Back attaque

Exploration des possibilités et limites de l’étonnant transfert anderlechtois, international suédois venu de Suisse.

Liverpool, le Werder Brême, Fulham, Hambourg, Mönchengladbach… L’hiver dernier, les prétendants se sont bousculés quand Behrang Safari (26 ans), en fin de contrat au FC Bâle, a annoncé qu’il ne s’y attarderait pas. L’international suédois avait l’embarras du choix mais le voilà à Anderlecht et non dans les stades combles de Bundesliga et de Premier League.

Safari a paraphé un contrat de trois saisons au Sporting, qui vaudrait à l’arrière gauche offensif 800.000 euros par an d’après la presse scandinave. Une somme moindre que les montants auxquels Safari pensait initialement puisqu’il y a quelques mois, Mönchengladbach lui avait fait miroiter un salaire annuel de 1,4 million.

Bâle impute ce carrousel à la gourmandise de l’agent Martin Dahlin, une ancienne vedette de l’équipe nationale suédoise, qui dirige le bureau MD Management, auquel est lié Safari.  » Dahlin n’était pas réaliste « , commente Josef Zindel, le porte-parole du champion de Suisse.  » Il y a quelques mois, Behrang nous a dit qu’il envisageait de partir, s’estimant prêt à relever un nouveau défi. Souhaitant le conserver, nous lui avons soumis une nouvelle offre mais il a hésité à cause de l’intérêt d’autres clubs puis s’est blessé, a disparu de la vitrine et s’est rendu compte qu’il avait moins d’offres concrètes qu’il ne le pensait.  »

Pas un as en défense

Il a parié et perdu. De fait, pour la première fois, le champion suisse était directement qualifié pour les poules de la Ligue des Champions et Safari rate cette occasion, puisqu’Anderlecht doit disputer le tour préliminaire de l’Europa League.

Florian Raz suit le FC Bâle pour le populaire journal helvétique Basler Zeitung :  » Il est rapide, a une bonne technique, sa passe est tranchante, il confère de la profondeur au flanc et s’est épanoui au sein d’une formation offensive comme Bâle. Il place ses adversaires directs sous pression. Par contre, à son arrivée à Bâle, il était tout sauf brillant en défense. Il a évolué mais durant sa première saison, il avait un jeu de position très moyen. Lorsqu’il joue à un niveau supérieur, ce défaut revient et il a coûté des points à Bâle durant sa dernière campagne en Ligue des Champions. Je me souviens d’au moins trois buts induits par son mauvais placement sur des phases arrêtées. Son pied droit constitue son gros point faible. Il ne l’utilise jamais. Il est donc assez facile de le contrer et bien qu’il soit un arrière gauche au tempérament offensif, cette carence l’empêche de présenter des statistiques réellement impressionnantes.  »

Cette saison, en 40 joutes, il a délivré un assist et n’a pas marqué un seul but. Insuffisant pour un joueur réputé être un back offensif.

Le meilleur est à venir

Détenteur de la double nationalité irano-suédoise, Behrang Safari s’est produit à 21 reprises pour l’équipe nationale de Suède. Ses parents sont originaires de Téhéran et ils ont cherché leur bonheur en Scandinavie en 1987, alors que Behrang avait deux ans. Ils ont vécu deux ans dans un petit village proche de Lund, une ville universitaire de 100.000 âmes, à l’extrême sud de la Suède avant de rejoindre un quartier multiculturel de Lund, avec Behrang, son frère aîné et sa s£ur cadette. C’est dans ce quartier que le joueur a fait la connaissance de sa fiancée, une Suédoise moitié brésilienne, moitié chilienne.

Jusqu’à 16 ans, Behrang a joué à Lund SK, en D4. Fredrik Hansson, un de ses meilleurs amis, évoluait alors en équipe-fanion.  » Behrang n’avait que 15 ans à ses débuts en équipe A mais était très mûr pour son âge. Bien que je sois son aîné de cinq ans, le courant est immédiatement passé entre nous « , explique Hansson.  » Il s’est immédiatement distingué par sa vitesse, au milieu gauche. Ce n’est qu’à Malmö qu’il s’est reconverti à l’arrière gauche. Si je dois décrire Birre, je dirai qu’il est très comique. Ses coéquipiers de Bâle m’ont raconté qu’il était le plus marrant qu’ils aient jamais connu. Il raffole des farces mais toujours à l’écart des caméras car il se méfie des journalistes. Il préfère l’anonymat.  »

Safari n’est pas toujours comique en privé :  » Il est calme mais déteste perdre.  » Cliché ? Selon Hansson, ce tempérament explique qu’il ait jeté son dévolu sur Anderlecht.  » Il m’a récemment raconté qu’il pouvait signer en Espagne ou en Angleterre mais pour des clubs luttant contre la rétrogradation. Il a donc préféré un championnat moins relevé mais un club qui joue pour remporter des trophées. En Suède, les gens s’étonnent de son transfert à Anderlecht. De nombreuses personnes, dont moi, pensaient qu’en quittant Bâle, il allait franchir une étape supplémentaire dans sa carrière, rejoindre un meilleur championnat. Il en est certainement capable car on n’a pas encore vu le meilleur Safari. « 

PAR MATTHIAS STOCKMANS – PHOTO: REPORTERS

 » Rapide et technicien, il place ses adversaires directs sous pression. « 

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