Bande de potes

Quand le Congolais joue bien, il se remet à penser qu’il est passé à côté d’une plus belle carrière. Mais il lui reste toujours son club…

A 30 ans, le Congolais Isidore Wawa est un des éléments les plus en vue du FC Liège. C’est également le frère de Lambic Wawa, qui a évolué en D1 avec le RWDM. D’ailleurs, la saison passée, il s’y occupait encore des jeunes mais a préféré arrêter étant donné les problèmes. Il travaille désormais dans une société à Bruxelles.

Isidore est originaire de Kinshasa. Là-bas, comme tous les garçons de son âge, il jouait au football mais pas en club. Il est arrivé en Belgique en 1987 grâce à son frère. Ce dernier avait été découvert par Henri Depireux lors d’un de ses nombreux périples en Afrique: « Mon frère avait parlé avec les dirigeants molenbeekois dans l’optique que je débute une carrière de footballeur au RWDM. J’ai alors joué pendant quelques temps en Scolaires. Mais, pour moi, le but principal de mon immigration était mes études. J’avais 15 ans et je voulais terminer l’école. Dès lors, je suis parti à Malmédy où j’ai repris ma scolarité. Par la même occasion, je me suis aussi inscrit dans le club de foot de la ville. Je m’améliorais beaucoup et en 1989, j’ai été transféré à Louvain, club de D2. Après deux ans, j’ai décidé de retourner à Malmédy pour continuer l’école. Mais ça a été très difficile de conjuguer le sport et les études. Et évidemment, ça n’a pas marché… »

Le roi contre le Cercle

A partir de ce moment-là, il avait compris quel serait son métier et a commencé à bourlinguer dans différents petits clubs belges. Il a joué à Cheratte, près de Visé, Waremme et, en D3, à Eghezée. Ensuite il a été transféré à Namur et, en 1998, il est passé au FC Liège. Toujours, installé à Namur, Isidore Wawa est marié et a deux filles, Aurélie (deux ans) et Cécilia (six mois). Il doit, quasiment chaque jour, effectuer le trajet Namur-Liège en voiture. Mais cela ne l’handicape pas trop et n’influe en rien son professionnalisme.

« C’est juste un peu embêtant quand je rentre seul après une défaite », dit-il. « Mais cette saison, le FC Liège effectue un parcours intéressant en Division 2. Par rapport aux objectifs du début de saison, on n’a pas à se plaindre. Mais lorsqu’on prend match par match, on est légèrement déçu car de nombreux points ont été gaspillés », déclare Wawa.

Ce dernier apporte la créativité à l’équipe. Il y a trois semaines, le club jouait contre le Cercle de Bruges. Réduits à dix en début de match, les Liégeois se sont finalement imposés trois à zéro. « C’est lui qui nous a fait gagner. C’était le roi sur le terrain », souligne son entraîneur.

Wawa avait marqué deux buts. Depuis ce fabuleux match, Depireux constate cependant une légère baisse de régime chez le joueur qui s’explique: « C’est vrai que mon niveau a un peu baissé. Mais je ne peux expliquer pourquoi. Je ne suis sûrement pas moins motivé. Il y a des semaines comme ça. La forme ne se commande pas. Depuis ce match, je me rends compte et suis surtout flatté que les gens prennent conscience de ce que je peux apporter à l’équipe. Cette année, collectivement, nous sommes forts et, individuellement, nous devenons meilleurs. Quand je joue bien, c’est réellement grâce à l’équipe »..

Depireux et Wawa considèrent que l’ambiance dans le groupe est excellente. « Le groupe est très soudé. C’est une vraiment une bande de potes. Ils planifient régulièrement des petites fêtes », déclare Depireux.

L’accumulation des points a amélioré l’ambiance et Wawa ajoute aussi que les problèmes financiers du club n’atteignent pas les joueurs. « Nous sommes payés régulièrement. Il y a de temps en temps des petits retards mais on ne doit jamais attendre très longtemps avant que cela se règle ».

Boffin, l’exemple

Isidore Wawa demeure quand même un peu déçu quand il pense à sa carrière. En début de saison, il a eu des contacts avancés avec le RWDM, qui le convoitait depuis deux saisons, et Eupen, la grosse surprise de ce championnat.

« Au point de vue humain, je suis très heureux à Liège », souligne-t-il. « Tout le monde est génial avec moi. Mais je pense que j’y suis peut-être resté trop longtemps. J’ai toujours espéré jouer plus haut. J’ai comme l’impression que je suis bloqué et que la D1 ne veut pas de moi. J’ai toujours cru en mes qualités et, pourtant, j’ai eu des contacts avec de nombreux clubs qui n’ont jamais abouti. Je suis en fin de contrat à Liège et j’espère encore jouer quelques années. Pourquoi pas en D1? Quand je vois un joueur tel que Danny Boffin qui, à son âge, est encore un des tout meilleurs, je me permets de rêver. Si un club de l’élite me propose un contrat d’un an, je signerais les yeux fermés. En plus, je pense avoir acquis une certaine expérience qui, à mon avis, me servira à conseiller certains jeunes. Actuellement, je relativise. C’est la vie d’un footballeur. Je n’ai peut-être pas eu assez de chance. Mais tous ces problèmes sont assez superficiels. Quand je rentre à la maison et que je vois ma femme et nos deux petites filles, j’oublie tout. Je suis alors l’homme le plus heureux du monde ».

Tim Baete

« La D1 ne veut pas de moi » Peut-être…

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire