Autriche est avide de retrouver l’élite mondiale. Elle a été reléguée en division deux il y a trois ans alors qu’une saison auparavant, elle avait fait sensation. A l’époque, elle avait dû disputer un match de barrage, déjà, face à la Suède, la championne du monde en titre. Au terme d’une compétition passionnante, les jeunes Autrichiens avaient battu les expérimentés Scandinaves 3-2. Trois des quatre membres de l’équipe en font toujours partie. La rencontre avait lieu à Portschach, sur les rives du Wörthersee.

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