Après avoir éclaté avec les Francs Borains, l’avant franco-algérien veut faire aussi bien à Mons.

Mohamed Dahmane (23 ans) est sans conteste une des nouvelles perles des divisions inférieures. L’attaquant français a inscrit 18 buts pour le compte des Francs Borains et ce, en une demi-saison. Jean-Paul Colonval, directeur technique de Mons, a d’ailleurs déclaré à son égard qu’il a reçu ce don dans son berceau ! Ce talent a fait l’objet de nombreuses convoitises durant le mercato, mais c’est finalement Mons qui a décroché la palme. Mais Dahmane devra encore patienter avant de pouvoir fouler la pelouse sous ses nouvelles couleurs. Pour raisons de qualification, il fera encore l’impasse sur le match du week-end. On imagine aisément qu’il doit un peu perdre patience…

Mohamed Dahmane : Les négociations ont duré cinq semaines parce que mon ancien président, Jean Zarzecki, ne souhaitait absolument pas me laisser partir. Finalement, j’ai signé à Mons fin janvier pour un an et demi. Les Francs Borains ont constitué une bonne expérience au niveau sportif, mais sur le plan humain, tout n’était pas rose. L’encadrement, que ce soit l’entraîneur, les joueurs ou encore les supporters, était exceptionnel. Mais Zarzecki m’a posé des problèmes. Il ne m’a fait que des reproches alors que j’ai quand même inscrit 18 buts. Il me disait à chaque fois de rester les pieds sur terre et prétextait que c’était grâce à lui que j’étais devenu aussi performant. C’est le genre de président à faire l’équipe et à donner des consignes à l’entraîneur.

Quand les Montois ont-ils manifesté leur intérêt à votre égard ?

Ils sont arrivés les derniers car ils pensaient que je franchirais directement le cap pour une formation de l’élite. Ils se sont montrés plus insistants dès que j’ai fait comprendre que je souhaitais encore un peu patienter. Zarzecki a fait traîner les choses. Il a d’abord eu les yeux plus gros que le ventre en requérant 200.000 euros. Il a ensuite revu ses prétentions à la baisse. Les négociations ont été menées par mon avocat, Laurent Denis. Mon ancien employeur s’en tire bien en fin de compte. Dans trois mois, j’aurais été libre.

Ces cinq semaines n’ont pas dû être de tout repos pour vous.

C’était stressant… J’avais peur que mon transfert ne se finalise pas. Pendant ce temps, Charleroi est revenu à la charge. Le Sporting s’était déjà manifesté auparavant, tout comme Roulers. Mais c’était Zarzecki qui avait déjà pris un accord avec la formation flamande. Il avait presque tout conclu, sans m’avertir. Mons constituait pour moi le suivi idéal. Avant d’évoluer en D1, je voulais d’abord passer par la D2. Santander et un autre club espagnol de D2 ont également lorgné mes services. Mais je n’avais pas de meilleures opportunités que Mons : Charleroi et Roulers ont tout ce qu’il leur faut dans le secteur offensif et je ne voulais pas brûler les étapes.

Mais vous n’êtes qualifiable que depuis hier. Embêtant ?

Oui ! J’avais donné mon accord à Mons le 30 décembre. Le comité exécutif de l’Union Belge devait prendre une décision car les négociations n’aboutissaient pas mais n’a pas fait le moindre geste. C’est dommage. J’ai donc évolué avec les Réserves des Dragons et, en principe, je débuterai ma première rencontre de D2 face à Waasland.

 » Maintenant, je jouerai  »

Quelles réactions avez-vous eues chez les Francs Borains ?

Elles sont mitigées. Certains sont contents pour moi et comprennent que je souhaite franchir un pallier. D’autres ont réagi de manière égoïste et auraient préféré que je reste au prix d’un sacrifice financier et sportif. Il aurait suffit d’une blessure pour contrecarrer l’évolution de ma carrière. J’étais encore amateur. Zarzecki me promettait souvent un contrat professionnel, mais je n’ai jamais rien vu venir. Il daignait juste augmenter mes primes de matches. Je voulais donc sécuriser ma situation.

Comment avez-vous réagi suite à l’annonce de votre passage à Mons ?

C’était il y a une semaine à l’entraînement. J’avais la rage ! J’étais très heureux. Un véritable soulagement… Maintenant, je dois prouver mes qualités sur le terrain. Toutes ces péripéties ont créé beaucoup de bruit autour de moi. Je n’ai plus ce sentiment de frustration lorsque je vois les autres se préparer pour la prochaine rencontre, car je sais que bientôt, ce sera mon tour. Je veux tout faire pour que Mons rejoigne la D1. Je me sens vraiment bien ici. Jean-Marc Varnier, l’ancien coach français des Francs Borains avec lequel j’étais arrivé, m’avait averti du fait que tout va vite dans le foot belge. Si l’on marque beaucoup de buts, des grands clubs commencent à s’intéresser à vous. Fin octobre, j’avais déjà des contacts avec des clubs de D1 : Saint-Trond et Mouscron. Ensuite, en plus de Mons, Courtrai m’a courtisé.

Comprenez-vous l’engouement que vous avez suscité ?

Honnêtement, oui. Je ne pensais pas inscrire autant de buts. L’an passé, François Sterchele avait marqué 18 fois, mais sur toute une saison. Personnellement, en plus de mes 18 réalisations, j’ai délivré sept ou huit assists et obtenu cinq penalties, que je n’ai pas tirés. J’ai eu énormément de réussite. J’ai transformé presque 90 % de mes occasions. J’aurais même pu faire mieux si j’avais réussi un de mes quatre face à face avec le gardien à Verviers (1-3).

Comment ont été vos premiers contacts avec José Riga ?

Excellents ! Avant que je signe, il n’a jamais lâché le morceau. Il me voulait vraiment. Un manager, Eric Depireux, m’a annoncé l’intérêt qu’il portait à mon égard et m’a dit que je serais vraisemblablement titulaire à Mons. Cela m’a été confirmé par Riga qui m’a déclaré qu’il ne possédait pas de joueur avec une telle capacité technique dans son noyau. Il attend énormément de moi. Je peux évoluer également sur le flanc gauche, mon poste d’origine. Ce n’est qu’aux Francs Borains que l’on a commencé à m’aligner en pointe. Il y a un bon esprit de groupe à Mons, une concurrence saine. Je rivaliserai avec Jeremie Njock et Emmanuel Coquelet.

 » Quel accueil en Belgique !  »

Vous êtes arrivés en Belgique en juillet dernier. Comment résumeriez-vous cette nouvelle expérience ?

Au niveau foot, je note un net décalage par rapport à la France. Mais il y a ici beaucoup plus de chaleur et de reconnaissance pour les jeunes. J’ai vraiment l’impression que celui qui s’expatrie en Belgique réussit plus vite. Il y a également beaucoup plus d’engouement ici pour les divisions inférieures. Ce qui m’a frappé aussi c’est qu’ici, on me qualifie à tout bout de champs de Français. Je n’y étais pas habitué car en France, on ne voit que mes origines algériennes… J’ai réellement l’impression qu’en Belgique, l’intégration des populations immigrées s’est mieux réalisée. Les gens ne font pas la différence et ne sont que très rarement hostiles, sauf peut-être de temps en temps chez les Flamands. On remarque donc un formidable mélange ethnique. Et sur le terrain, tu n’es jamais jugé en fonction de ta couleur de peau ou de ta culture. En Belgique, les gens vivent, sortent, discutent, etc. A Maubeuge, d’où je viens, les habitants n’osent pas sortir de chez eux après 23 heures. Ils vivent continuellement dans la peur. Et les politiciens alimentent tout le temps ce sentiment. Moi, je me suis battu pour sortir de ma situation. En tant que jeune issu de l’immigration, toutes les portes ne m’ont pas toujours été ouvertes. Notamment, pour la recherche d’un emploi ou d’un appartement. Pourtant, j’ai quand même un bac +2 avec une spécialisation en espagnol. Bref, la France et la Belgique n’ont rien à voir…

Et l’avenir ?

Je veux monter avec Mons en D1. Je n’ai pas d’autres objectifs, si ce n’est de retrouver l’équipe nationale d’Algérie. J’y ai déjà évolué avec les jeunes. Pour l’instant, je n’ai plus de contacts. J’espère que ceux-ci seront très rapidement rétablis.

TIM BAETE

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